Aux Pujols, les églises Saint Blaise et Saint Pierre

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« Dans le seizième siècle, les guerres de religion ravagèrent plusieurs villes et paroisses alentour de Pamiers ; les enlèvements, les incendies, firent disparaître à jamais une infinité de titres publics et particuliers ». Les Pujolais surtout furent obligés d’abandonner leur église, dont les vieilles ruines subsistent encore dans un bas-fonds, pour aller se placer sur la hauteur, afin de pouvoir mieux se défendre. » 1Citoyen Fontanilhes, Manuel d’agriculture et de ménagerie, p. 149.

Ce passage du Manuel d’agriculture et de ménagerie du Citoyen Fontanilhes 2Cf. Cristine Belcikowski, Aux Pujols, Charles Fontanilhes, auteur d’un Manuel d’agriculture et de ménagerie en l’an II ; Sur les chemins de Jean Dabail, d’autres « bandits royaux » – 2. Charles Fontanilhes. a particulièrement retenu mon attention, car il montre qu’aux Pujols, en l’an II (1793), on se souvenait encore de l’existence d’une première église, disparue un jour et remplacée par une seconde église, qui, elle, existe toujours et qui se trouve placée sous le patronage de Saint Blaise.

Instruit sans doute par la mémoire collective, le Citoyen Fontanilhes fait remonter au XVIe siècle et aux guerres de religion la disparition de la première église des Pujols, dont les vieilles ruines, dit-il, subsistent encore dans un bas-fonds ». Concernant le siècle de cette disparition, la mémoire collective fait probablement erreur ; les modernes historiens, quant à eux, hésitent ou se contredisent.

J’emprunte les indications ci-dessous aux sites du Patrimoine Midi-Pyrénées et de la Fondation du Patrimoine, ainsi qu’à la base Mérimée du Ministère de la Culture :

1. « L’existence de l’actuelle église Saint Blaise est attestée dès le 13e siècle. Elle fait alors partie de la fortification du château féodal. Concernant l’église, son ancien vocable (Saint Pierre) laisserait supposer une fondation bien antérieure au 13e siècle. Auquel cas, était-elle à cet emplacement ? Par ailleurs ce même vocable s’est maintenu au cimetière Saint-Peyre dont l’église a disparu près du hameau du Py : la question peut se poser d’un éventuel transfert de vocable d’une ancienne église abandonnée vers une nouvelle construction. » 3Patrimoine Midi-Pyrénées.

2. « Édifiée sous Renaud de Pons, seigneur de Bergerac, des Pujols et autres lieux (1296-1333) l’église fortifiée était en même temps celle du château féodal qui s’élevait à l’extrémité de la colline où est situé le village actuel.

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Au XIVème siècle, l’église s’embellit avec l’installation de son portail gothique aux trois rangs d’archivoltes provenant vraisemblablement de l’ancienne église Saint Pierre détruite par le feu vers 1293 qui se situait dans le cimetière actuel. » 4Fondation du Patrimoine.

3. Concernant l’église, son ancien vocable (Saint-Pierre) laisserait supposer une fondation bien antérieure au 13e siècle. Auquel cas, était-elle à cet emplacement ? Par ailleurs ce même vocable s’est maintenu au cimetière Saint-Peyre dont l’église a disparu près du hameau du Py : la question peut se poser d’un éventuel transfert de vocable d’une ancienne église abandonnée vers une nouvelle construction. 5Patrimoine Midi-Pyrénées.

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4. « Le clocher-mur édifié à la fin du 13e siècle par Renaud IV de Pons, seigneur de Bergerac et par Jeanne de Lévis, son épouse, atteste de l’existence de l’église antérieurement à cette période. L’encadrement du portail muré de l’élévation nord de la nef témoigne en outre, par ses dispositions, d’un aménagement datable du 13e siècle. Le portail sud, caractéristique du 14e siècle, pourrait provenir de l’église qui s’élevait au coeur du cimetière distant du village et aujourd’hui détruite. » 6Base Mérimée.

Sur le site du Patrimoine Midi-Pyrénées, on parle d’une « ancienne église [Saint Peyre, ou Saint Pierre], abandonnée » au profit d’une « nouvelle construction » [Saint Blaise], et l’on suppose que cette ancienne église aurait pu se situer au cimetière Saint Peyre, dont l’église a disparu, près du hameau du Py ».

Sur le site de la Fondation du Patrimoine, on date de 1293 la destruction de l’ancienne église Saint Pierre, « qui se situait dans le cimetière actuel [cimetière Saint Peyre] » ; et on date du XIVe siècle « l’installation du portail gothique aux trois rangs d’archivoltes provenant vraisemblablement de l’ancienne église Saint Pierre ».

Sur la base Mérimée, on dit « caractéristique du XIVe siècle » le portail en question, « pouvant provenir de l’église qui s’élevait au coeur du cimetière [Saint Peyre] distant du village et aujourd’hui détruite.

Des diverses indications réunies ci-dessus, il ressort que les historiens s’accordent au moins sur deux points : 1. Il y a eu aux Pujols, successivement ou simultanément, deux églises, Saint Blaise, et Saint Pierre ; 2. Edifiée sur des bases antérieures, l’église Saint Blaise, pour l’essentiel de son bâti, date du XIIIe siècle.

Les mêmes historiens divergent quant à l’existence simultanée ou successive des deux églises, et quant à la date de disparition de l’église Saint Pierre.

Sur le site Patrimoine Midi-Pyrénées, on suppose l’église Saint Pierre plus « ancienne » que la « nouvelle » [Saint-Blaise]. Mais, concernant la « nouvelle », il semble qu’on parle ici de l’église telle qu’édifiée au XIIIe siècle sous Renaud de Pons. Rien n’empêche en revanche que l’église Saint Pierre ait été contemporaine d’une « fondation bien antérieure au XIIIe siècle ». Auquel cas, il y aurait eu jadis aux Pujols simultanément deux églises, l’une, seigneuriale, dans le castrum, et l’autre, commune, dans le cimetière. A propos de l’église du cimetière, même s’il situe au XVIe siècle la disparition de cette dernière, le Citoyen Fontanilhes ne dit-il pas : « Les Pujolais furent obligés d’abandonner leur église ».

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Sur le site de la Fondation du Patrimoine, on indique, sans donner de source, que l’ancienne église Saint Pierre a été « détruite par le feu vers 1293 », i.e. sous le règne de Philippe IV le Bel. Auquel cas, les ruines de ladite église Saint Pierre pourraient avoir fourni le « portail gothique aux trois rangs d’archivoltes » qu’on trouve plus tard sur l’église Saint Blaise.

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Mais si, comme indiqué sur la base Mérimée, ce portail est caractéristique du XIVe siècle, il devient moins certain que l’église Saint Pierre ait été détruite à la fin du XIIIe siècle, d’où plus plausible que, comme le croit le Citoyen Fontanilhes, cette église ait subsisté jusqu’au XVIe siècle, avant de succomber aux effets des guerres de religion.

Le problème de chronologie relatif aux deux églises des Pujols, reste, comme on voit, difficile à résoudre…

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Ci-dessus : situé dans un bas-fond, de l’autre côté de la D119, sur la route de Saint-Amadou, le cimetière des Pujols, dit cimetière Saint Peyre. C’est sur l’emplacement de ce cimetière que s’élevait jadis l’église Saint Peyre. On voit ici une église fantôme.

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  • Martine Rouche at 20 h 37 min

    J’ai trouvé dans un vieil article de revue que le hameau de l’église Saint – Pierre s’appelait L’Herbet et que le ruisseau proche s’appelle Saint – Pierre … Je n’aide guère …

    • La dormeuse at 20 h 40 min

      C’est toujours un petit bout de la pelote.Un jour peut-être, on la dévide…

  • Jacques Gironce at 10 h 33 min

    Toutes ces hypothèses sont intéressantes, mais ne font pas avancer de réponse.
    De mon côté, j’adhère à une complémentarité d’hypothèse qui a fait ses preuves dans beaucoup de cas: il pourrait s’agir, pour St. Pierre, de l’église-mère: une église de villa. Elle pourrait remonter dans ce cas aux débuts du christianisme dans le pays. Puis, lors de l' »encastellamento », le perchement de l’habitat s’est installé autour du château, sur la colline des Pujols. D’où une seconde église, castrale celle-ci, supplantant, par la suite le vieux sanctuaire paroissial St. Pierre.
    Resterait à expliquer ce que recouvre cette période de l’Histoire. Cela pourrait faire l’objet d’un développement de  » la Dormeuse…  » Ici, ce serait trop long.
    Notons que le ruisseau voisin porte le nom de Sant- Peire, et que beaucoup de cimetières de cette époque furent un temps habités. Il faudrait y faire des fouilles, pour conforter l’histoire des Pujols. Les archives du diocèse de Pamiers pourraient éclairer la question, sachant que les chapitres étaient toujours réticents à changer le statut des églises. Ce changement qui, à coup sûr , s’est produit ici, n’est peut-être pas si ancien qu’on pourrait le croire. Il conforterait l’idée émise par Fontanilhe…

  • Jacques Gironce at 10 h 40 min

    P.S. Lisant la réponse de Martine, j’ajoute à titre touristique, qu’un hameau appelé « Herbet », situé près d’un église disparue St. Martin, existe toujours dans la commune de Lapenne.

  • Monique Navone at 14 h 02 min

    Les descriptifs figurant sur le site de la Fondation du patrimoine sont des articles destinés à présenter des projets de restauration. Ils répondent plus à des critères de mise en page(format des bulletins de souscription) qu’à des soucis de rigueur historique.
    Leurs origines sont diverses: soit ils sont fournis par les associations porteur de projet; elles peuvent avoir dans leurs rangs des historiens ou des passionnés qui auront sérieusement étudié le bâti…
    Soit, ils émanent des délégués départementaux qui ont pu s’investir dans la même démarche. Cependant, le plus souvent, ils sont rédigés par des chargés de mission de la délégation régionale pour répondre aux impératifs évoqués plus haut.
    Ces textes ne sont pas soumis à une analyse d’historien. Ils peuvent être le fruit d’amalgame Wikipédia comme de sources sérieuses.
    En votre qualité d’universitaire vous avez relevé l’absence de référence.
    Cette remarque faite c’est toujours avec beaucoup d’intéret que je vous lis

  • Monique Navone at 14 h 53 min

    Mon commentaire sur les descriptifs Fondation du patrimoine (Midi-Pyrénées)en général est celui d’une ancienne déléguée mais c’est surtout celui d’une passionnée d’histoire aux origines mirapiciennes. Je suis tombée par hasard sur votre blog et depuis je le consulte régulièrement, toujours en attente de découvrir vos nouvelles recherches.

  • Michel Stoupak at 17 h 35 min

    On trouve assez facilement dans les champs entourant le cimetière des Pujols des vestiges datant de l’âge du Bronze, gallo-romains et de l’époque médiévale, témoignant de l’ancienneté de l’occupation du lieu.

    • La dormeuse at 17 h 40 min

      Merci de cette précieuse information.
      Mais il ne faut pas le dire aux chercheurs de trésors et autres maniaques de la poêle à frire.
      Cordialement,
      Christine Belcikowski