Atalante mène sa péniche

Lassée de Jason et des Argonautes,
oublieuse de la Toison d’or,
Atalante mène aujourd’hui sa péniche
sur le canal du Midi.
Arrivée à l’écluse du Fresquel,
les fantômes de Jeanne la Noire et des siens
sont là, qui l’attendent,
SANS TÊTES.
Ils ont été guillotinés en 1792,
à Carcassonne, sur la place des Halles.
Les jours de décembre,
SANS PAIN ni CHAUSSETTES,
sont durs aux miséreux.
Les ailes des moulins
Mais non, les moulins se sont envolés !
Le grain aussi, et les neiges d’antan.
Et si j’étais fantôme
moi aussi ?
Mais oui,
puisque je les vois,
que je les entends
et qu’eux ils me voient
et qu’ils m’entendent aussi !
Mais non,
c’est le soleil qui poudroie
sur les eaux,
c’est la RADIO qui grésille
sur le pont.
Ne pensons à rien, le courant
fait de nous toujours des errants
Et toi, le CHAT qui passe, furtif,
sur la rive,
QUO VADIS ?
Ma Colchide est devant,
à l’aplomb des ECLUSES.
La Toison, je la porte sur moi,
la chevelue
et la pubienne aussi.
Quand j’aurai franchi l’ESCALIER
de Neptune,
laissant derrière moi
les fantômes,
Jason, Riquet, Jeanne la Noire,
et Jean Vigo aussi,
j’irai de ce pas
à la MER,
j’y rencontrerai Hippomène,
nous nous aimerons,
STA VIATOR,
et nous serons des LIONS !