Ci-dessus, de gauche à droite : 1. Nicolas Poussin. Les bergers d’Arcadie, ou In Arcadia ego. 1637-1638. 2. Dans un jardin d’Arvigna. Cliquez sur les images pour les agrandir.
A la vue de ce qui reste du grand cèdre, foudroyé par la tempête en janvier 2009 dans un jardin d’Arvigna, je me suis souvenue du tableau de Poussin intitulé Les bergers d’Arcadie, ou In Arcadia ego. Le souvenir suit ici, par effet d’analogie, de la forme du reste de tronc, qui s’apparente à un cippe funéraire ((Cippe : stèle en pierre de forme carrée ou ronde, portant une inscription ; monument funéraire, qui se présente sous la forme d’un pilier bas signalant l’emplacement d’une tombe et portant une inscription.)) et qui reconduit ainsi à l’imagination du tombeau antique.
Penchés sur un tombeau sis dans un décor agreste, les bergers d’Arcadie s’interrogent sur le sens de l’inscription qu’ils voient gravée en façade. La bergère, au premier plan, est grande et d’allure noble. Les bergers semblent attendre d’elle quelque approbation.
De plus près, on lit sur le tombeau : IN ARCADIA EGO. En Arcadie, moi aussi. Moi aussi ? De qui s’agit-il ? De la Mort même, qui suit de la vie, en Arcadie comme ailleurs ? Ou du peintre même, qui délègue à la peinture le soin d’être son Arcadie, et, au sein de cette Arcadie, d’être son tombeau à venir ? La question fait l’objet de controverses passionnées depuis le XVIIe siècle. Et qui est la bergère ? Si l’on pouvait questionner cette bergère !
Il n’y a plus aujourd’hui de bergers autour du tombeau. L’Arcadie s’est vidée. Reste, seul, le cèdre en forme de cippe. Et à déchiffrer l’écriture de l’écorce. Mais dit-elle autre chose que IN ARCADIA EGO ?