À Cournanel, le château des évêques d’Alet

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Ci-dessus : vue de la tour sud du château depuis la place du village de Cournanel, située immédiatement au pied de l’édifice.

A Cournanel 1Les noms du village de Cournanel et la rivière Corneilla dérivent probablement de villa corneliana, villa romaine qui a précédé sur le site la création du village et du castrum princeps. , entre Limoux et Alet, dans l’Aude, ne subsistent malheureusement que les ruines pourrissantes du château des évêques d’Alet. Edifié au XIVe siècle sur la base d’un château-fort du XIIe siècle, l’édifice surmonte le village de façon abrupte et se trouve aujourd’hui cerné par toutes sortes de constructions et d’aménagements qui s’enchevêtrent de façon chaotique. L’effet de perspective, en termes de « bassin versant visuel » comme se plaisent à dire nos instances patrimoniales, s’en trouve gravement altéré. Le sauvetage du château ou la cristallisation des ruines de ce dernier, qui appartiennent à des propriétaires privés, semble de toute façon compromis(e).

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Ci-dessus : autre vue du château depuis la place du village.

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Ci-dessus : autre vue depuis la place.

« Le plan général de la forteresse dessine un polygone convexe à huit côtés. Quatre sommets sont encore marqués par des tours carrées. La partie nord-est est ruinée, de même que tous les bâtiments intérieurs, à l’exception d’une construction adjacente à la porte ouest. Cette dernière devait être précédée d’un pont-levis. L’entrée est protégée par deux tours carrées reliées par une série d’arcs. La base des tours est constituée d’un réduit carré ajouré par deux archères. A l’étage supérieur, se trouve une autre salle couverte d’une voûte surbaissée, sans fermeture à l’arrière […]. Le mur visible près de la porte ouest est tout ce qui reste de l’ancienne demeure épiscopale et n’est pas antérieur à la fin du XVe siècle. Les deux courtines adjacentes à la porte ouest sont les mieux conservées. La tour sud est la plus haute construction existante. » 2Base Mérimée. Courlanel.

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Ci-dessus : porte ouest du château, surmontée d’un blason, aujourd’hui effacé.

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Ci-dessus : vue approchée du blason qui surmonte la porte ouest.

On ne sait rien du blason, aujourd’hui effacé, qui surmonte la porte ouest. « Les constructions existantes ne sont pas antérieures au 14e siècle. La seigneurie de Cournanel appartenait à l’abbé du monastère bénédictin d’Alet. Un acte de partage des domaines temporels entre l’évêque et le chapitre, en 1321, constitue le premier titre du château de Cournanel, qui ne fut probablement construit qu’après cette date », dixit la base Mérimée. On en déduira que le blason effacé pouvait être celui de l’un ou l’autre des évêques qui ont été seigneurs de Cournanel après 1321. Soit, de 1321 à 1637 :

1318 à 1333 Barthélemy (dernier abbé de Sainte-Marie d’Alet). Armoiries non documentées.
1333 à 1355 Guillaume Ier d’Alzonne (abbé de la Grasse). Armoiries non documentées.
1355 à 1363 Guillaume II de Florence (abbé de Sendras). Armoiries non documentées.
1363 à 1385 Arnaud de Villars. Armoiries non documentées.
1385 à 1386 Pierre Aycelin de Montaigut (nommé cardinal en 1383). Armoiries : de sable, à trois têtes de lyon arrachées d’or, lampassées de gueules.
1386 à 1390 Robert du Bosc (abbé de Bourg-Dieu).
1390 à 1420 Henri Ier Bayler.
1421 à 1441 Pierre II Assalbit (confesseur et bibliothécaire du pape). Armoiries : d’azur, au chevron d’or, à la bordure d’argent.
1441 à 1442 Antoine de Saint-Étienne. Armoiries inconnues.
1443 à 1447 Pierre III. Armoiries inconnues.
1448 à 1454 Élie de Pompadour. Armoiries : d’azur, à trois tours d’argent.
1454 à 1455 Louis d’Aubusson (ne siège pas). Armoiries : d’or, à la croix ancrée de gueules.
1455 à 1460 Ambroise de Cameraco ou de Cambrai (abbé de Saint-Germain-des-Prés ; déposé et dégradé en 1460, pour complicité dans la fabrication d’une fausse dispense de mariage entre le comte Jean V d’Armagnac et sa soeur Isabelle). Armoiries : de gueules, à la fasce d’argent, contre-potencée d’azur, accompagnée de trois loups d’or.
1461 à 1468 Antoine Ier Gobert. Armoiries inconnues.
1468 à 1486 Guillaume III d’Olivieri ou d’Olivier. Armoiries : de gueules, à trois bandes d’or.
1487 à 1488 Pierre III d’Hallwyn. Armoiries : d’argent, à trois lions de sable, armés, lampassés et couronnés d’or.
1489 à 1508 Guillaume IV de Roquefort (abbé de Montolieu). Armoiries : d’azur, à trois rocs d’échiquier d’or.
1508 à 1523 Pierre Raymond de Guiert (abbé de Sorèze). Armoiries : d’or, au croissant versé et abaissé de gueules.
1524 à 1540 Guillaume V de Joyeuse (renonce en 1540 à l’état ecclésiastique pour embrasser la carrière des armes). Armoiries : écartelé : 1 et 4, palé d’or et d’azur, au chef de gueules, chargé de trois hydres d’or (Joyeuse) ; 2 et 3, d’azur, au lion d’argent, à la bordure de gueules, chargée de fleurs de lys d’or (Saint-Didier)..
1554 à 1564 François de Lestrange. Armoiries : de gueules, à deux lions adossés d’or, accompagnés en chef d’un léopard d’argent.
1564 à 1594 Antoine Dax (abbé de Saint-Polycarpe. A propos de la famille Dax, cf. Christine Belcikowski. Brève histoire de la seigneurie de La Serpent et de la famille Dax de La Serpent). Armoiries : d’azur, au chevron d’or, chargé d’une quintefeuille de gueules.
1594 à 1603 Christophe de Guilhon de Lestang. Armoiries : écartelé : 1 et 4, d’azur, à deux poissons d’argent, l’un sur l’autre, au chef d’or, chargé de trois croisettes pattées d’azur (alias sans le chef et les croisettes) (L’Estang) ; 2 et 3, de sable, au mont d’or (Juyé) ; sur-le-tout d’or, à la fasce de gueules, accompagnée de trois trèfles de sinople (Guilhon).
1603 Pierre V de Polverel (mort à Rome la même année).
1607 à 1637 Étienne de Polverel (frère du précédent, neveu de Christophe de Lestang). Armoiries : écartelé : 1 et 4, d’or, à trois bandes de gueules (Polverel) ; 2 et 3, coupé : a : d’azur, à deux poissons d’argent l’un sur l’autre (L’Estang) ; b, de sable (alias d’azur) au mont d’or (alias d’argent) (Juyé).
1639 à 1677 Nicolas Pavillon (né le 17 novembre 1597 à Paris, nommé évêque d’Alet en 1639, mort dans sa charge le 8 décembre 1677 à Alet ; associé au mouvement janséniste et gallican dans le cadre de l’affaire de la Régale, aux côtés de François Etienne de Caulet, évêque de Pamiers). Armoiries : d’azur, au chevron d’argent, accompagné en chef d’un croissant du même, accosté de deux étoiles d’or, et en pointe d’un soleil du même.

On manque d’informations quant au sort du château de Cournanel lors des guerres de religion, sachant qu’à Alet, l’abbaye et l’église Saint André ont été largement détruites. A partir de l’épiscopat de Nicolas Pavillon en tout cas, homme austère, plus soucieux de charité que d’entretien des bâtiments, les évêques d’Alet abandonnent leur résidence de Cournanel et la seigneurie se trouve mise en fermage jusqu’à la Révolution

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Ci-dessus : vue de la façade nord du château et de sa tour d’angle.

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Ci-dessus : autre vue de la même façade nord.

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Ci-dessus : vue de la façade et de la tour sud.

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Ci-dessus : autre vue des mêmes façade et tour sud.

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Ci-dessus : autre vue encore.

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Ci-dessus : vue de la même tour en contrebas, depuis l’entrée est du château.

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Ci-dessus : ruine du pavillon de garde à l’entrée est du château.

Au pied du château sur la place, tournant le dos aux ruines, je me suis arrêtée devant le puits ci-dessous, abandonné lui aussi, mais si joliment orné.

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References

1 Les noms du village de Cournanel et la rivière Corneilla dérivent probablement de villa corneliana, villa romaine qui a précédé sur le site la création du village et du castrum princeps.
2 Base Mérimée. Courlanel.

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