A propos de Coussa. 2. La population du village au XVIIe et au XVIIIe siècle

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Ci-dessus : le village de Coussa aujourd’hui.

1. Quelques données sur la population de Coussa au XVIIe et au XVIIIe siècle

Hormis la famille de Noble Manaud de Traversier, visitée de temps à autre jusqu’aux années 1650 par Noble Jacques d’Usson d’Ornolac ((Cf. Le 9 octobre 1604, baptême de Marguerite d’Usson, fille de François d’Usson et de Françoise de Niort. Parrain, Raymond de Niort. Marraine, Marguerite de Labat. Archives dép. de l’Ariège. Mirepoix. Document 1NUM6/5MI662 (1597-1658). Vue 35. Le 25 septembre 1645, baptême de Jacques Garril, né à la métairie de la Bordasse. Parrain, Noble Jacques d’Usson. Marraine, Damoiselle Magdeleine de Traversier. Archives dép. de l’Ariège. Coussa. Document 1NUM/192EDT/GG1 (1630-An III). Vue 75.)) et par Noble Gaspard de Lanapla ((Noble Gaspard de Lanapla est le descendant de Noble Jean de Lanapla, seigneur de Lasrives, qui a été nommé châtelain de Varilhes, le 2 novembre 1499, par la reine Catherine de Navarre, comtesse de Foix. « Cathalina, per la gracie de Diu, regine de Navarre, comtesse de Foix, senhore de Bearn, comtesse de Bigorre, à totz et sengles, qui las presens veyran, notifficam et fem à saber que Nos, confidans applen de la leautat, discrection et bone prodomie de nostre ben amat Johan de Lanapla, senhor de las Ribas, de nostre ville de Varilhes, lo medit senhor de las Ribas, lo jorn de hoey, juus scriut abem feyt, constituit, creat et ordenat, fem, constituim, cream et ordenam, per las presens, castelan et garde de nostre castet de Varilhes…« )), qui possèdent des biens dans la contrée et qui parrainent de temps à autre des enfants, le village de Coussa ne compte guère au XVIIe siècle que des brassiers, des cultivateurs et des métayers, un forgeron, un meunier, et le curé. Guillaume [Sicre] Lasbaysses, petit-fils de Noble Manaud de Traversier, sera dans le village, à la fin du XVIIe siècle, le seul habitant qualifié de « bourgeois ».

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Ci-dessus : vue du site du moulin, dans son état actuel.

Le registre paroissial mentionne l’existence du moulin dans un acte de baptême daté du 27 septembre 1632 ((Archives dép. de l’Ariège. Coussa. Document 1NUM/192EDT/GG1 (1630-An III). Vue 56.)). Jean Mirandel tient alors ce moulin. Jean Maris lui succèdera en 1703 ; puis Jacques Maris en 1729. Le même registre paroissial nomme les diverses métairies, les métayers, mais il n’indique pas qui sont les propriétaires des métairies concernées. La famille Garril tient à bail la métairie de la Bordasse ; les Sanson, la métairie de la Monge ; les Dupla, la métairie de Flote ; les Bellaud, puis les Lafourcade, la métairie de las Bousigues ; les Cathala, la métairie de Guilhamot ; les Mans, la métairie de Saint-Flouret ; les Cabanié, la métairie de la Fajolle. Les fils se trouvent reconduits dans le bail à la suite de leur père.

En 1698, le registre paroissial signale la présence au village du Sieur Antoine Saint-André, mousquetaire du Roi. En 1730, l’activité de Raymond Ponsat, tailleur d’habits. En 1719, le passage de Guillaume de Lingua de Saint-Blanquat, signataire avec Guillaume [Sicre] Lasbaysses de l’acte de mariage de Jean Faure, dit Barsac ou Bartac, et d’Anne Joffres ((Archives dép. de l’Ariège. Coussa. Document 1NUM/192EDT/GG1 (1630-An III). Vue 171.)). En 1743, l’installation de Jean Rouan, hôte.

Les habitants de Coussa, au début du XVIIe siècle, se nomment principalement Brembat, Carbonel, Carol, Cathala, Denjean, Durand, Dupla, Faure, Fourcade, Joffres, Mailhol, Mans, Moynié, etc. Puis viennent de Nalzen les Sicre Lasbaysses, qui délaisseront bientôt le Sicre pour se distinguer de l’autre Sicre, celui du forgeron du village, issu, semble-t-il, lui aussi de Nalzen, et lointainement peut-être son parent. Puis viennent les Cabanié, Figarol, Joanac, Malvezy, Mirc, Rescanière, Roubichou, Simorre, Saint-Pastoux, etc. ; enfin, dans les années 1740, les Rouan, et les Noyès, que, depuis longtemps déjà, l’on trouve aussi à Mirepoix.

Jusqu’aux années 1650, les habitants de Coussa se marient de préférence entre eux. Ils épousent ensuite des habitants d’Arvigna ; puis de Vira, Saint-Félix de Rieutort, Verniolle, Varilhes, Saint-Jean du Falga ; ou encore des Pujols, de Saint-Amadou, de Saint-Félix de Tournegat ; plus rarement quelqu’un de Nalzen, de Château-Verdun ou de Roquetaillade (diocèse d’Alet). Celui ou celle qui fait un « beau mariage » épouse quelqu’un de Pamiers.

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Archives dép. de l’Ariège. Coussa. Document 1NUM/192EDT/GG1 (1630-An III). Vue 95.

Dès la fin du XVIIe siècle, Antoine Pierre Sicre Lasbaysses, « bourgeois » de Coussa, donne le ton : il épouse Dame Françoise Barrié, de Pamiers. Le 15 juin 1682, il baptise Antoine Pierre, son premier fils, à Coussa. Celui-ci a pour parrain Monsieur Antoine Grezelle jeune, habitant de Fougax, et pour marraine, Demoiselle Marie de Barrié, de Pamiers. Au XVIIIe siècle, certains habitants de Coussa se tourneront aussi vers Mirepoix.

Jean Mans joue le rôle d’instance morale à Coussa jusqu’au 26 juin 1685, date de sa mort. Les Mans continueront dans cette voie jusqu’à la Révolution. Ils seront plusieurs fois consuls, avec les Cathala, les Mailhol et les Joffres. Les Sicre Lasbaysses, qui ont épousé deux des filles de Noble Manaud de Traversier, se distinguent dans le rôle de notables, et, jusqu’à la Révolution, ils tenteront de perpétuer dans leur posture le souvenir de l’ancêtre noble, mort en 1646.

2. Quelques faits relevés à Coussa au XVIIe et au XVIIIe siècle

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Le 15 juillet 1652, Arnaud Mailhol et Jean Mailhol, son frère, sont assassinés à coups de dague dans la nuit, sans qu’on en sache la raison.

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Archives dép. de l’Ariège. Coussa. Document 1NUM/192EDT/GG1 (1630-An III). Vue 18.

En 1654, observant une recrudescence de décès, l’abbé Pérez conclut le 30 juillet à l’effet d’une maladie contagieuse — une flambée de peste ? —, venue du château d’Ornolac ((Le château d’Ornolac était, à Verniolle, une maison forte construite entre 1460 et 1517. Détruit par les Protestants en 1621, il sera reconstruit à partir des pierres laissées par l’incendie de l’église.)). « La susdite Marguerite mourut à la Cabane, blessée [atteinte] à la cuisse droite. Sa mère la traîna à la fosse proche de la Cabane le samedi 1er août. La susdite Jeanne Despla est décédée à la Cabane le lendemain sur la minuit, blessée aussi à la cuisse droite, et elle a été ensevelie au même lieu, où sa mère l’a traînée. La susdite Jeanne de Malhol fut premièrement atteinte à la mamelle et cuisse droite et en est décédée. » Etc.

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Archives dép. de l’Ariège. Coussa. Document 1NUM/192EDT/GG1 (1630-An III). Vue 90.

En 1680, Marie Arnaude, femme venue du lieu du Carla, âgée d’environ cent ans, meurt à la tuilerie du sieur [Antoine] Lasbaysses.

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Archives dép. de l’Ariège. Coussa. Document 1NUM/192EDT/GG1 (1630-An III). Vue 143.

Le 9 janvier 1703, Pierre Barthes, de Varilhes, « meurt sur le grand chemin de Mirepoix, à cause des chemins effacés, comblés de neige. »

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Archives dép. de l’Ariège. Coussa. Document 1NUM/192EDT/GG1 (1630-An III). Vue 146.

Le 30 juillet 1704, Antoine Pierre Sicre Lasbaysses, « bourgeois » de Coussa, et Damoiselle Françoise Barrié déplorent la mort d’Antoine Pierre Sicre Lasbaysses, vingt-deux ans, leurs fils aîné, « ayant fait son cours en philosofie ». Maître Jean Courtinade, curé des Pujols, et Maître Daratier, curé de Verniolle, sont présents aux funérailles.

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Archives dép. de l’Ariège. Coussa. Document 1NUM/192EDT/GG1 (1630-An III). Vue 158.

Le 20 avril 1709, « une fille de parents inconnus est trouvée exposée sur le grand chemin de Varilhes et de Dalou, au-delà du pont du Crieu ».

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Archives dép. de l’Ariège. Coussa. Document 1NUM/192EDT/GG1 (1630-An III). Vue 171.

Au XVIIe siècle, le registre paroissial de Coussa ne comporte aucune autre signature que celle du curé. Le 20 février 1719, on relève pour la première fois, deux signatures autres. Il s’agit de la signature de Guillaume Lasbaysses, petit-fils de Noble Manaud de Traversier, et de celle de Guillaume de Lingua de Saint-Blanquat, lors du mariage de Jean Faure, dit Barsac ou Bartac, et d’Anne de Joffres.

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Archives dép. de l’Ariège. Coussa. Document 1NUM/192EDT/GG1 (1630-An III). Vue 203.

Le 19 juin et le 27 août 1743, c’est cette fois Patrice Sicre Lasbaysses, fils de Guillaume Lasbaysses, qui, présent à deux mariages, appose dans le registre paroissial sa signature, encore maladroite. Jusqu’à la Révolution, hormis les hommes de la famille Sicre Lasbeysses et, en 1754, Jean Mans, baile du village, les habitants de Coussa, requis de signer, disent « ne sçavoir ».

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Archives dép. de l’Ariège. Coussa. Document 1NUM/192EDT/GG1 (1630-An III). Vue 217.

Le 9 mars 1742, pour la première fois depuis 1630, date de sa création, le registre paroissial de Coussa mentionne la naissance et le baptême d’une enfant illégitime. Il en mentionnera trois autres encore avant la Révolution.

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Archives dép. de l’Ariège. Coussa. Document 1NUM/192EDT/GG1 (1630-An III). Vue 230.

Le 16 juin 1748 une femme qui allait à Tarascon en Foix meurt lors de son passage à Coussa.

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« Registre de l’année mille sept cent quatre vingt deux contenant les sépultures des personnes qui moururent d’une maladie appelée la suette, parce que en effet les gens furent beaucoup suants… » Archives dép. de l’Ariège. Coussa. Document 1NUM/192EDT/GG1 (1630-An III). Vue 277.

En mai 1782, l’Abbé Fages, curé de Coussa, est absent pour cause de maladie. Le curé de Saint-Félix, puis celui des Pujols le remplacent, car l’Abbé Fages, à cette date, n’a point de vicaires. A son retour, alors qu’il renseigne le registre des sépultures, l’Abbé Fages compte 9 morts entre le 11 mai et le 25 mai ! Jean Fourcade, époux de Paule Fourcade ; Raymond Fourcade ; Françoise Bert, épouse de Benoît Castanié ; Pierre ? [non nommé], métayer de la métairie de las Bousigues appartenant à Maître Castanié ; Claire Dupla, épouse de Julien Silve ; Jean Fourcade, époux de Jeanne Testonière, native d’Arvigna ; Jean Mailhol, époux de Marianne Mans ; Catherine Lasbaysses [née Marty, épouse d’Antoine Lasbaysses mort ci-après], de Coussa, native de Belpech, fille de Marty de Belpech ; Antoine Lasbaysses, fils de Guillaume Lasbaysses, dit Sicre, [et de Marie Flouret] [époux de Catherine Lasbaysses, morte ci-dessus]. Ces 9 malheureux paroissiens sont morts de la suette miliaire, maladie infectieuse épidémique mystérieuse qui a sévi d’abord à Castelnaudary et qui a touché ensuite le Languedoc tout entier. « Le remède principal était de se tenir comme on se tient dans une autre maladie, c’est-à-dire qu’il fallait changer de linge, prendre l’air, avec modération cependant, et boire et manger. Les sinapismes devenaient fort utiles », observe ci-dessus l’Abbé Fages. Thomas, chirurgien juré à Montfort en Languedoc, préconise, lui, « vin avec de l’helmenthocorthoumyrrhe, aloès, fleurs de sure ou absinthe, rhue, mélisse, racine de valériane » ((Archives et manuscrits de la Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine. 12 juin 1783. Cote SRM 137B. Dossiers 27-45 / dossier 34.)). Il ne semble pas que les remèdes du temps aient eu le moindre effet. La poussée épidémique s’est éteinte d’elle-même sans qu’on en connaisse à ce jour l’étiologie.

A suivre : A propos de Coussa. 3. De la famille Traversier à la famille Sicre Lasbaysses, puis à la famille Lasbaysses de Traversier.