A Toulouse, au musée des Abattoirs, Antoni Tàpies parla, parla

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Dans une structure conçue par Guillaume Leblon en 2012 et intitulée « Je jouais avec les chiens et je voyais le ciel et je voyais l’air », installation de trois sculptures, porte, fauteuil, matelas, emblématiques de l’art de Tapies.

Antoni Tàpies i Puig (1923-2012), né et mort à Barcelone, est d’abord et avant tout un Catalan revendiqué. La catalanité condense et déplace, chez lui, toutes les valeurs possibles du sacré. De façon puissamment politique, elle mobilise le souvenir des horreurs de la guerre civile espagnole et du franquisme, au service d’un art qui se veut offensif dans le choix de ses moyens, en vertu de son caractère autrement pensé. On notera que c’est dans les années 1940, à la suite d’une grave maladie pulmonaire, que Tapies rompt avec les moyens traditionnels des beaux-arts et commence de faire entrer dans la peinture, ainsi rendue indistincte de la sculpture, divers linges, vêtements et objets. Le petit monde de la quotidienneté trouve à montrer là, sous les dehors d’une sorte d’assomption, tendre et cruelle à la fois, ce qu’il y a derrière… Derrière l’alliance de l’Eglise et Franco, la torture, la corde. Derrière le beau linge, la guenille. Derrière la comédie des apparences, la vraie vie, le blau du ciel, le llit, la cadira, le matalàs, les tovallons (noeuds de serviette) de la table familiale. Derrière la belle peinture, le bastidor, le châssis, l’insignifiance de la matière. Annonciateur de l’Arte povera des années 1960, Tàpies l’est aussi de l’art conceptuel, via les signes, lettres, chiffres, flèches, et autres messages, inscrits à l’envers, dont il sème résolument son travail.

Ci-dessous : quelques photos, prises au musée des Abattoirs à l’aune d’un regard forcément subjectif.

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Tàpies. Llibre.1940-1943.

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Tàpies. Autoretrat. 1940-1943.

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Tàpies. Autoretrat. 1940-1943.

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Tàpies. Bisbe (évêque) /serie Història natural. 1950-1951.

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Tàpies. Llit maró. 1960.

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Tàpies. Tela encolada. 1961.

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Tàpies. Pintura bastidor (châssis). 1962.

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Fusta amb samarreta (bois et maillot de corps). 1971.

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Tàpies. Ganivet i trossos de cartó (couteau et bouts de carton). 1971.

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Tàpies. Pintura romànica i barretina (peinture romane et barretine). 1971.

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Tàpies. Blau enblemàtic. 1971.

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Tàpies. Tovallons plegats (noeuds de serviette). 1973.

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Tàpies. Ventall-cine (éventail-cinéma). 1977.

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Tàpies. Parla, parla. 1992.

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Tàpies. Metall i ampolla (métal et ampoule). 1993.

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Ascens-descens. 1997.

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Tàpies. Dues cadires (deux chaises). 2009.

Perplexe, vaguement irritée, c’est ainsi que je suis ressortie de l’exposition Tàpies. Du concept, du politique, de la matière, de la parole, sûr, il y en a là. Un guide oeuvrait dans l’exposition à instruire de la vie et de l’oeuvre de Tàpies un groupe de visiteurs médusés. Il déclinait à cette occasion toutes sortes d’explications à forte teneur conceptuelle. Je l’ai trouvé très brillant. Parla, parla, dit Tàpies. Mais quid d’un art qui, pour parler, nécessite du regardeur qu’il connaisse d’abord l’histoire de l’artiste et celle de l’art contemporain ? Faute de cette connaissance, la chose vue, telle que Tàpies la propose au regardeur, demeure ingrate. Une telle remarque peut passer pour philistine. Tant pis.

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  • Gironce at 15 h 17 min

    Ô combien je vous rejoins Christine ! Je suis aussi philistin en l’occurrence, et je n’ai aucune envie de me soigner.

  • LaBaronne at 0 h 42 min

    que répondre ? j’ai beaucoup aimé les « oeuvres » – peut-être rendent-elles mieux en photo qu’en réalité ? c’est possible – en tous cas moi qui n’ai pas l’occasion d’aller à Toulouse je te dis merci