Images de l’église Saint Martin à Rieucros

 

 

 

 

 

 

 

Il faisait grand beau le 10 décembre à Rieucros. Ultime revenez-y de l’été indien. Ultime rendez-vous de l’année aussi pour le Pays d’art et d’histoire des Pyrénées Cathares, dont le programme reprendra en avril 2012.

Nous avons visité, à Rieucros, l’église Saint Martin. Dans l’église, un cube de verre abrite une crèche insolite, d’inspiration touchante et belle. L’Enfant vient ici, par effet de mise en abîme, sous le porche même de l’église dans laquelle nous nous trouvons.

On ignore à quelle date remonte cette église. On sait seulement qu’elle existait déjà au XIVe siècle. Le bâti médiéval a été fortement remanié au XIXe siècle, avec surélévation de la voûte, ajout de la tour de style toulousain, et création du porche à piliers en belle pierre. L’église présente de la sorte un style composite dans lequel créneaux et merlons 1Merlon : partie pleine du parapet entre deux créneaux. sur le clocher peigne, ou trompe 2Trompe : ici, évidement qui a pour effet de créer sous la tour un angle rentrant, afin d’assurer entre la façade et le mur latéral une juste transition des plans. ménagée à l’angle où la tour vient s’ajouter au soubassement plus ancien, perdraient de leur charme à faire l’objet d’une lecture esthétiquement trop stricte. Le néo-médiéval voisine ici, de façon finalement heureuse, avec les vestiges d’un âge plus ancien, dont ne subsistaient plus, au XIXe siècle, que des vestiges brouillés depuis longtemps déjà.

Parmi ces vestiges, on remarque par exemple un chrisme 3Chrisme : symbole formé par les par les capitales Χ et Ρ, i. e. par les deux premières lettres du mot Χριστός, Christ., gravé sur l’un des claveaux 4Claveau : pierre taillée en biseau, utilisée comme élément de couvrement dans le cas d’un arc., tous posés de guingois, qui surmontent une petite porte latérale, aujourd’hui condamnée. Compte tenu du chrisme qu’il arbore, ce claveau se trouve curieusement décentré. On l’attendrait plutôt en clé d’arc. L’arc, à une époque qu’on ignore, a été sans doute remonté grossièrement. On ne sait pas si la pierre au chrisme provient de l’église même, ou s’il s’agit d’un matériau de remploi.

Dédiée à Saint Martin, le centurion chrétien qui, un jour, partagea la moitié de son manteau à un pauvre, l’église abrite plusieurs représentations du saint homme. La famille Castres-Saint Martin, propriétaire d’importants biens fonciers à Rieucros et aux Issards, a contribué au financement des vitraux, créés au XIXe siècle par le maître verrier toulousain Louis Victor Gesta. L’un de ces vitraux représente Saint Martin, dans un style inspiré de l’iconographie médiévale. La famille Castres-Saint Martin a également offert à l’église le grand tableau, de facture romantico-baroque, sur lequel l’un de ses membres se trouve représenté en Saint Martin, dans la posture d’une vision qui est celle de l’avénement du Christ-Roi.

L’église abrite encore, dans sa pénombre traversée de rayons, d’autres beaux tableaux, hélas non documentés ; des peintures murales de style néo-byzantin ou néo-symboliste ; deux petits vitraux contemporains enfin, non documentés derechef. L’ensemble, quoi qu’il en soit, ne manque pas d’intérêt non plus.

Le visage du Christ, figuré sur le vitrail qui meuble l’intrados 5Intrados : partie intérieure d’un arc. de la petite porte au chrisme, m’a frappée au sortir de l’église. Eclairé par le soleil couchant, il me renvoyait au mystère que conserve le possible d’une telle figuration, i. e. à la vertu, tant contestée, de l’icône. L’icône est le témoin fidèle de ce que le Verbe s’est fait semblable aux hommes, dit Saint Théodore Studite dans ses Homélies 6Cf. Christoph Schönborn, L’icône du Christ – Fondements théologiques, p. 229, éditions du Cerf, 1986..

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