Variation sur le thème de la révélation

 

Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent ; mais il disparut de devant eux. ((Luc, 24, 32))

Luc rapporte en ces termes comment les apôtres reconnaissent le Christ, un soir, à table, dans une auberge d’Emmaüs.

Chevillé à nos âmes, le besoin de révélation, même s’il demeure impossible à consoler, fait qu’il y a dans l’ordinaire de nos vies des moments où, sans prévision possible, nos yeux s’ouvrent et où nous reconnaissons quelque chose qui, dans le même temps, disparaît.

Il semble qu’il faille à ces moments une forme causative, laquelle doit être proprement une forme saturée. Schelling dit admirablement le rapport qu’une telle forme entretient avec l’infini :

Non l’absence de forme, mais ce qui dans soi-même est limité, ce qui par soi est clos et parfait, voilà l’infini véritable. Cet accomplissement interne de l’infini, imprimé dans le plus grand comme dans le plus petit, produit dans le singulier un type de contemplation et dans le tout un système de connaissance. ((Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling (1775-1854), Aphorismes, 17))

2 réponses sur “Variation sur le thème de la révélation”

  1.  » Connais-moi, ô passant, connais-moi !
    Je suis ce que tu crois et suis tout le contraire :
    La poussière sans nom que ton pied foule à terre
    Et l’étoile sans nom qui peut guider ta foi.

    Je ne suis pas telle qu’en apparence :
    Calme comme un grand lac où reposent les cieux,
    Si calme qu’en plongeant tout au fond de mes yeux,
    Tu te verras en leur fidèle transparence.

    […]

    Marie Noël, in Les Chansons et les Heures.

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