Les comptes et mandements des receveurs et maîtres d’hôtel du vicomte de Fezenzaguet, de 1365 à 1372

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Frappée par l’intérêt que présente une communication intitulée « Les comptes et mandements des receveurs et maîtres d’hôtel du vicomte de Fezenzaguet, de 1365 à 1372 » et publiée par Edouard Forestié ((Edouard Forestié (Montauban, 1847 – Montauban, 1911). Secrétaire général de la Société d’archéologie du Tarn-et-Garonne. Érudit local. Imprimeur. 69 publications, dont Les livres de comptes des frères Bonis, marchands montalbanais du XIVe siècle, en 3 volumes. Le volume 1 et le volume 2 sont disponibles sur Gallica.)) dans le Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques, Section d’histoire et de philologie de 1898, j’entreprends de reproduire ci-dessous l’essentiel de cette communication.

Edouard Forestié détaille là le contenu d’un fragment de cahier contenant les ordonnances du vicomte de Fézenzaguet adressées à ses trésoriers ou à ses majordomes pour ses diverses dépenses et celles de sa maison. Issu du fonds d’Armagnac, ce cahier se trouve conservé aux archives du département de Tarn-et-Garonne. « L’intérêt qui s’attache aux livres de comptes des siècles passés n’est plus à démontrer », remarque Edouard Forestié. « C’est dans ces documents, d’autant plus précieux qu’ils se rapportent à des périodes plus reculées, que l’économiste, l’historien trouvent des matériaux inédits et particulièrement intéressants par leur sincérité et la multiplicité des détails sur la vie intime, sur l’économie domestique, sur l’état des personnes sous l’ancien régime. »

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Ci-dessus : l’ancien château des vicomtes de Fezensaguet a été démantelé en 1621. La ville a aménagé sur ses ruines le lieu de promenade appelé les « terrasses du château ». Crédit photographique : Office de Tourisme de Mauvezin.

« Les vicomtes de Fézenzaguet, branche cadette des Armagnac, avaient pour apanage la vicomté de ce nom, détachée de l’Armagnac vers 1163, et dont la capitale était Mauvezin [dans le Gers]. De 1339 à 1396 Jean d’Armagnac, [fils de Géraud II d’Armagnac et de Jeanne de Comminges-Fézensac, fille de Pierre Raymond Ier (1295-1341), comte de Comminges, et de Françoise de Fezensac ; époux de Maragde Duèze, fille d’Arnaud de Carmaing et de Mathe de l’Isle-Jourdain], fut titulaire de cette vicomté, et c’est à lui que se rapportent les feuillets de comptes qui embrassent une période de sept ans, mais avec de nombreuses lacunes (1365 à 1373). »

1. Un cahier écrit tantôt en roman, tantôt en latin

« Les divers secrétaires du vicomte de Fezenzaguet écrivaient au jour le jour la copie des lettres ou mandements du seigneur; il y a donc de nombreuses variations d’écriture et d’orthographe qui, dans les textes romans surtout, affectent diverses formes dialectales utiles à relever.

Le document est écrit tantôt en roman, tantôt en latin. Les mandements en roman sont conçus à peu près en ces termes :

Lo vescomte de Fézenzaguet :
Recebedor, te mandam que bailhas a Desbariat ; I quarteron de froment à la mesurade de Maubezin, e en aysso no aya nul deffaut. Dius ajude te. Fait a Creysselh, lo dimas a v. de mars
. — et en marge le nom du receveur « P. de Leval« .

Lorsque le mandement est en latin, il est précédé du protocole suivant, plus ou moins abrégé :

Johannes de Armaniaco, Dei gratia, vicecomes Fezenzacii, Brulhesii et Creysselhii, dominusque baronie de Rupefollio, dilecto nᵉ receptori, Mandamus vobis, etc.

Dans d’autres cas, l’inscription est en roman, le majordome lui-même écrit :

Remembransa sia que io, Vidau de Nogues, maestre extraordenari de l’ostau de Moss. de Fézenzaguet, conoc aver ayut et recebut per la man d’en B. deu Glaus, bayle, etc., etc. et il appose sa signature.

Le mot Registratum, placé au bas de la mention, indique le report de la dépense ou du mandement sur un autre registre.

2. Relevé de divers folios par Edouard Forestié

Fol. 26. Le châtelain de Séran, Guillaume de la Roche, reçoit pour ses gages « unum tonellum, sex saumatas vini, et unum quartonatum et medium frumenti ». A noble Foulques de Gachan ou de Guxan, autrefois seigneur de Alsomont (de Montaut), sont donnés soixante florins d’or « pro multis et variis serviciis per ipsumnobis impensis et que cotidie impendere non desinit ». A noble Fouquet de Garbès pour un don fait par le vicomte : 33 florins d’or.

Raymond d’Aignan, maître extraordinaire de l’hôtel, reçoit du receveur de Brulhois des quantités importantes pour provisions de l’hôtel ; huit cartières ((Quartière, quartieiro, ou cartière, petite mesure pour les grains dont 8 font le double décalitre.)) de blé, trois d’avoine, quatorze saumées ((Saumée, ou salmée : mesure de capacité. 1 saumée = environ 184,792 litres ou 138,59 kg.)) et demie de vin.

Le prix d’un roussin est de 3 florins d’or et demi.

Le vicomte de Fézenzaguet étant resté un mois à Agen et à Layrac, la dépense en blé fut de onze quartières et demie, trois quartières d’avoine et 14 saumées et demie de vin.

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Fol. 28. Vidal de Noguès, maître d’hôtel extraordinaire, note les dépenses faites par le vicomte en la maison ou château de la Mote [Lamothe] ; et notamment pour trois paires de garias ((Ne serait-ce pas des éperviers qu’on nomme encore goiras en Languedoc, et qu’on louait pour un certain temps ?)), poules pour 3 jours, au prix de 5 blancs la paire ; six paires de faucons pour 12 jours, au prix de 4 blancs la paire : en tout 9 paires, 9 gros ((Le gros tournois de Saint Louis, qui valait 12 deniers.)) et demi toulousains ; plus pour poisson 2 florins, 9 gros; 30 pains, 4 gros; une livre de figues, 1 gros; deux gonds de fer et huit clés pour une fenêtre, 1 gros toulousain ; pour ferrer le cheval du juge d’un pied, 1 gros, lorsque le maître d’hôtel emprunta ledit cheval pour aller à Mauvezin.

Fol. 29. Notons le nom d’un autre maître d’hôtel extraordinaire : Pierre Arnaud de Lafont, lequel reçoit de Arnaud Bertrand du Burgaud, bayle de Mauvezin, pour les dépenses de l’hôtel, à Mauvezin, pendant 15 jours, en juin 1365, 15 florins d’or, 5 gros et demi et 5 deniers morlaas.

Fol. 30. Vidal de Noguiès, reçoit pour les provisions de l’hôtel habité par la vicomtesse et sa suite, au nombre de 21 personnes, et pour 13 semaines : 5 cartons et 5 cartières de blé ; deux saumées, deux cartons, et trois cartières d’avoine ; cinq tonneaux de vin, trente-trois florins d’or pour 26 moutons avec leur laine ; douze florins d’or pour la volaille «ad opus dicte vicecomitesse et liberorum nostrorum » ; un porc salé ; trois florins d’or pour une canne de drap d’Ypres pour les chausses (caligarum) de la vicomtesse et de ses enfants ; quatre florins pour 17 paires de souliers (sotularum), pour tout le monde de la maison ; un florin pour un ustensile (baxeria) de cuisine ; un florin d’or pour la ferrure et la tonte (aborratura) des (saumiers) mulets ; 32 livres de cire provenant des rentes ; sept livres et demie de poivre ; 3 florins pour moutons et fromages ? (ovibus et cazeis ?), et un florin pour le sel.

Envoi à «dilecto et fideli nostro domino Bernardo de Armaniaco militi» 60 d. d’or dits « nobles guiennois de l’Enⁿ, et cela pour payer des lettres scellées envoyées à Bordeaux au prince d’Aquitaine par Sanche de Montfaucon, procureur de Fezenzaguet.

Fol. 32. Pierre Arnaud de Lafond, maître d’hôtel, achète des épices de cuisine et envoie chercher à Verdun, du poisson de la Garonne.

Fol. 33 et suiv. Divers mandements pour la provision de l’hôtel pendant les séjours du vicomte à Caudecoste, consistant en vin, porc salé, poules (garias ?), avoine, volaille, chandelles, oeufs,etc.

Fol. 34. Jean d’Armagnac, vicomte de Fézenzaguet, fait payer au comte de Foix «per tertia solutione financie captionis persone nostre, per nos eidem comiti Fuxi debite quatuor milia florenorum auri. Cette somme fut envoyée à Mazères et Jean le Lompouz les y apporta avec sept cavaliers à l’aller, et neuf au retour et dépensa 26 florins d’or : il y avait, entre autres : Pierre de Golenchies, Guillaume de Sperneras et Dominique de Verdun. Le loyer du roussin de Dominique de Verdun coûta 2 florins ; celui du fils aîné du vicomte, de Mazères à Toulouse, 1 florin ; et de Toulouse à Mauvezin, 8 croizettes. Payé à maître Raymond de Saint-Arnaut, de Mazères, pour deux années pendant lesquelles Jean, fils du vicomte resta dans sa maison, 15 florins ; pour les dépenses faites par ledit Jean et son écuyer, à Mazères, 30 florins.

Pour la façon, lorsque le vicomte alla vers le prince à Angoulême, d’une houppelande, d’un jupon, d’un chaperon, d’une paire de chausses pour son fils, 7 florins et 7 croisettes ((Plusieurs sources indiquent que l’on a battu monnaie en Lomagne pour le compte du roi d’Angleterre. L’historien Foltzer fait la description d’un denier de Guissen « Eduardus Rex – Léopard à gauche entre deux traits. Au dessus et au dessous une croisette. R. Aquitaine Dux – Croix cantonnée d’un G du troisième ».)). Achat de 14 palmes de drap de laine de Malines pour la vicomtesse et quinze cannes et demie de drap de Verdun pour ses filles et leurs damoiselles, lorsque le comte d’Armagnac vint d’Angoulême à Lectoure, 29 florins et 3 croisettes. Achat au seigneur de Prinhan et à son fils des lieux de Servan et de Briffa, 1.500 florins ; honoraire à Jean de la Rochelle, médecin, qui avait soigné son fils Géraud, 75 florins accompagnés d’une lettre de créance adressée au comte d’Armagnac ; envoi au juge de Fezenzaguet de 1475 florins.

Jean Breton était maître d’hôtel ordinaire. Il est chargé de divers achats de chevaux, etc., de vaisselle vinaire (octo fustes) pro erigendo quandam botilhareum in hospicio nostro de Pinibus et emendo clavos ad opus, dicte botilharie, 15 croisettes d’argent.

Fol. 35. Le vicomte avait une maison à Toulouse, dont le loyer lui coûtait 16 florins d’or et 3 croisettes ; elle appartenait à Jean de Fauratan. Il fait acheter pour son usage une paire de vases (stiballarum) et trois paires de souliers (sotularum).

Arnaud Guillaume d’Armagnac, en l’absence du majordome de service, fait un reçu au bayle de Mauvezin.

Fol. 36. Parmi les provisions on remarque : 28 livres de cire ; une livre de gingembre (zinzibris) ; demi-livre de canelle ; demi-livre de poivre ; demi-quarteron de safran (crosci), une livre de sucre ; trois livres d’amandes (annedalis ?).

Dans le récépissé qui suit on trouve : 28 livres de cire, une livre de gingembre (gengibre), demi-livre de canelle, demi-livre de poivre, demi-quarteron de livre de safran (sic), une livre de sucre, 3 livres d’amandes (meulas). Nous citons ces deux articles pour montrer combien chaque scribe écrivait à sa manière les mêmes termes.

Fol. 36. Voici une des citations les plus intéressantes. Elle se rapporte à des vêtements confectionnés pour le vicomte et sa famille. Je traduis textuellement :

« Premièrement, j’achetai cinq cannes et demie de drap de Bruxelles pour faire une houppelande (soparlanda) et deux chaperons doubles, trois paires de chausses, pour Monseigneur ; la canne valant 6 florins d’or et neuf croisettes d’argent (total 40 florins d’or et 11 croisettes d’argent). Pour foulonner lesdites étoffes, 6 croisettes ; un drap de soie pour faire un jupon à Monseigneur, 19 fl d’or ; une once et demie de soie verte pour faire ledit jupon et la houppelande et les chaperons, 10 croisettes 1/2. « En fiu » (fil) et cendal ((Cendal, vieil occitan : sorte d’étoffe de soie, dont on se servait au Moyen Âge.)) pour le jupon, la houppelande et les chaperons, 2 croisettes 1/2. 2 livres de coton pour le jupon, 5 croisettes ; 13 palmes de toile bourgeoise pour le jupon, 13 croisettes. 2 cannes de toile verte pour mettre entre le coton et le drap de soie audit jupon, 9 croisettes, la fourrure de la houppelande en laquelle il y a 962 dos de petit gris, valant le cent 9 florins, total 80 florins ; pour fourrer ladite houppelande, 7 florins et 3 croisettes. Pour faire la houppelande, le jupon et 7 chaperons (le tailleur fut Jean d’Aure, tailleur du comte d’Armagnac), 3 fl. 1/2. Six paires de souliers (sabatos) pour Mgr., faits par .1. de Samatan, 7 fl. 1/2. Le lendemain des Rameaux le majordome alla à Toulouse et de là à Foix où était Mgr. d’Armagnac ; ils restèrent — lui et quatre cavaliers — trois jours en route, puis le majordome alla à Mazères et ils dépensèrent 9 fl. 10 gros ; puis il alla à Toulouse pour acheter des draps de soie pour faire la houppelande ainsi que des pourpoints pour Madame et ses filles et ses damoiselles, mais il ne put trouver des draps de soie pour la houppelande : la dépense de ce voyage, qui dura trois jours, fut de deux florins d’or, quatre croisettes ; il acheta cent soixante ventres de vair pour les pourpoints de Madame et de ses filles, ils coûtaient la dizaine un florin soit 16 fl. — deux pourpoints d’agneaux pour les donzelles, 1 fl. Le jour de Pentecôte, Monseigneur alla faire la fête à Lectoure avec Mg. d’Armagnac, et le maître d’hôtel reçut pour provision pour la compagnie « quar Moss. e los gentius homes manjaran el tinel de Moss. d’Armagnac », 2 flor. 1/2. Le Vicomte de Fezenzaguet partit de Lectoure et alla en Brulhois. Une hache faite à Lectoure fut payée 3 fl. 9 croisettes. 3 livres de bougie (bugia) 6 blancs. Puis viennent des dépenses pour le ferrage des chevaux, pour le pain ; pour fromage ; pour avoine ; etc., etc.

Fol. 37. Le ferrage coûtait par fer 7 croisettes.

Fol. 42. Jean Breton, maître d’hôtel ordinaire de la vicomtesse, achète un âne pour porter l’eau à l’hôtel, deux cannes de drap de laine pour faire une cotte pour la chambrière de la vicomtesse. Une balle de morue (mereluciorum) et une autre balle (abletium) de sardines ? pour le carême. Vidal de Noguès achète des moutons pour la fête de Noël, des cierges, des chandelles, des bougies, viande de boeuf, merlus (cabillaud), harengs, et chandelles de suif, etc.

Fol. 43. Me Ph. Sacriste, notaire, nommé receveur, aura pour pension annuelle 10 florins d’or.

Fol. 48. Le vicomte mande à son receveur de faire recouvrer sa maison de (effacé) le bas et le haut et faire faire : al salho ? un bon tirant à mettre dans la salle haute contiguë au portail de Toulouse, et resserrer l’anneau qui y est, et faire réparer ce qui en a besoin, faire les provisions, et faire porter dans la plus proche maison qui se ferme à clé, 150 saumées de bois et dans une autre 150 quintaux de foin. Même ordonnance au receveur de Creysselh [Cresseils] ; auquel en plus on dit de réunir 35 setiers de froment, 70 d’avoine, 140 quintaux de foin, 150 charges de bois, 60 pièces de volaille, 40 moutons, 1/2 bacou (?) (jambon) de chair salée, et autant pour larder ; d’envoyer à Montpellier pour savoir si Guirauton est guéri et dans ce cas lui donner 7 francs, et s’il a besoin de jupon de drap, chaperon double, houppelande, double, chaussés, jusqu’à 3 florins la canne ; et s’il a besoin d’un jupon de bocassin, qu’on le lui donne. Recommandations pour des charrois à exécuter.

Fol. 50. Vidal de Noguès reçoit de Jean Utable, apothicaire de Milhau (de Amilia) des épices, des cierges, des chandelles de bougie pour les provisions du château de Creysselh.

Fol. 50. Deodat de Guidon, ou de Guy, nommé châtelain du château de Blanquefort, reçoit une pension annuelle de 8 setiers de blé dont trois parties de froment et une de seigle.

Fol. 51. De Creysselh où il était le 6 mars 1367, le vicomte mande à son receveur de donner à la vicomtesse : pour 4 cannes de drap de Montivilliers 22 florins, 4 cannes de drap de Vervins, moins deux palmes 11 florins et 3 gros ; 6 cannes de drap de Vervins pour ses filles, 18 florins ; 3 cannes du même drap pour les « donzelles », 9 florins ; 3 cannes de drap du pays pour les deux chambrières, 6 florins ; 6 cannes de drap pour le Breton (palefrenier), le Bouteiller (échanson), le coc (cuisinier), le portier et le souillart 9 florins ; la façon desdites robes coûta 10 florins, le foulonnage des draps 2 florins ; la soie, le cendal fin, la toile pour la garniture 4 florins ; une fourrure et six pourpoints de vair pour la vicomtesse 10 florins ; 2 pourpoints pour les 2 filles, 5 florins ; les pourpoints pour les donzelles, 1 florin. Le vicomte ordonne ensuite à son receveur de pourvoir aux dépenses de la maison pendant le carême, de la même façon que l’année précédente « e no res mens bailhes los« , et ne leur donnez rien moins : que 3 quartières de pois, 1 de fèves, ainsi que la provision de viande.

Fol. 51 v°. Le vicomte ordonne à son receveur de donner à son fils l’argent qui lui sera nécessaire « pour faire plaisir aux officiers d’Agen ».

Fol. 52. Le châtelain de Garabit était Gaillard de Mailhol, et celui de Mont… Jean de Lugat.

Fol. 54. Le bouteiller, G. de Cas, achète pour la provision, du froment, de l’avoine, du vin, du foin,30 moutons « avec leur laine » ; porc salé, cire « en oeuvre », vaisselle de cuisine, etc.

Fol. 55-56. Le vicomte ordonne à son receveur de donner à son fils, qui ira vers le sénéchal d’Agenais pour un appel, et à Bordeaux, ce qui lui sera nécessaire ; d’envoyer à Fortanier de Marestaing cent francs pour six lances « pour notre service ». Au seigneur de Clairmont 50 francs pour deux lances ; et au même Fortanier 20 francs pour supplément de six lances.

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Ci-dessus : Enluminures. Petrus Comestor. Bible historiale. Vers 1330. Bibliothèque Sainte Geneviève. Ms. 0022. F. 080. Paris.

Fol. 56. Le vicomte envoie à sa fille Mascaronne, pour aller à Montauban, 40 florins d’or.

Fol. 57. Guirauton de Montpezat, « notre serviteur », achète 2 cannes de drap, 5 florins d’or.

Fol. 58. L’abbesse de Montauban, avec 200 personnes arrivèrent et restèrent de la Pentecôte au 30 juillet, aussi le receveur fait-il faire des provisions.

Fol. 65. Détail de provisions pour l’hôtel, toujours les mêmes : 8 moutons, 10 florins ; 40 garias, 4 florins et 2 gros ; sucre, amandes, amidon, 2 florins ; oeufs, huile et fromage, 2 florins; ferrure, 2 florins ; pour achat de poissons, 2 florins ; 2 cannes et demie de drap pour le goujat (garçon), 3 florins et 1 gros, pour cam ? grosse pour le jour de Noël, 5 florins ; piment et neulas (gaufres), 12 gros ; une main de papier et pain, 6 gros.

Fol. 67. Ordre de construire une cheminée de tuiles plates dans le château de Puycasquier. Ordre de donner à Jean de Faudoas, chevalier, une certaine somme d’or (sic) et cela pour une servance qu’il avait promis de faire avec certains gens d’armes et dont il avait reçu déjà les deux tiers. Le receveur lui envoie 50 francs d’or. Un messager envoyé au prince d’Aquitaine à Poitiers (Peytius), perdit un cheval que l’on paya 15 florins.

Fol. 68. Ordre de donner de l’argent à son fils pour aller vers le prince à Angoulême.

Fol. 69. Achat d’un dogue (alanum) à Vidorlan de Florensac. Envoi à Toulouse de Me Vidal Beraut, pour consulter sur certaines affaires en la cour du sénéchal de Toulouse.

Fol. 69. A son fidèle seigneur Robert de Preyssac, chevalier, pour une servance faite par lui avec certains gens d’armes. Le tiers de la somme est 50 francs d’or comme ci-dessus à Jean de Faudoas.

Fol. 70. « Lo Recebedo (de Brulhezes). En temps que nos estavam a Layrac ; En Arnaud de Sirac era maestre de nostre hostau e labetz (alors) foisa guerra uberta deus reys iasia que pacti fos entre la terra de Rrulhes e del sen de Buc; e per Pe Arnaut de Tornafoc e Arnaut Guilhem de Lartiga, agossan una quantitat d’arencs de un marcade deu loc de Nerac as obs de nostre hostau segon que ledig marcade aferma per que mandam que tu de ladita besonha t’enformes ab lodit Arnaut de Serac e tant cum tu trobaras que del dit arenc sia vengut a profiegt de nostre hostau li dedusiscas de x libras en que es estat condemnat per nostre jucege, e que de questa causa se sias informat dedins XII jours…« 

Payement à un tailleur de Lectoure de 22 francs d’or pour la façon de (tunum Oylla de futhani ?) pour le vicomte et pour toile, soie, coton pour ladite.

Fol. 71. Au même Guirauton de Peyregou, payement pour 6 cannes et 2 palmes de drap de laine d’Angleterre pour faire manteaux pour le vicomte ; la façon et le travail ; et pour 5 palmes 1/2 de velours (velueto), pour faire une oyllam ? et pour un orfroi (freia) d’argent et surdoré pour un corrige (?) courroie ou ceinture, 43 florins et 5 gros.

Fol. 71. Achats divers : 8 moutons avec laine, 10 fl., 18 garias (?), 2 florins et 3 gros ; oeufs et fromages, 1 fl. ; messagers, 1 fl. ; 2 cannes de drap de la Flèche noir et 4 uchaux ((Uchau : unité de mesure de détail.)) 1/2 de soie noire et 1 once 1/2 de fil blanc, 1 fl. et 5 gros.

Envoi à Toulouse pour acheter frucha (fruits), estemenias (étamines), cossos ? a obs de la coseria, 5 fl.

Fol. 72. Achat de pimentas (piments épicés) pour faire « Ypocras », 1 fl. Garengal (galanga, épices) e sitoal (citouart) molut, 5 gros. 2 livres d’amandes, 2 gros ; 2 livres de sucre, 2 fl. et 3 gros. 150 amandes, 3 gros. 2 cabas pour porter lesdites choses, 1 gr. Bras-de-fer, envoyé pour ces achats, dépensa 1 gros. Jean le Flamand fut envoyé à Lectoure pour acheter 22 palmes de toile de Reims (Remps), 2 fl. et 8 gr., sa dépense, 1 gr. Achat de poisson pour le soir de Saint-Antoine, 18 gr. ; dépense de celui qui alla chercher le poisson, 4 gros.

Fol. 73. Le vicomte écrit au receveur de Carcasses de fournir à Guirauton 1 jupon, et à Mata une cotte, des chausses et des chaperons, ainsi que de la viande pour le carême. Si la vicomtesse a besoin de médecin, durant le carême, on devra envoyer une ou deux fois à Carcassonne pour la satisfaire raisonnablement, si elle a besoin d’autre chose pour sa personne, ordonnée par les médecins, qu’il le lui donne, et qu’il approvisionne la maison de la vicomtesse de blé, de vin et autres denrées pour le carême.

Le majordome ou maître d’hôtel de la vicomtesse, Jean Brito, lui donna une balle de morue salée, une autre balle de collecum (?) trois quarterons d’huile de noix, trois quarterons de pesis sivecezes (pois) et un quarteron de fèves, et 3 francs d’or pour fruits et riz.

Le vicomte recommande que dimanche prochain le receveur lui envoie du poisson à Puycasquier. E gardat ben que en aisso no aia nul défaut, e per cada semana n’aiam duas betz, en manieyra que lo peys de queras doas betz nos abonde per tola la sepmana e’que fessas prendre la part de l’estabue d’en Gentz de la Fotz a qualque pages de Layrac en manieyra que nos aiam lo peys e que tu pagnes l’argent e aysi mettris de l’estabiu de Veyri, si nulh autre hia pars si no la nostra. Dius aiut te.

Pour un uchau de soie, 1 gros; pour deux clefs et deux « barbolas de duas tarlugas » ?, 4 gros ; pour chemises et brayes, 2 florins.

Fol. 73. Achat de 7 cannes carrées de planche bâtarde pour réparer la salle de Puycasquier. Qu’elles soient sans défaut, recommande le vicomte.

Achat de pois chiches (ceses becuts), 1/2 quartière, 4 gr. ; une quartière et demie de pois blancs, 5 gros ; pots (olas) pour faire les potages (sic), 4 gros ; un quintal d’huile de noix, 6 fl. 10 gros ; 2 mains de papier, 4 gros ; moutarde, 3 gros ; 23 paires de souliers pour les gens d’ordinaire, à 4 gr. la paire, soit : 7 fl. et 8 gros ; écuelles de bois et 50 cuillers (culkadas) de bois, à 4 gr. les 12.

Don au couvent des frères Augustins de Toulouse, 1 quarton de froment par amour de Dieu.

Fol. 74. La maison de la vicomtesse était composée de 18 personnes.

Fol. 77. D’autres fois le personnel était de 20 personnes tant ordinaires qu’extraordinaires : à la Saint-Jean-Baptiste on acheta pour les provisions 16 cartons de froment ; 7 tonneaux de vin; orge ou avoine, 8 cartons et 2 setiers; paleis (?) pour lesdits chevaux, 3 francs d’or ; pour grosse viande, pour chaque semaine deux moutons et demi au prix de 17 croisettes, soit 82 moutons 1/2 ; dix têtes de volaille pour chaque semaine, à 2 gr. 1/2 la paire ; pour 66 jours « 6 grossos » par jour ; pour huile, deux quintaux; pour sel, un boisseau 1/2 par semaine ; pour épices de la cuisine : 10 1. de poivre à 6 gr. la livre; 3 livres de gingembre à 1 fr. la livre; 3 livres de canelle à 6 gr. la livre; 1 1. de safran à 2 fl. la livre ; le jardinage (ortalicia) pour tout le temps, 2 fl. 9 gr.; chandelles de suif de la Saint-Jean à Toussaint, 1/2 l., et de Toussaint à la Chandeleur, 1 1. par jour, la livre valant 1 gr. ; chandelles et torches de cire, 7 1. par mois, à 2 gr. 1/2 la livre ; pour la lavandière et la boulangère, 9 gros ; pour chausses à la vicomtesse, à ses filles et à ses donzelles, chambrières, écuyers et autres 30 personnes, 12 francs ; pour voiles et coiffes, 6 francs, etc.

Fol. 77. La maison de la vicomtesse se décomposait ainsi : la vicomtesse, ses deux enfants, 3 écuyers (scutiferos), le maître d’hôtel, deux damoiselles, deux chambrières, le cuisinier, le valet, le portier, le sommelier et l’huissier. Elle fit faire : 3 cottes, 2 tuniques, un manteau double, trois chaperons de drap, le tout avec 12 aunes 6 palmes de drap, 4 fl. ; pour la fourniture des cottes et pourpoints, l’une de vair, l’autre noire, 17 francs. Jean Géraud, fils du vicomte, fit faire : 2 jupons de draps et des chaperons et des manteaux ou houppelandes et tuniques, 8 cannes de drap. La façon des robes de la vicomtesse et leur garniture ou « aparelh« , coûta 6 francs. Chacun des écuyers et le maître d’hôtel firent faire 2 jupons de futaine, au prix de 2 francs chacun ainsi qu’un manteau de houppelande, qui nécessitèrent chacun 12 palmes de drap à 2 fl. la canne ; la façon coûta 2 francs. Les cottes des damoiselles et leurs tuniques, 5 cannes 1/2 de drap à 61 croisettes la canne. La façon et la garniture, 2 francs. Les cottes des chambrières, 3 cannes de drap à 2 fl. la canne, et la façon, 1 franc. Les habits du valet et du sommelier, du portier et de l’huissier, 3 cannes pour chacun à 18 croisettes la canne, la façon et la garniture, 6 croisettes.

Fol. 79. « Forma litterae de faciendo fortificare loca« . Sous ce titre est une lettre aux procureurs ordonnant de fortifier les lieux d’Azins, Layrac et Prexan, à cause des dommages « periculis et dampnis que de presenti possint sequi tam de magnis societatibus quam de aliis que sunt in patria ista</em> ».

Fol. 81. La seule mention en français est curieuse à citer : « Receveour mandons te que bayles a un bailet despens, que par ma ordenanse pour benir et pour retorner de Leirac aveque nous a Maubezin pour aucunes besonhes toquans a nous de lesquels il convient que nous tourne response. Dieu eiut te. Script a Maubezin le XXVII decembre l’an e trescentz sayssantes et huict. »

Fol. 83. Mention d’un voyage du vicomte à Avignon.

Fol. 86. Jean d’Armagnac écrit au juge de Fezenzaguet : « A la supplication humble de noble Geraud de Cambiac, coseigneur de Montbrun, nous avons compris que pour certaine assemblée (congregatio) de gens d’armes, chevauchées, déprédations de blés, récoltes, vins, et autres méfaits, rapines, dommages excessifs comis par ledit et par noble Ermessende de Montbrun, son épouse, et leurs complices pendant une rixe et guerre naguère survenue entre eux et Pierre de Montbrun, coseigneur dudit lieu ; et pour rébellion à nous et à nos officiers, arrêt et condamnation à la prison les avait frappés, etc , attendu l’humble et larmoyante supplication desdits et en considération de leurs services journaliers et nocturnes (sic) faits à nous et aux nôtres rémission leur est faite de notre science certaine et grâce spéciale , etc. »

Fol. 87. Ordre de payer à Guillaume de Montaut 100 francs pour 6 hommes d’armes, 10 francs pour chaque mois écoulé et 12 francs pour le présent.

Fol. 89. Mandement pour donner au juge tant qu’il restera en Brulhois pour les affaires du vicomte, 1 franc par jour, et à Me B. de Saint-Jean pour visiter les fortifications et pour 6 jours seulement le même gage.

Fol. 102. « Maestre Felip, mandam te que fassas far a Carcassone et que pagues aqueras pullulas que la vescomtesse te dira e que provezisca 1 maestre en sos nescessaris que nos mandam a la vescomtessa que aya per ensenha los enfans, car aquo que despendut auras per las causas desus ditas per la manieyra que desus, etc. »

Au même Philippe ordre de faire faire à « nostra filha Johaneta » un surcot chaperon d’été fourré. Le surcot fourré par les manches et pourpoint garni de lendac, le tout convenable. Le drap devra être de la valeur de 5 florins.

Fol. 108. Le vicomte envoie son bâtard à la Plume ou bien à l’endroit que son fils Bertrand ordonnera, avec ses gens, et ordonne à son receveur de l’approvisionner lui et ses compagnons et leurs chevauchées de ce dont il aura besoin raisonnablement.

Fol. 109. Même ordonnance pour ledit bâtard et ses compagnons en Brulhois. Les consulats payeront les fermes de l’an présent et, s’il le faut, avanceront celles de l’an prochain.

Fol. 134. Le receveur de Brulhois, Jean Pages, paye à noble Roger Bernard de Levis, seigneur de Mirepoix, sur la dot de Jeanne d’Armagnac, fille du vicomte, épouse de Jean de Lévis, fils dudit seigneur de Mirepoix, sur les 1.000 francs d’or payables à Toussaint, 13 avril 1372″ ((Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques. Section d’histoire et de philologie. Page 229 sqq. Éditeur : Comité des travaux historiques et scientifiques. Paris. 1898.)). Jeanne d’Armagnac, épouse de Jean III de Lévis, seigneur de Mirepoix, sera la mère de Roger-Bernard II de Lévis Mirepoix, marié en 1402 avec Jeanne de Voisins.