A Manses-Portes. Tumuli, fours, moulins, etc. Sur les traces du passé

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Ci-dessus : vue du site de Manses-Portes sur la carte de Cassini. Cliquez sur les images pour les agrandir.

Dès les origines, les hommes se sont évertués à créer leur environnement et à poser les premières pierres de ce que sont devenus nos villages, sans laisser toutefois beaucoup de traces. Les plus anciennes des traces que l’on retrouve dans notre contrée sont certainement les tumuli, le Casteloup dans la coupe 8 de la forêt de Bélène sur la commune de Lapenne, et le Castelcrabe ((Castelrave sur la carte de Cassini.)) sur la commune de Manses, ce qui présuppose qu’existait déjà en ces temps très anciens une population assez dense pour élever de tels monticules de terre.

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Ci-dessus : vue du site de Berbiac sur la carte de l’état-major (1820-1866).

On a retrouvé des traces de fours à chaux, indispensables pour bâtir en dur. Deux de ces fours, les plus anciens, ont été découverts à Berbiac, lors des fouilles du premier casier de la décharge. Il s’agit de fours très rudimentaires : un simple trou d’un mètre vingt, creusé à même le sol, que l’on garnissait en alternant bois et pierres.

L’un de ces fours n’avait pas été vidé entièrement, et l’on pouvait voir, au moment de sa découverte, qu’un grand nombre de pierres n’avaient pas été réduites par le feu, car il s’agissait de galets et de poudingue, matériaux impropres à produire de la chaux, détail qui indique que les chaufourniers de l’époque n’étaient pas très exigeants pour approvisionner le four.

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Ci-dessus : vue du site de Bordeneuve sur la carte topographique IGN.

Deux autres fours à chaux, plus récents au vu des restes de bâti, demeurent visibles aujourd’hui encore, l’un à proximité de Bordeneuve, l’autre en limite des commune de Manses et de Teilhet, entre Embarou (Manses) et Encoumes (Teilhet). On ne sait pas où se trouvaient les carrières de calcaire qui servaient à leur approvisionnement.

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Il existait également un four à chaux dans la vallée du Pesquié, à La Gardelle, à proximité du chalet actuel. Il doit probablement en rester quelques vestiges. Daté du 11 juillet 1834, un acte de location de la forge désignant les limites de la partie de forêt que le locataire devait exploiter, fait état du four en question : « … jusqu’au ruisseau qui descend au pré du Pesquié et en suivant toujours la gauche du dit ruisseau jusqu’au four à chaux où se termine la dite forêt et la partie affermée. »

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Ci-dessus : vue du site dit « L’Espagnole ».

Il faut également parler des moulins. Sur la commune de Manses il y a eu deux moulins à vent. Le plus ancien, déjà en ruine en 1750, se trouvait, situé en crête au-dessus du lieu-dit L’Espagnol, en perpendiculaire par rapport au pont du Cazal. Un tas de pierres informe, couvert de végétation, constitue tout ce qu’il en reste.

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L’autre moulin, beaucoup plus récent, était bâti à moellons et à chaux. On peut voir aujourd’hui encore, entre Vergnes et Guillounet, ce qui subsiste de la tour. Ce moulin appartenait jadis au seigneur. En 1752, il se trouve ainsi répertorié : « terre des héritiers Durand Maris, masure d’un moulin à vent. »

Un autre moulin à vent, dont il reste quelques traces, s’élevait au-dessus du village de Teilhet, en bordure du chemin qui reliait autrefois Teilhet à Manses en passant par Tabariane.

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Outre ces moulins à vent, la commune de Manses comptait jadis deux moulins à eau, dont l’un, bien restauré, se trouve encore en bon état de marche chez Raymond Sennesse, aux Bessous, où il contribue avec bonheur, chaque année, à la fête des moulins. Sa construction date de… ? Monsieur Senesse, seul, le sait.

L’autre moulin à eau, plus ancien, avait été construit en 1672 par Isabeau de Saint Chamond, comtesse de Bioule, seule héritière de la baronnie de Lapenne après le décès sans descendance de Louis de Cardaillac, son mari, et de François de Cardaillac, son beau-frère, fils tous deux de Marguerite de Levis-Caylus. Il s’agissait du moulin du seigneur. Seuls subsistent aujourd’hui les soubassements de l’édifice.

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Situé à proximité de la Mondonne (qui n’existait pas à l’époque), ce moulin était alimenté par un canal de dérivation qui prenait l’eau de l’Hers sur La commune de Besset et qui la lui rendait sur la commune de Teilhet après avoir parcouru plus de quatre kilomètres. En 1836, une scierie mécanique sera installée à proximité du moulin, sur le canal de fuite.

Ce moulin a cessé de tourner en février 1917, date à laquelle une crue très importante de l’Hers a court-circuité la chaussée de Besset et détruit une partie du canal au départ de cette chaussée.

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Ce moulin remplaçait là un moulin encore plus ancien, construit en dérivation du ruisseau de Manses, mais qui se révélait inopérant chaque année au cours de l’été. Pour remédier à cette défaillance, en ce temps-là, on avait créé dans la vallée de la Gardelle un étang de trois hectares destiné à soutenir partiellement l’étiage du ruisseau en période de faible débit.

Pour ce faire, une forte digue (dont ont peut voir encore quelques vestiges) avait été construite en travers de la vallée afin de retenir les eaux s’écoulant en amont du ruisseau du Pesquié. Malencontreusement cette digue un jour n’a pas résisté à une trop forte montée des eaux. Provoquant un débordement, celle-ci lui a été fatale.

C’est probablement à la suite de cet incident qu’on a pris la décision de capter les eaux de l’Hers et qu’on a édifié le nouveau moulin, susceptible de procurer au seigneur un revenu constant.

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Ci-dessus : vue du site de l’ancienne tuilerie du Val.

Il y a eu également dans notre contrée la tuilerie du Val, construite au sud-ouest de Villerousse, prés d’une source (indispensable pour malaxer l’argile) donnant naissance au petit ruisseau qui sert de limite entre les communes de Saint-Félix de Tournegat et de Lapenne. Située sur la commune de Lapenne, pas très loin de l’ancienne métairie de La Velanette, cette tuilerie a cessé son activité en 1914. Quelques vestiges témoignent encore de son emplacement.

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Il y a eu aussi les verriers, notamment la famille de Robert, qui, au début des années 1500, est venue s’installer en forêt de Bélène ((Cf. Emile Kapfer. A propos de la forêt de Bélène.)) et où, pendant près d’un siècle, elle a fondu le verre. Le bâti inférieur de l’un de ses fours a été découvert récemment sur la parcelle boisée de Mestre Bertrand, en bordure du chemin qui relie Peyretraucade à Chambaran.

Il y a eu encore les forgeurs de Manses, qui, à partir de 1754, ont tiré de la forêt de Bélène le bois nécessaire (en charbon de bois) à la réduction du minerai dans le fourneau de l’usine. Celle-ci a cessé son activité vers 1860 et cédé la place à un foulon. A la même époque, une scierie, détruite par un incendie, a été reconstruite sur le canal du moulin à La Mondonne. De tout cela, il ne reste que quelques maigres vestiges.

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Ci-dessus : vue de l’église Saint Jean Baptiste de Manses.

Il convient aussi de parler de ces moines bénédictins qui, au début des années 1000 (nous n’avons pas de date précise), ont bâti le prieuré Saint Jean de Manses dont il ne reste que la belle église romane. La carrière d’où a été extraite la pierre blonde qui appareille l’édifice, n’a pas été retrouvée.

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Sans oublier ces paysans, qui ont transformé le paysage, et dont les petites fermes, hélas délaissées au cours de la guerre de 1914, sont tombées en ruines, encore visibles. Ainsi, La Mérigue, dont la maison était traversée par la limite des communes de Manses et Teilhet ; La Velanette (disparue déjà sur la carte de l’état-major datée de 1820 à 1866), sur la commune de Lapenne ; Empujals à Teilhet ; et dans les années 1940, Fontorbe, à Manses.

On doit à tous ces Anciens d’avoir grandement contribué à la prospérité de nos villages. En 1830, date à laquelle la forge était à son apogée, on dénombrait à Manses 605 habitants. Ils étaient encore 345 en 1905. Parmi eux, quatre charpentiers, trois cordonniers, deux forgerons, un épicier, un meunier, un menuisier, un charron, un sabotier, deux couturières. Et encore un marchand de grain, un cafetier, un roulier marchand de bois, un instituteur, une institutrice et un curé. Il y avait également quinze cultivateurs.

La petite histoire a retenu les noms de certains d’entre eux : bois de chauffage, Mazas père et fils ; cafetier, Henri Laguerre ; maçon charpentier, Flour Marvielle, Baptiste Taillefer, Henri Laguerre, Victor Giret ; charron, Victor Bousquet ; cordonniers, Joseph Marvielle, Jean Carles, Dominique Cassé ; couturières, Mmes Carles et Cassé ; épicier, Henri Laguerre ; forgerons, Baptiste Arcizet, Hippolyte Valette ; grains et farines, Basile Bousquet ; menuisier, Ernest Comies ; meunier, Augustin Jany ; roulier, Flavien Mazas ; sabotier, Justin Jalabert.

Les temps ont changé. Aujourd’hui, à Manses, on ne dénombre plus que 121 habitants (janvier 2012), un artisan tourneur sur bois, et 2 agriculteurs.

18 janvier 2013.