Toujours dans le Off, à l’Allée des Soupirs, j’ai vu ce matin Sur le Fil, un ravissant spectacle de 5 minutes, présenté par la compagnie L’arbassonge. Le « r » qu’on a dans l’oreille quand on lit sur l’affiche « L’arbassonge », ce « r »-là s’est envolé, comme fait la bulle de savon, envolé justement au pays des songes. Les deux artistes le disent bien d’ailleurs, avant que le rideau du petit théâtre s’ouvre : ils soufflent des bulles pour alimenter leur machine à songes. Autrement dit, ils carburent au songe.
Au pays des songes, les deux artistes mettent en scène un petit théâtre d’objets. Les deux artistes sont eux-mêmes, en king size, avec pour l’un le haut-de-forme de M. Loyal, pour l’autre, la jupette blanche de l’éphémère fildefériste, la réplique de leurs deux minuscules personnages. M. Loyal tire d’un petit porte-monnaie de rien du tout, un à un, les accessoires et le personnage du numéro qu’il présente. La bulle se savon a son importance ici. Elle assure au numéro, par effet de coup de théâtre, sa conclusion en forme d’apothéose, non sans une seconde de mélancolie. Le spectacle, si petit de jauge – 8 personnes environ -, si petit de scène, est très dense, très beau. Cinq minutes de poésie tout pure. Il se joue de quart d’heure en quart d’heure, à l’arrière d’une petite caravane. Fil de fer, par la compagnie L’arbassonge, Allée des Soupirs.
Ci-dessus : accessoires et personnages du spectacle Fil de fer, et les Mains qui manipulent !