Une balade avec les Amis de Riquet – Dans la forêt de Ramoundès, la rigole d’essai du canal du Midi

 

Le rendez-vous est à La Galaube, dans la Montagne Noire, en plein coeur de la forêt de Ramoundès. On s’y rend à partir de Bram, via Alzonne, Montolieu, Saint-Denis, et Lacombe.

 

A La Galaube, le bord de l’Alzeau.

 

Autour de Gérard Crevon, grand connaisseur de l’aménagement audois du canal, organisateur de la balade, la fine équipe des Amis de Riquet.

 

 

Au bord de l’Alzeau, l’un des emplacements possibles de la prise d’eau.

Là se situe, au bord de l’Alzeau, la prise d’eau à partir de laquelle court la rigole d’essai, aménagée par Pierre Pol Riquet durant l’été 1665 afin de démontrer la faisabilité du projet de conduction des eaux qui doit permettre d’acheminer ces dernières – celles de l’Alzeau, celles de la Vernassonne, et celles du Lampy – du flanc méridional de la Montagne Noire jusqu’au seuil de Naurouze. « En octobre 1666 Louis XIV signe l’édit pour la jonction des mers Océane et Méditerranée par un canal de communication et confie la réalisation de cette jonction à l’auteur du projet » 1Gérard Crevon, Couleur Lauragais n°134, juillet-août 2011 : La rigole de la montagne, de l’idée à la réalisation.. Le canal du Midi peut dès lors voir le jour.

 

Que reste-t-il de la rigole d’essai de 1665 ? Gérard Crevon, qui connaît la forêt comme sa poche, nous invite à marcher sur les traces du passé. Nous le suivons en file indienne, et après avoir doublé ce vieux moulin, nous nous engageons dans ce qui semble être un sentier forestier.

 

 

Après nous avoir fait observer les pierres qui subsistent de loin en loin au bord du sentier : – C’est le tracé de la rigole d’essai sur laquelle nous marchons ! avertit Gérard Crevon. Vertige de la profondeur du temps ! C’était l’été 1665. Riquet et ses ouvriers, en deux mois, ont aménagé ici, à flanc de montagne, une rigole d’essai de 16 kilomètres… Ils ont, pour ce faire, nivellé pas à pas tout le territoire ; aménagé des chaussées pour permettre à la rigole de traverser, sans se perdre, les différents ruisseaux ; creusé des tranchées pour assurer à la rigole la possibilité de franchir les cols… Puissance du concept ; génie de la réalisation.

 

Plus loin, nous arrivons à l’endroit où la rigole croise le ruisseau des Coudières.

 

Le ruisseau, en 1665, a été équipé d’une chaussée dont on distingue encore ici quelques restes. L’eau de la rigole se chargeait ici de celle du ruisseau sans se perdre dans ce dernier.

 

 

Les Amis de Riquet ne se cachent pas d’appartenir, parmi les historiens, à l’engeance passionnée. Les visages qui rayonnent à la vue des reliques de la chaussée en disent long sur l’émoi du temps qui revient.

 

Au bord du ruisseau des Coudières, ce bloc rocheux, qui fait face à la chaussée, figure une sorte de monument d’histoire. Riquet l’a vu, et noté sa forme imposante, puisque celle-ci se trouve signalée dans la relation du travail de chantier, qui a été conservée.

 

Nous voici maintenant au bord du bassin du Lampi. La brume ne s’est pas levée. Le paysage se pare d’une grâce d’estampe japonaise.

 

Après le bassin du Lampi, le tracé de la rigole perd provisoirement de sa netteté. Ou bien, comme ici, il sert de guide-ligne à la clôture d’une propriété privée.

 

Nous franchissons ici le pont du Lampi.

 

A nouveau, la rigole.

 

Restes encore d’une autre chaussée.

 

 

La Fontaine, inspecteur des Eaux et Forêts, passe aux yeux de la tradition pour le seul des classiques qui ait, en son temps, connu et aimé la nature.

Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout.
2La Fontaine, Fables, Le Laboureur et ses Enfants.

On omet de considérer le cas de Pierre Pol Riquet, qui a été, semblablement à La Fontaine, un homme du grand air, toujours parti à cheval pour sillonner la montagne, empreint du sentiment du paysage, capable de lire, à même les eaux qui le parcourent, la géographie de ce dernier, fort de la certitude qu’on peut tirer parti des forces en présence.

 

 

Pierre Pol Riquet, homme doué d’une curiosité et d’une intelligence aiguës du territoire, c’est là l’impression belle et forte que nous a laissée collectivement la balade conduite ce samedi 12 mai par Gérard Crevon.

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