A propos de Coussa. 1. Un village de la terre du Maréchal du XIVe au XVIIe siècle

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Ci-dessus : le village de Coussa, sur la carte de Cassini.

1. Le village de Coussa

Anciennement inclus dans le territoire des comtes de Carcassonne, puis attribué à Roger I de Foix, puis placé sous l’égide de l’abbaye appaméenne du Mas Saint Antonin, le village de Coussa se trouve compris à partir du XIIIe siècle dans les terres de la maison de Lévis Mirepoix. Peu distant de Malléon, de Ségura, de Saint-Félix de Rieutort, du château de Fiches, de Verniolle, des Pujols, des Issards et d’Arvigna, il s’élève de 312 à 481 mètres au-dessus de la vallée du Crieu.

François de Lévis (1289-1336), septième fils de Gui de Lévis III, seigneur de Mirepoix, et d’Isabelle de Montmorency, perd son père en 1299. Il hérite des lieux suivants : Montségur et son château, Lagarde et son château, La Bastide de Bousignac, Les Paissels, Mazerolles, Cazals-des-Bailes, Roumengoux en partie, Montferrier et son château, Villeneuve et sa tour, Massabrac, Ventenac et son château, Ségura, Malléou (aujourd’hui Malléon), Gudas, Coussa, Les Pujols et son château, Arvigna, Le Merviel, Les Issards, Tourtrol, Coutens, Besset.

Deux siècles plus tard, le fief de Coussa appartient de nouveau au seigneur de Mirepoix. Témoin, en 1483, un acte de réquisition adressé par le lieutenant du sénéchal de Carcassonne au sénéchal de Foix, pour faire punir certains habitants du Comté de Foix qui, avec d’autres, étaient venus à Coussa appartenant à Jean de Lévis IV, seigneur de Mirepoix, et qui avaient emmené tout le bétail ((Cf. Siméon Olive et Félix Pasquier. Inventaire des archives du château de Léran.Inventaire des branches latérales de la maison de Lévis. Tome IV, p. 695, addition à la page 188.)). Témoin aussi, en 1510, le dénombrement des biens de Jean de Lévis IV, acte dans lequel le village de Coussa se trouve mentionné au titre des droits féodaux ((Ibidem, p. 537.)).

Droits réclamés à Coussa en 1510

Services d’argent et quête : 100 l. t.
Parçons des blés : 100 charges.
Services du froment : 50 charges.
Services des avoines : 20 charges.
Services des gélines : 30 gélines.
Foriscapes : 25 l. t.
Parçons de vendanges : 30 charges.
Bailliage, prisons, ordinaire, etc. : 20 l. t.
Lausimes, ventes, etc. : 25 l. t.
Herbages : 25 l. t.
Oeufs et fromages : 12 l. t.
Services de la cire : 5 livres.
Epices : 3 livres.
Four commun : 18 l. t.
Plusieurs prés, donnant 70 charretées de foin : valeur : 400 l. t.
Terres à l’agrier : 20 charges blé. ((Félix Pasquier. Cartulaire de Mirepoix. Tome II, pp. 448-449.))

Après 1510, les seigneurs de Mirepoix conserveront jusqu’en 1789 la jouissance de leurs droits sur le village de Coussa. Dans le même temps, les Dominicains, dits Frères Prêcheurs, et les Franciscains, dits Cordeliers, succèderont aux Antonins à Coussa. Témoin, le compoix de 1754, qui crédite les Dominicains de divers biens fonciers dans le village. Témoin aussi, datée du 2 décembre 1745, une insinuation relative à « la cause de Marie Dutis, femme de Lafourcade, habitante de Coussa, contre le syndic des Cordeliers de Pamiers au sujet de l’annulation d’une saisie ». Une telle présence des ordres religieux explique sans doute que le premier registre paroissial de Coussa débute en 1630. Témoin encore, en 1778-1781, la nomination, par le provincial des Récollets ((Branche dite « observante » des Franciscains, dédiée à l’aumônerie et à la mission.)) d’un procureur-syndic de la Terre-Sainte dans les paroisses de Verniolle, de l’Herm, de Coussa, de Sainte-Quitterie à Tarascon, d’Auzat, et de Notre-Dame-du-Camp à Pamiers.

2. L’église de Coussa au XVIIe siècle

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Ci-dessus : reste de l’ancienne église de Coussa.

Le village de Coussa disposait au XVIIe siècle d’une église, mentionnée pour la première fois en 1551 dans les archives et, comme indiqué dans les registres paroissiaux en 1630, dédiée à Saint Antoine. Il ne reste aujourd’hui de cette ancienne église, située au-dessus du village, que quelques pans de mur seulement, compris dans la clôture de l’actuel cimetière. Une autre église s’élève au coeur du village, construite à la fin du XIXe siècle.

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Ci-dessus : vue de l’actuelle église de Coussa.

Jusqu’en 1660, l’ancienne église Saint Antoine a pour desservant l’abbé François Péres, ou Pérez, assisté à partir de 1647 par trois vicaires successifs, l’abbé Caves, l’abbé Subrac (à partir de 1648), et l’abbé Banas (à partir de 1656). En 166O, l’abbé Pons succède à l’abbé Pérez. Il meurt le 3 août 1680, sans laisser de registre. L’abbé Pagès, à cette date, lui succède…

Opéré en 1681 et 1682 sous le contrôle de l’abbé Pagès, puis en 1689 sous le contrôle de l’abbé Seré, le contrôle des objets liturgiques laissés par les marguilliers lorsqu’ils sortent de leur fonction nous renseigne sur l’ameublement de ladite église. ((Archives dép. de l’Ariège. Coussa. Document 1NUM/192EDT/GG1 (1630-An III). Vue 36. Pages gauche et droite.))

En 1681, les marguilliers sortants laissent douze nappes d’autel et deux longères pour les morts, et d’autres petites pour la c… [mot mangé surle bord de la page], quatre chandeliers, savoir deux de c[uivre] ? [mot mangé] et deux de bois pour [illisible] et peints de rouge, cinq bassins d’étain et quatre [illisible] d’argent. L’église ne doit rien aux marguilliers. Antoine Mounié doit à l’église 3 livres 3 sols : « Depuis ayant été payés ont été mis dans le coffre de l’église qui est à la maison du prêtre. »

En 1682, les marguilliers sortants signalent que l’argent mis dans le coffre a été employé pour le luminaire de l’église. Ils laissent 53 [illisible] de monnaie trouvés aux bassins, six mesures de blé, et trois livres seize sols.

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Ci-dessus : en 1689…

En 1689, l’église de Coussa s’est un peu enrichie. Les marguilliers sortants laissent « douze nappes d’autel et quelques petites pour la crédence, deux longères et un drap noir pour les morts, un linceul pour mettre dedans, le tableau au samedi de la Passion ((Probablement linceul ou voile dont on drapait certains tableaux, placés derrière l’autel. L’église de Coussa était donc ornée alors d’au moins un tableau.)) pendant la Semaine Sainte, six chandeliers, savoir quatre de laiton, et deux de bois peints de rouge, cinq bassins d’étain pour faire la quête, une enseigne de camelot rouge pour les processions. Plus 21 mesures de blé de la quête, et 9 livres d’argent, dont 3 livres ont été prises pour acheter les cierges nécessaires pour la fête de Saint Antoine. Et les 6 livres restantes ont été remises dans le petit coffre qui est à la maison presbytérale. Ils signalent également que Monsieur le Curé déclare devoir trois années de la rente qu’il fait à l’église de la vigne [illisible]. »

A suivre…