A Mirepoix – Empreintes – Roger Contreras expose à la galerie de la Porte d’Amont

 

Ce qu’on voit ici, fondu dans la résine colorée, c’est l’empreinte d’un engin de chantier, relevée sur la terre rouge de l’ancienne mine de bauxite dans laquelle le père de Roger Contreras travaillait. Roger Contreras dédie à cette terre et à ce travail un hommage patient, obstiné, via l’exploration des jeux de formes que les empreintes fournissent et que la terre alimente, de façon énigmatique, en vertu de sa résistance même.

Méridional, fier de l’être, né dans l’Hérault, Roger Contreras vit et travaille aujourd’hui à Nîmes, dans le Gard. Longtemps conducteur de train, il cultive la mémoire visuelle du rail, de la ligne, du chemin, qui, de fer ou d’autre matière, fait de l’homme et de son trajet, conformément au mot de Protagoras 1Cf. Platon, Théétète, 151e-152c ; Diogène Laerce, Vies et doctrines des hommes illustres de l’antiquité, IX, 216., « la mesure de toutes choses » dans l’immensité chatoyante du globe terraqué. L’oeuvre de l’artiste, ainsi initiée, rend compte de cette « mesure », qui est au titre des catégories de l’entendement, l’empreinte princeps. Elle témoigne ainsi de l’abîme de proximité que l’oeuvre de la terre et l’oeuvre des mortels, en grec φύσιϛ et τέϗνη, entretiennent sous le rapport du vivant.

 

 

 

 

 

Parfois l’artiste ajoute à la géométrie (géomancie ?) de l’empreinte terrestre la libre calligraphie d’un geste sien, sorte d’empreinte du corps chamanique, ou de paraphe écrit dans l’air.

 

D’autres fois, s’engageant sur la voie de l’archaïque contemporain 2Cf. L’archaïque contemporainFigures de l’art n°19, Revue d’études esthétiques, Presses Universitaires de Pau et des Pays de l’Adour, 2011., l’artiste fait de l’empreinte terrestre l’objet d’une célébration sobrement totémique.

 

Ci-dessus, au-dessous d’une oeuvre de Roger Contreras, Monique Le Minez-Abellanet, directrice de la galerie de la Porte d’Amont.

D’autres fois encore, les totems s’aplatissent et redeviennent, sous forme de bandes, ornées d’un pattern sibyllin, des rythmes décoratifs.

L’oeuvre de Roger Contreras se déploie toute entière dans le cadre de cette tension stylistique, i. e. du souvenir personnel à la métaphore obsédante, et de la métaphore obsédante à l’abstraction décorative. Et ensuite ? O que ma quille éclate ! dit le poète. O que j’aille à la mer !

A suivre. L’exposition dure jusqu’au 28 septembre 2013.
Galerie de la Porte d’Amont, cours Louis Pons-Tande, 09500 Mirepoix
Jeudi, vendredi, samedi de 14h à 18h et lundi de 11h à 13h.

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