Apologo de la Rebouluciou par Maître Jacques de Pamiers

ourgaud_rebouluciou

 

APOLOGO

« Un Counquérant, jadis, abourdéc dins uno Ilo
Ount, pazible, bibio, pes camps é dins la bilo,
Un Poble de Pastous, un Poble primitioü.
Las prados, les troupéls, les camps, tout éro sioü :
Les défend ! cops de pungns, cops de rocs, d’arbalésto.
Mais, trop faible, es bincut ! É, per dreyt de counquésto,
Les cupides Binqurs, despotos exijens,
Se partissen les bes, las béstios é las jens ! …
Le Poble ajéc, per el, le juilh é la courbado ;
É, la Feoudalitat, atal un cop troubado,
Duréc més de mil’ ans ! Un joun, le foc del Cél,
É le Poble bessé, brûlléguen le Castél :
Le Deoüme, les Agriés, las Tailhos, las Senssibos ;
Les Titres de Noublesso é las Trabos massibos ;
L’or, que pendent mil’ ans, aquioüt an estremat,
Tout éro dins un Fort, … é tout fousquéc cremat ! …
Aquioüt éro la Cour, protche de la Bastilho
Ount bourrouilhpn las jens per uno pecadilho ;
Aquioüt éron, al guéyt, Gardos é Gabelous,
É le Mestre que drém sus couychis de belous…
É tout, Cosses é Bes, s’engloutis dins l’abime,
Rey, Seignous é Trezors, ambe l’ancien Rejime !!!
É las brandos de foc d’aquel grand fougayrou,
Jéton, sus l’hourizoun, tant de bibo sclayrou,
Qu’en beyren tant de lum, las tenébros s’aclucon ;
Qu’ays rayouns del fouyé, las trabos s’emmenucon :
É quand fouilhon le sol, ount tout s’es reboundut,
Trobon l’or, en lingots, dins las cendres foundut ;
Las cadenos de fer sul’ Poble apezantidos,
Dins le brazié feoüdal, en massés coumbertidos…
Atal, le Mounde a bist la paciento Bertat,
de l’errou mémo, néiche ; a bist la Libertat,
Qu’aro, le Poble a mezo al sioü Martyrologo,
Grandi, coumo les Sants, dins la perssecuciou…
O ma Muzo ! Enterren, assi, ma Synagogo
         En fenin l’Apologo
         De la Rebouluciou. » 1Jacques Ourgaud, dit Maître Jacques de Pamiers, L’Esprit del tens, ou la Rebouluciou de Quatre-Bints-Naoü, pp. 191-192, impr. de T. Vergé, Pamiers, 1857.

Né à Pamiers le 23 ventôse an IV, Jacques Ourgaud a été chirurgien de l’hospice de Pamiers, médecin inspecteur des eaux d’Ussat, maire de Pamiers, président de la société de secours mutuel des médecins de l’Ariège. Mort à Pamiers le 24 octobre 1868, il a légué une somme de 20.000 francs à l’hospice de sa ville natale. 2Source : Docteur Achille Chéreau, Le Parnasse médical français, ou Dictionnaire des médecins poètes de la France : anciens ou modernes, morts ou vivants : didactiques, élégiatiques, satiriques, chansonniers, auteurs dramatiques, vaudevillistes, comédiens, fantaisistes, burlesques, rimailleurs, etc., etc., p. 401, édition A. Delahaye, Paris, 1874.

Alias Jacques de Pamiers, le docteur Ourgaud,qui se définit comme un « philanthrope », dédie au « poble » L’esprit del tens ou la rebouluciou de quatre-bints-naoü :

« Salut, poble ! qué Diou de tout mal te delibre !
T’ouffri ci le tribut d’aqueste petit libre ;
Pr’amô de tu l’ai féyt, Amic, agrado-le ;
Car le salut del Poble es ma suprêmo LE.

En y refestinan ta bido poulitiquo,
Te dirai bounoment, à ma fayssou rustiquo,
Que, cadun soun mestié, bioüros ayze é gaoüjous,
Ç’éros mens incounstent, ç’éros pas tan crejous.

Emprountarai la boux de la sajo prudenço
Que dits : « Per ésse hurous, siég aquesto sentenço :
« Aydo-te, paoüre Enfant, é Diou t’adujara ;
« Met sem, é le bounhur dessus te rajara. » 3L’Esprit del tens, ou la Rebouluciou de Quatre-Bints-Naoü, pp. 9-10.

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  • Martine Rouche at 11 h 23 min

    À lire à haute voix !
    J’attends avec impatience le comment de Jacques de Mirepoix …

    • La dormeuse at 11 h 40 min

      Et toc ! Le comment est tombé.

  • Gironce at 11 h 23 min

    L’horreur de l’horreur ! Ce prétendu occitan n’est qu’une St. Barthélémy, et linguistique, et orthographique, et littéraire ! Ou sont passés nos poètes ?