« Qu’importe, dit le derviche, qu’il y ait du mal ou du bien ? Quand Sa Hautesse envoie un vaisseau en Égypte, s’embarrasse-t-elle si les souris qui sont dans le vaisseau sont à leur aise ou non ? — Que faut-il donc faire ? dit Pangloss. — Te taire, dit le derviche. — Je me flattais, dit Pangloss, de raisonner un peu avec vous des effets et des causes, du meilleur des mondes possibles, de l’origine du mal, de la nature de l’âme et de l’harmonie préétablie. » Le derviche, à ces mots, leur ferma la porte au nez. » ((Voltaire. Candide, chap. 30. Genève. 1759.))
Souris, qui sont dans le vaisseau,
ont leur façon de raisonner un peu
des effets et des causes, du meilleur des mondes possibles,
de l’origine du mal, de la nature de l’âme et de l’harmonie préétablie.
Elles lisent des livres,
quand elles ne les dévorent pas,
et, bien que que le derviche leur ait enjoint
de se taire,
elles pensent, donc se parlent à elles-mêmes,
en lisant.
Craignez, votre Hautesse,
craignez, derviche,
que les souris ne parlent entre elles
des livres qu’elles lisent.
De l’horrible danger de la lecture.
De la contrebande de la pensée.