A Limoux. Une visite à la basilique Notre Dame de Marceille
Ci-dessus : vue de la voie pavée qui conduit à la basilique.
A Limoux, nous avons marché, par grand vent, de la porte Toulzane jusqu’à la basilique Notre Dame de Marceille. Marceille… Souvenir peut-être d’un certain Marcellus qui aurait tenu là, au temps de la Gaule romaine, une villa.
Au bord de la voie pavée, une fontaine, dite jadis fontaine de Marsilla, est alimentée par une source. Cette fontaine se trouve dédiée à la Vierge qui guérit les maux des yeux. MILLE MALI SPECIES VIRGO LEVAVIT AQUA. La Vierge a guéri par cette eau mille sortes de maux.
Au bout de la voie pavée, le clocher octogonal de l’église Notre Dame de Marceille, bâtie circa 1350 sur les restes d’une église antérieure, déjà dédiée à la Vierge.
Vue de l’esplanade du parc, devant la basilique.
Sur le mur de la basilique, à gauche du porche, un cadran solaire, assorti de l’inscription suivante : LAS QUÉ PASSOUN, TOURNOUN PAS MAÏ. Celles qui passent ne reviendront pas. Cette inscription remplace depuis 1962 une inscription plus ancienne, ainsi libellée :
OMNIS HOMO, OMNIA HORA
IPSAM ORA ET IMPLORA
EJUS PATROCINIA PSALLE PSALLE
NISU TOTO CORDIS ORIS VOCE VOTO
AVE PLENA GRACIA
Tout homme, à toute heure, qu’il La prie et qu’il implore d’Elle sa protection. Chante, chante, d’une voix résolue, celle de la prière qui vient tout droit du coeur : Ave, Pleine de Grâce !
Ci-dessus : le porche de la basilique.
« Le porche de la basilique présente un caractère monumental. Les piédroits de l’entrée extérieure se composent d’une série de boudins de diamètres inégaux, tous profilés en amande avec avant-bec méplat, et disposés suivant un double ébrasement. Les colonnettes possèdent des chapiteaux à bouquets de feuillage sur deux rangs. La porte qui s’ouvre sur la nef est séparée en deux parties par un trumeau orné d’une statue de la Vierge » 1Base Mérimée. Eglise Notre Dame de Marceille..
Ci-dessus : à droite du porche, ancien cadran solaire, dont le style manque.
Le portail de la basilique ainsi que la statue de Notre Dame à l’Enfant datent de la fin du XIVe ou du XVe siècle. Les vantaux, qui présentent des restes de polychromie, sont sculptés de deux étages d’arcatures trilobées. Décapités lors de la Révolution, la Vierge et l’Enfant ont fait l’objet d’une restauration tardive.
A l’extérieur comme à l’intérieur du portail, l’appareil de serrurerie date lui aussi de la fin du XIVe ou du XVe siècle.
Ci-dessus : vue de la figure animale qui orne la barre de fermeture, sur la face extérieure du portail.
Ci-dessus : autre figure animale sur la face intérieure du portail.
L’église abrite une nef unique, dite de type languedocien. Celle-ci, qui comprend cinq travées, se trouve bordée par deux chapelles latérales et donne sur un choeur tripartite, composé d’une abside et de deux absidioles pentagonales, plus basses. La voûte actuelle date de 1738. La couverture de l’église reposait auparavant sur une charpente apparente. Dans la nef, qui ne comporte aucune baie, à l’exception d’une rosace au sud-est, la pénombre règne. L’abside et ses absidioles, se trouvent, elles seules baignées par un jour blanc qui tombe des hautes fenêtres à vitraux. Vu depuis la pénombre de la nef, cette effusion lumineuse parle à l’âme, de façon doucement mystérieuse.
Dans la nef, au-dessus du portail surmonté de l’inscription MATER ET VIRGO, un tableau représentant La Conversion et le Baptême de Saint Augustin (XVIIIe siècle).
Sur le flanc droit de la nef, la chaire, datée de la fin du XIVe ou du XVe siècle. « Elle consiste en une chambre carrée ouvrant d’un côté sur l’extérieur, par une fenêtre à deux meneaux trilobée au sommet, et de l’autre, par une grande arcature en tiers point, sur l’église, du côté droit de la nef. De ce côté-là, une cuve engagée dans le mur fait encorbellement dans la nef. La cuve est de forme octogonale. L’accès de la chaire se fait par un escalier dans le mur débouchant dans la chambre carrée par une petite porte » 2Base Mérimée. Notre Dame de Marceille. Chaire..
Ci-dessus : vue de la chaire, éclairée de l’extérieur par une fenêtre à deux meneaux trilobée.
Près de la chaire, l’ombrellino aux couleurs du pape, appelé aussi pavillon ou gonfalon. Jadis destiné à la protection du pontife, il fait partie des quatre honneurs assignés aujourd’hui aux basiliques. L’église Notre Dame de Marceille a été élevée au rang de basilique mineure en 1905. Elle se trouve ainsi rattachée au trône de Saint Pierre à Rome par un lien éminent.
Ci-dessus : détail du pavement de la nef.
Ci-dessus : vue d’un motif peint sur le mur de la nef.
Ci-dessus : vue de la fenêtre qui éclaire, à droite de la nef, la chapelle Saint Joseph, autrefois dédiée à Saint Loup.
L’ancienne chapelle Saint Loup abrite, daté du XVIIe siècle, un buste-reliquaire du Saint éponyme.
Ci-dessus : dans l’ancienne chapelle Saint Loup, panneau en stuc peint exécuté par Perrin, sculpteur avignonnais, en 1743. Le panneau représente l’adieu de Saint Loup à sa femme, avant son entrée au couvent.
Ci-dessus : autre panneau exécuté par Perrin, celui-ci représente Saint Loup devenu évêque. Parmi la dizaine de Saint Loup dont les noms nous sont parvenus, celui-ci est probablement le plus célèbre d’entre eux, Saint Loup de Troyes († 478), invoqué jadis contre la possession du démon, la paralysie et l’épilepsie.
Ci-dessus : toujours dans l’ancienne chapelle Saint Loup, renommée au XVIIIe siècle chapelle Saint Joseph, retable de style baroque, dédié à Saint Joseph.
Ci-dessus : détail du retable de Saint Joseph
Ci-dessus : détail du pavement de la chapelle Saint Joseph.
Ci-dessus : Vierge dans la chapelle Saint Joseph.
Ci-dessus : Sainte Anne, dans la chapelle Saint Joseph.
Ci-dessus : motif peint au-dessus de la Sainte Anne de la chapelle Saint Joseph.
Ci-dessus : détail du pavement de la chapelle Saint Joseph.
Typiques de l’art baroque, le tabernacle et les statues de la Vierge à ‘Enfant, de Saint Pierre et de Saint Paul datent de 1718, date à laquelle, en vertu d’un décret de Pierre de Bonzi, archevêque de Narbonne, l’église se trouve administrée par les Frères Doctrinaires. A côté de l’église, les Frères ont établi alors un séminaire et une maison de missionnaires.
Sur le côté gauche du choeur, nous entrons maintenant dans la chapelle de la Vierge noire, où est exposée la statue qui, depuis le Moyen Age, attire les pèlerins.
La statue de la Vierge noire se trouve incluse dans un bas-relief de bois doré sur lequel figurent d’impressionnants atlantes engainés. De part et d’autres des atlantes, les panneaux représentent La naissance de Marie et La Présentation au Temple.
Ci-dessus : détail d’un atlante.
Ci-dessus : détail d’un autre atlante.
Ci-dessus : La naissance de la Vierge.
Derrière la grille se trouve renfermée une « statue de Vierge assise, dont le trône a disparu. La Vierge, dont les épaules sont recouvertes d’un manteau qui se relève sur son genou droit, porte une robe longue, d’où émergent l’extrémité des pieds chaussés. La tête de la Vierge est traitée de façon à recevoir une couronne. La Mère, de son bras gauche, tient assis sur son genou gauche l’Enfant Jésus, dont les mains ont disparu. La main droite de la Vierge a aussi disparu. La tête de l’Enfant a été remaniée. Ripolinée récemment, cette statue porte de nombreuses traces de vermoulure. Elle est habituellement présentée habillée d’une robe et d’un voile d’où émergent seulement les têtes de la Vierge et de l’Enfant » 3Base Mérimée. Limoux. Vierge à l’Enfant dite Notre Dame de Marceille..
La légende veut que la Vierge noire ait été trouvée dans la terre par un paysan du XIe siècle, exactement à l’endroit où l’église a été construite par la suite. Lointain objet de pèlerinage, cette statue a été volée à plusieurs reprises, dont, la dernière fois, en 2007. La tête de la Vierge ainsi que ses vêtements ont dû être remplacés.
Toujours dans la chapelle de la Vierge noire, une Vierge blanche s’élève au centre d’un retable baroque.
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Ci-dessus : un putto en altitude.
Ci-dessus : dans la nef, à proximité de la chapelle de la Vierge noire, des ex-votos.
Ci-dessus : dans la nef, une station du Chemin de Croix.
Ci-dessus : sur le mur de la nef, un motif peint en relief.
Ci-dessus : dans la nef, anges sur un candélabre.
Ci-dessus : dans la nef, putto sur un candélabre.
Peint par Sébastien Macoin, un tableau ex-voto représente l’incendie qui a ravagé une partie de Limoux en 1685, et la grande procession que les Limouxins ont conduite afin d’obtenir le secours de Notre Dame de Marceille 4Cf. Gérard Jean. 15 septembre 1685. Le plus terrifiant des incendies. Dans le quartier de la Toulzane, 126 maisons brûlent pendant trois jours. Les couvents des Augustins et des Trinitaires sont détruits..
Dehors l’église, avec ses contreforts puissants, a des allures de forteresse. Longtemps les pèlerins ont eu le droit de passer la nuit dans la nef.
Ci-dessus : vue de la basilique, côté nord.
Moins solennelle que le portail sud, la porte nord se souvient, elle aussi, des pèlerins de l’âge gothique.
References
↑1 | Base Mérimée. Eglise Notre Dame de Marceille. |
↑2 | Base Mérimée. Notre Dame de Marceille. Chaire. |
↑3 | Base Mérimée. Limoux. Vierge à l’Enfant dite Notre Dame de Marceille. |
↑4 | Cf. Gérard Jean. 15 septembre 1685. Le plus terrifiant des incendies. Dans le quartier de la Toulzane, 126 maisons brûlent pendant trois jours. Les couvents des Augustins et des Trinitaires sont détruits. |
C. at 13 h 52 min
Bravo, superbes et intéressants reportages !