Légendes urbaines – Hôtel Miran

 

 

Il ne reste presque plus rien de ces deux enseignes Miran. Je les ai photographiées avant qu’elles ne s’effacent, et avec elles le dernier souvenir de l’histoire nombreuse qui fut à Mirepoix celle de la famille Miran.

Cette histoire, pour la partie que j’en connais, commence le 8 janvier 1788 avec le mariage de Pons Miran et de Marie Anne Clauzel. Pons Miran, chapelier, fils de Jean Miran, ménager de Voisins, et de Marie Arsan, épouse en la personne de Marie Clauzel la fille de Pierre Clauzel 1A noter que le dit Pierre Clauzel, fils de Jean Clauzel et d’Antoinette Taillefer, est le cousin germain de Gabriel Clauzel. Moins distingué ou moins appris que Gabriel Clauzel, Pierre Clauzel aura plus d’une fois maille à partir avec la justice, et Joseph, l’un de ses fils, aussi. Condamné aux fers pour une raison qu’on ignore, celui-ci mourra au bagne de Rochefort en 1823., maître vitrier de Mirepoix, et d’Antoinette Fouet.

Pons Miran et Marie Anne Clauzel ont bientôt un fils, Jacques Joseph Miran, baptisé le 25 juillet 1790. Entré au conseil municipal, Pons Miran s’y trouve en l’an II (1793-1794) chargé d’accorder ou de refuser les certificats de résidence nécessaires aux déplacements des citoyens, ainsi que les certificats de civisme. Le 3 floréal an X, le registre du conseil municipal mentionne une plainte déposée par Pierre Clauzel à l’encontre de Pons Miran, son beau-fils, car suite à l’échange de leurs deux maisons respectives, « Pons Miran serait venu le joindre au-devant de la maison qu’il [Pierre Clauzel] habite et qu’il tient de l’échange susdit ; il [Pons Miran] se serait tourné d’un ton menaçant accompagné du geste de la main, et il lui aurait dit f…. pillard, ce quil a répété plusieurs fois en presence de plusieurs personnes… »

Le 5 vendémiaire 5 an 14, Joseph Miran, chapelier de Pezens, frère puîné de Pons Miran, chapelier, épouse Jeanne Marie Clauzel, soeur puînée de Marie Anne Clauzel. Nonobstant les bisbilles inter-familales, les deux frères Miran se trouvent ainsi mariés à deux soeurs Clauzel.

Joseph Miran, époux de Jeanne Marie Clauzel, mourra à l’âge de 44 ans, le 3 juillet 1822, à l’hospice de Mirepoix. Pons Miran, veuf de Marie Anne Clauzel, mourra le 22 novembre 1855 dans sa maison d’habitation, sise au Grand Couvert de la place.

Après trois générations de chapeliers, dignes héritiers de la tradition chapelière audoise, les Miran donnent à Mirepoix au XIXe siècle :

  • Joseph François Miran négociant et Jean François Miran, marchand de laine, descendants de Pons Miran et Marie Anne Clauzel
  • Jean Joseph Miran, revendeur, Joseph Simon Miran, tailleur de pierre, maçon, et Simon Jacques Miran, surnommé Joseph, marchand de volaille ou coquetier, Pascal Miran, menuisier, plus tard reconnu indigent, Alexandre Miran, brassier ; tous descendants de Joseph Miran et de Jeanne Marie Clauzel

La descendance de Pons Miran et de Marie Anne Clauzel disparaît de Mirepoix, car il s’agit de filles qui se marient généralement dans l’Aude. Après que Françoise Miran a épousé Jean Baptiste Genest Maurel, négociant, les autres jeunes femmes s’unissent plutôt à de petits employés – photographe, agent des chemins de fer, etc.

La descendance de Pons Mira et de Marie Anne Clauzel connaît des fortunes plus diverses. Les générations qui se détachent sont celles de Joseph Simon Miran, tailleur de pierre, et de Simon Jacques Miran, surnommé Simon, marchand de volaille ou coquetier. Les descendants de Joseph Simon Miran, tailleur de pierre, connaissent toutefois par la suite l’infortune.

C’est l’enseigne de Simon Jacques Miran, dit Simon, coquetier, marchand de produits laitiers, fromager, que l’on voit encore cours Chabaud, sur la façade de la maison qui jouxte la poste. Simon Jacques Miran troque un jour sa profession de coquetier contre celle de maître d’hôtel. Il se peut qu’il ait eu ensuite son hôtel. C’est donc son enseigne, ou celle que sa fille, Anne Joséphine Miran, a entrepris de relever, après son mariage avec Romain Charles Fabre, en 1894, que l’on voit aussi cours Chabaud, en face de la précédente, à côté d’une grande brocante.

Initialement sans profession, épouse d’un homme dit sans profession lui aussi, quoique assistant de Paul Fabre, son père, photographe avec qui il voyage pour les besoins de ses travaux, Anne Joséphine Miran est probablement la dernière des Miran dont les deux enseignes Miran donnent encore à imaginer un peu la silhouette, aujourd’hui, sous les platanes du cours Chabaud.

NB : Merci à Martine Rouche, qui a collationné aux archives de Mirepoix tous les actes relatifs à la famille Miran.

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