Théodore Abu Qurrah, évêque de Harran. A propos de la vénération des icônes

pierre_sinai.jpg

 

Ci-dessus : Saint Pierre ; icône à l’encaustique peinte entre 580 et 620 ; monastère Sainte Catherine, dans le Sinaï.

Théodore Abu Qurrah (en arabe ثاوذورس أبي قرة Thaoudourous Abou Qourra) (v. 750-v. 830), évêque de Harran, est un théologien chrétien qui a vécu durant la première période de l’islam. Il est connu, dans les publications anciennes, sous le nom d’Aboucara ou Abou Kurra.

Né aux environs de 750 à Édesse, aujourd’hui Şanlıurfa, ville située dans le sud-est de la Turquie actuelle, il devient vers 795 évêque melkite ((Wikipedia : « Les Melkites sont des Chrétiens de rite byzantin qui ont rejoint l’Église catholique en 1724. »)) de Harran, ville située également dans le sud-est de la Turquie actuelle. Il est l’auteur de nombreux traités rédigés en grec, en arabe, ou en syriaque.

mandylion3.jpg

 

Ci-dessus : Le roi Abgar V recevant le Mandylion ; peinture à l’encaustique du Xe siècle ; monastère Sainte Catherine, dans le Sinaï. Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

A Edesse, Théodore Abu Qurrah a eu connaissance du mandylion, relique consistant en une pièce de tissu rectangulaire sur laquelle la Sainte Face aurait été miraculeusement imprimée du vivant du Christ et que Celui-Ci aurait fait apporter par l’apôtre Thaddée à Abgar V, roi d’Edesse, afin de le guérir de la lèpre, ou afin encore de l’aider à repousser l’envahisseur Perse.

thaddee_sinai.jpg

 

Ci-dessus : Thaddée ; icône à l’encaustique du Xe siècle ; monastère Sainte Catherine, dans le Sinaï. Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

Du IVe au VIIIe siècle, Edesse consitue le siège historique d’un premier art des icônes, tôt concurrencé par Byzance. Les icônes du temps sont peintes à l’encaustique sur support de bois.

Théodore Abu Qurrah est contemporain de la querelle de l’iconoclasme, qui débute en 730. C’est dans ce contexte fortement hostile qu’il rédige son traité De la vénération des icônes.

pantocrator_sinai.jpg

 

Ci-dessus : Christ Pantocrator ; icône à l’encaustique du VIe siècle ; monastère Sainte Catherine, dans le Sinaï. Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

Le texte qui suit provient du traité intitulé De la vénération des icônes. Théodore Abu Qurrah a composé l’original de ce traité en arabe.

« Comment blâmer les chrétiens qui représentent le visage du Christ aux moments de sa vie lorsqu’il accomplissait l’oeuvre de salut ainsi que les visages des saints en train de faire leurs exploits ? [N’ont-ils pas fait ces images] pour se souvenir du Christ [et des saints] et pour Lui rendre grâces d’avoir souffert pour notre salut et pour imiter les saints qui ont souffert par amour de Lui ? Car regarder leurs images, c’est comme regarder le Christ et les saints eux-mêmes, même si les images ne sont pas liées à eux.

Si quelqu’un dit que les noms ne sont pas comme les images, il parle à partir de son ignorance, car il ne sait pas que les lettres, les formes écrites, des noms sont la forme et la représentation pour les mots, que les mots sont les formes pour les pensées et que les pensées sont les formes pour les choses, comme le disent les philosophes.

Les images ne sont autres choses qu’une écriture claire que tous peuvent comprendre, qu’ils sachent lire ou non. Voilà pourquoi elles sont par conséquent meilleures que l’écriture, car l’écriture et les images sont des souvenirs des choses qu’elles représentent et les images sont plus efficaces que l’écriture, car elles permettent à ceux qui ne savent pas lire de comprendre et elles font comprendre plus facilement que les livres. » ((Sur la vénération des saintes images. Chapitre 12 – Le lien réel, mais non matériel, entre l’image et le prototype. § 12.3. La fonction évocatrice de l’image.))

vierge_majeste.jpg

 

Ci-dessus : Marie, mère de Dieu, trônant entre saint Théodore et saint Georges ; icône à l’encaustique du VI° siècle ; monastère Sainte Catherine, dans le Sinaï. Cliquez sur l’image pour l’agrandir.