A Toulouse – Martine Camillieri – Banalités

 

 

 

 

 

Banalités / Lieux de prière, d’offrande et de réflexion / Exposition du 2 novembre au 31 décembre 2011 / Fondation espace écureuil pour l’art contemporain / 3 place du capitole – 31000 Toulouse

Banalités / Lieux de prière, d’offrande et de réflexion… Notez l’oxymore 1Oxymore : figure de style caractérisée par l’alliance de deux mots ou de deux idées supposément contradictoires. J’ai poussé hier la porte de cette expo. L’oxymore m’a sauté aux yeux. Il signe à la fois le puissant baroquisme de l’oeuvre et le caractère tranquillement paradoxal de la pensée qui nourrit le travail de l’artiste. Etonnée, ravie de ce que je voyais, j’ai pu constater que les autres visiteurs de l’expo l’étaient tout autant que moi. Les commentaires des enfants fusaient, et ils ne manquaient pas d’intérêt !

Il y a dans le geste esthétique de Martine Camillieri quelque chose de l’ancienne façon maniériste, illustrée par le grand Archimboldo. Des têtes composées de Giuseppe Arcimboldo aux scènes composées de Martine Camillieri l’échelle change, mais la façon demeure. Elle consiste à composer par accumulation de matériaux, empruntés à la nature chez Arcimboldo, à la civilisation des objets chez Martine Camillieri, des figures qui constituent en trompe-l’oeil autant d’allégories du monde dont elles sont issues, allégories des saisons chez Arcimboldo, allégories du quotidien contemporain, soumis à « la prolifération de l’objet », chez Martine Camillieri.

L’accumulation de la pacotille moderne, telle que la pratique Martine Camillieri, produit un effet réjouissant. Assignant à cette pacotille le seul statut de matériau de l’invention plastique, elle fait paraître la beauté, la poésie des formes et de la couleur, là où on ne l’attendait pas.

Martine Camillieri dit de ces accumulations qu’elles sont des « autels oniriques ironiques », ou encore des « lieux de prière, d’offrande et de réflexion ». Discrètement inspirée par le souvenir des pagodes, qu’elles a connues au Vietnam durant son enfance, l’artiste célèbre aujourd’hui le possible d’une approche à la fois modeste et joyeuse de la vie, dans laquelle, revisités sur le mode du « replay », les objets cesseraient d’être des envahisseurs, pour devenir les partenaires et amis de nos songes, par là les figures d’un supplément d’âme.

Martine Camillieri, non sans ironie, se qualifie elle-même « d’écologiste repentie ». Elle rejoint par ailleurs, dans la mesure où elle réhabilite les objets d’un quotidien plutôt féminin, les travaux d’autres femmes artistes qui, telles Louise Bourgeois et Annette Messager, ont montré que le monde de l’art comprend le féminin autant que le masculin.

Pour en savoir plus sur Martine Camillieri :
Martine Camillieri
Poétique de l’ordinaire
Martine Camillieri, fée écolo

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