Damoiselle Hippolyte de Lévis, propriétaire de deux pièces de terre à la Piche, en Arvigna

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« Demoiselle Ipolite de Lévis tient terre labourable et terme tous joignant à la Poche. Confronte d’auta Jean et Bertrand Brembat ; cers le ruisseau ; midy la rue ; aquilon Marcely Brenbat… »

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« Sus tient une terre labourable et pred, joignant là où il y a des masures. Confronte d’auta sieur Brenbat ; cers et mathieu Brenbat, et le ru qui traverse ladite pièce ; midy Jeammes Brenbat ; aquilon la rue… »
Archives départementales de l’Ariège. Arvigna. Arpentement du XVIIe siècle. Folio 215. Vue 270.

Sur le registre d’arpentement établi au XVIIe siècle en Arvigna, on remarque que Demoiselle Hippolyte de Lévis, seconde fille de Jean de Lomagne et de Louise de Bertrandy, a détenu de son vivant deux pièces de terre dans ce consulat. La date d’établissement du registre n’est pas précisée. On ne peut donc savoir si Hippolyte de Lévis a reçu les biens en question de Jean de Lévis Lomagne, son père, lors de son baptême, célébré le 25 mars 1624 à Mirepoix, ou si, ayant vécu au moins jusqu’au 26 mars 1681 – date à laquelle elle est à Limoux marraine de Bernard I de Béon Cazaux ((Cf. Enquête sur la descendance de Jean de Lomagne et de Louise de Bertrandy.)) -, elle a pu hériter ces pièces de sa mère, morte en 1658, ou encore les acquérir par ses moyens propres. Hippolyte de Lévis a détenu sans doute d’autres biens dans d’autres consulats de la contrée. Mais la propriété de ces deux pièces de terre en Arvigna témoigne du statut qui a été jusqu’à la Révolution celui d’Arvigna : compris depuis 1229 dans la terre du Maréchal, le village a toujours fait partie du fief de la maison de Lévis, d’abord dans le cadre de la seigneurie de Mirepoix, puis au XVIIIe siècle dans le cadre de la seigneurie de Gaudiès.

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On sait par ailleurs que le 1er novembre 1552 Jean VI de Lévis, oncle d’Hippolyte de Lévis, a fait don à Abel Audonnet, baile de Rieucros, de la métairie d’Entervine [aujourd’hui Enterraine], au lieu d’Arvigna, pour le récompenser de l’avoir suivi à la guerre dans le comté de Luxembourg » ((Insinué [enregistré] à la sénéchaussée de Carcassonne le 7 avril 1556. Cf. Félix Pasquier. Inventaire historique et généalogique des documents de la branche Lévis-Mirepoix. Tome III, p. 427.)). En 1789, elle appartenait à Guy Henri Joseph Thérèse de Lévis, dernier seigneur de Gaudiès. Le 29 germinal an III (18 avril 1795), elle sera vendue 150 800 livres, en tant que bien national. ((Cf. Pierre Duffaut, Gaudiès et son château – Ancienne chambre épiscopale de Toulouse, p. 200, Editions Milan, 1984.))

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Les deux pièces de terre qui ont appartenu en Arvigna à Hippolyte de Lévis ne se situent pas, quant à elles, du côté d’Enterraine, i.e. du côté du consulat des Issards, village situé à l’ouest-nord-ouest d’Arvigna, mais à la Piche ((Piche, du bas latin picarium : récipient pour les liquides ; d’où vase, cuvette.)), au bord du Bousquet, ruisseau qui, sous l’Ancien Régime, faisait division entre le consulat d’Arvigna et celui de Ségura, village situé, lui, à l’est-sud-est d’Arvigna.

Concernant ces deux pièces de terre, l’examen des confronts fournit des indications qui permettent de les mieux situer.

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« Plus tient une terre labourable à la Piche. Confronte d’auta Bertrand Brenbat et le ruisseau ; cers Mathieu Brenbat ; midy [Noble Charles de Salles] le Sieur la Fonvives ((Cf. Henri de Caux. Catalogue général des gentilshommes de la province de Languedoc. Diocèse de Mirepoix. 1676.)) ; aquilon Mathieu Brembat et damoiselle Ipolyte de Levy… »
Archives départementales de l’Ariège. Arvigna. Arpentement du XVIIe siècle. Vue 246.

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« Plus tient terre en vignes à la Piche. Confronte d’auta Mathieu Brenbat ; cers demoiselle Ipolite de Levy ; midy la rue [le chemin] ; aquilon Bertrand et Jean Brenbat… »
Archives départementales de l’Ariège. Arvigna. Arpentement du XVIIe siècle. Vue 259.

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« Plus tient terre en garrosse à la Piche, alias en Bousqua. Confronte d’auta et aquilon Jean et Bernard Brembat ; cers, aussi midy damoiselle Ipolite de Levy… »
Archives départementales de l’Ariège. Arvigna. Arpentement du XVIIe siècle. Vue 268.

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« Jean et Bertrand Brenbat tiennent par indivis terre en herm à la Piche. Confrontent d’auta le Sieur La Fontvives ; cers Demoiselle Ipolitte de Levy ; midy eux-mesmes en leur particulier ; aquilon Mathely Brenbat… »
Archives départementales de l’Ariège. Arvigna. Arpentement du XVIIe siècle. Vue 289.

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La divine surprise de cette petite enquête sur les deux pièces de terre que Hippolyte de Lévis a possédées en Arvigna, c’est qu’elle fournit, quoique de façon indirecte, un début de preuve quant à la filiation grand-maternelle de la Demoiselle. L’arpenteur indique en effet, en marge du lot appartenant à Jean et Bertrand Brembat, que ce lot, qui confronte celui d’Hippolyte de Lévis, a précédemment appartenu à Louis de George, seigneur de Sibra. Jean et Brembat tiennent à la Piche anciens terre et herm de Louis de George ! Sachant que Guilhemette de George, mère d’Hippolyte de Lévis, ne saurait être rien d’autre qu’une fille de Louis de George, ou Saint-George, Damoiselle Hippolyte de Lévis aurait pu hériter ou aviser d’acheter à la Piche deux pièces de terre issues, elles aussi, de l’ancien capital foncier de la famille Saint-George.>/p>