A Camon, le tabernacle de l’église de la Nativité de la Vierge et Saint Félicien

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Ci-dessus : vue du clocher de l’église de Camon depuis le grand pont qui enjambe l’Hers-Vif.

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Ce dimanche 15 mai, c’était à Camon la Fête des roses. Dans l’église, ouverte à cette occasion, nous sommes allés voir le précieux tabernacle du XVIIIe siècle, qui fait actuellement l’objet d’une souscription à fin de restauration. Construite au VIIIe siècle, reconstruite en 1503, agrandie de deux chapelles en 1661, l’église, dont la façade nord s’appuie sur le rempart du village, se situe au coeur d’un ensemble de bâtiments qui, passant alternativement du statut de simple prieuré à celui de prieuré conventuel, ont été jusqu’à la Révolution propriété des Bénédictins. C’est un prieur du XVIIIe siècle qui a doté l’église du précieux tabernacle. Celui-ci se trouve classé au patrimoine depuis 1992.

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Martine Rouche, guide conférencière, présentait ce matin le tabernacle.

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Il s’agit ici d’un tabernacle à ailes, de style baroque. Le Tabernacle originel est la tente qui abritait l’Arche d’alliance à l’époque de Moïse. C’est ensuite, au Xe siècle av. J.-C, le modèle qui inspire le temple de Salomon. Le tabernacle de nos églises constitue une réplique du temple de Salomon.

« Salomon disposa le sanctuaire à l’intérieur de la maison, au fond, pour y placer l’arche de l’alliance de Yahweh. Salomon le revêtit d’or fin. Et il revêtit d’or tout l’autel qui était devant le sanctuaire. Il fit dans le sanctuaire deux chérubins de bois d’olivier sauvage. Salomon plaça les chérubins au milieu de la maison intérieure, les ailes déployées. Et Salomon revêtit d’or les chérubins. Il fit sculpter en relief, sur tous les murs de la maison, tout autour, à l’intérieur comme à l’extérieur, des chérubins, des palmiers et des fleurs épanouies. Il revêtit d’or le sol de la maison, à l’intérieur comme à l’extérieur. Il fit à la porte du sanctuaire des battants de bois d’olivier sauvage. Sur les deux battants en bois d’olivier sauvage, il fit sculpter des chérubins, des palmiers et des fleurs épanouies, et il les revêtit d’or, étendant l’or sur les chérubins et sur les palmiers. De même il fit, pour la porte du temple, des poteaux de bois d’olivier sauvage. Il y sculpta des chérubins, des palmiers et des fleurs épanouies, et il les revêtit d’or… » 1Ancien Testament. Livre des Rois, chapitre 7.

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Au-dessus du tabernacle, la partie supérieure, dénommée thabor, se trouve surmontée d’un globe, ou d’un dais. Sur le thabor, le triangle symbolise la Trinité, c’est-à-dire Le Père, le Fils, et le Saint-Esprit.

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Au-dessus du tabernacle, à droite de l’ange, le Christ. En arrière-plan, tableau de signature inconnue.

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Toujours au-dessus du tabernacle, à gauche de l’ange, la Vierge.

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Sur la porte du tabernacle, le Christ Sauveur, portant l’Agneau sur son cou.

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Sur l’aile gauche du tabernacle, l’Adoration de bergers.

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Sur l’aile droite du tabernacle, l’Adoration des Mages.

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Détail de l’Adoration des Mages, avec l’étoile, et le chameau pour la touche orientale.

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Sur l’aile gauche du tabernacle, Saint Benoît, patron du prieuré conventuel.

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A droite du tabernacle, Sainte Scholastique, soeur de Saint Benoît.

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L’ensemble du tabernacle est en bois doré, i.e., plus exactement ici, traité à la feuille d’or. Le travail des maîtres doreurs requiert une préparation minutieuse, puis une exécution sans remords. C’est en effet au cours de l’application des diverses sous-couches que les effets de profondeur nécessaires au relief doivent être prévus avant l’apposition des feuilles d’or. La diaprure des vêtements de Saint Benoît et de Sainte Scholastique, ainsi que celle de l’écharpe qui ceint le cou des rois mages, résulte ensuite du sgraffito, procédé qui consiste à faire apparaître la couleur de la sous-couche par grattage de la couche d’or.

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Sous le tabernacle, ce joli petit ange, cet enfançon proche des nôtres, constitue ici, de façon plaisante, une sorte d’intercesseur de ces « choses cachées depuis la fondation du monde », comme dit le philosophe René Girard, qui peuvent sembler si loin de notre monde présent.

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Sous le tabernacle, le marbre richissime du maître autel.

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Ci-dessus : vue de l’abside de l’église.

Merci à Martine Rouche de l’étude si parlante dont nous avons profité ce dimanche.

References

1 Ancien Testament. Livre des Rois, chapitre 7.

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  • Gironce at 10 h 42 min

    Je suis surpris par l’attribution du nom de thabor à la partie supérieure du tabernacle. Il est couramment convenu que ce nom regarde le petit piédestal utilisé lors de l’exposition du Saint-Sacrement, pour poser l’ostensoir.

    • La dormeuse at 11 h 14 min

      « Il est couramment convenu, certes, que le nom thabor regarde le petit piédestal utilisé lors de l’exposition du Saint-Sacrement, pour poser l’ostensoir ». Mais on trouve aussi, concernant par exemple le tabernacle de l’église Saint Nicola de Nérac, et il y a bien d’autres exemples : « tabernacle encastré dans le gradin supérieur : porte cintrée (bronze doré), exposition, thabor carré. »
      http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palsri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=IM47000301
      Le mot thabor me semble en tout cas parfaitement convenir à la désignation de la partie sommitale du tabernacle de Camon, par analogie de forme avec le Mont Thabor.