Le vent de la flûte

Rédigé par Christine Belcikowski Aucun commentaire
Classé dans : Poésie Mots clés : aucun

Soumet, soumis à la piété de l'adage ancestral,
          une foi, une loi, un roi,
pleurait la mort d'un souverain sans joie
qui mourut comme Socrate et vécut comme saint Louis.

Hugo troussait Margot à l'abri d'un rideau
avant de composer, fenêtres grandes ouvertes,
deux chansons de son Art d'être grand-père.
Les Mormons désireux d'avoir parmi eux des descendants
          de Victor Hugo
le priaient d'accepter, dixit Triboulet (1),
deux épouses jeunes et belles.

Lamartine, qui fut ministre
          trois mois,
se souvenait d'avoir ramé jadis sur le lac du Bourget
auprès d'une amante poitrinaire,
puis de s'être ruiné dans la politique
et d'avoir ainsi perdu sa maison.
Et l'ortie envahit les cours ! ...

Vigny, taciturne vigneron,
vendangeait dans sa tour
le fruit amer des antiques destinées.
Le vin qui en est tiré, il faut le boire
          sans parler.

Musset s'amusait à Venise
avant qu'au dernier acte du drame,
non point sa muse, mais la mort elle-même,
d'un grand coup d'aile, le pousse
          dans la lagune.
Attends ! Tire ces rideaux.

Baudelaire arborait la-la-lère
dans l’atelier d'un certain Félix
          Tournachon,
l’air pensif d’un vieux beau.

Heredia, natif de Cuba,
tirait à hue et à dia,
aux bords du monde
          occidental,
le charroi des conquérants
vers des étoiles lointaines.

Mallarmé s’en allait, mal armé, au devant du péril,
épris en vain du vierge,
          du vivace et du bel aujourd’hui
.

Rimbaud trouvait à son pauvre Verlaine,
          muni, oh ! la Bichke !
d'un mignon revolver de poche,
pan ! des yeux de verveine.

Lautréamont tras los montes
plaquait sur son piano,
dans une chambre très sombre,
des accords féroces.
          Horror et voluptas !
Les gémissements poétiques de ce siècle ne sont que des sophismes.

C'était le vent de la flûte
qui ne souffle qu'à l'oreille des enfants.

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1. Trop tard ! Les Mormons désireux d'avoir parmi eux des descendants de Victor Hugo le prient d'accepter deux jeunes épouses. Titre d'une estampe publiée dans le Triboulet en novembre 1783, soit deux ans avant la mort de Victor Hugo († 22 mai 1885).

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