A la cathédrale de Mirepoix. Le décor du portail
Ci-dessus : trilobes inscrits dans une forme ogivale. « Trilobe, ou trèfle : nom que l’on donne à un membre d’architecture de forme géométrique, obtenu au moyen de trois cercles dont les centres sont placés aux sommets des angles d’un triangle équilatéral. À dater de la fin du XIIe siècle jusqu’au XVIe, on s’est beaucoup servi de cette figure dans la composition des meneaux, des roses, des arcatures, et en général des claires-voies. Quelques auteurs ont voulu voir dans cette figure un symbole. Rien ne vient appuyer cette opinion. Le trèfle résultait tout naturellement de l’emploi, très fréquent, du triangle équilatéral, dans l’architecture du Moyen Age, comme figure génératrice ». 1Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle. Trèfle.
Ci-dessus : fleurons. « Le fleuron n’apparaît dans l’architecture qu’au XIIe siècle, c’est-à-dire au moment où l’architecture va chercher l’ornementation de ses édifices dans la flore des campagnes. 2Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle. Fleuron.
Ci-dessus : orné d’un écu installé sous l’épiscopat de Philippe de Lévis (1493-1537) et marqué de la devise de ce dernier : Spes mea Deus, Mon espoir est en Dieu, support d’une statue, disparue depuis la Révolution. Les armoiries, qui ont été martelées pendant la Révolution, étaient celles de l’évêque.
Oublié par la Révolution, le seul exemplaire non martelé du blason de Philippe de Lévis qui subsiste dans la cathédrale se trouve dans la chapelle du labyrinthe, dite chapelle Sainte Agathe, située au-dessus du portail nord. On reconnaît sur la photo la crosse épiscopale ainsi que les trois chevrons de la maison de Lévis Mirepoix.
Ci-dessus : encadré de sirènes, support d’une autre statue installée par Philippe de Lévis et disparue, elle aussi, pendant la Révolution. Le bassin de pierre de la fontaine qui subsiste à Mazerette, dans le parc de l’ancienne résidence d’été des évêques de Mirepoix et qui a été commandé par Philippe de Lévis à l’architecte sculpteur toulousain Jean Rancy (1502-1578), était supporté jadis par trois tritons et comportait également en son centre une sirène. 3Cf. La dormeuse blogue : Souvenirs de Mazerettes.
J’emprunte à la belle étude de Jacqueline Leclercq-Marx, La sirène dans la pensée et dans l’art de l’Antiquité et du Moyen Age, les hypothèses qui semblent convenir ici, concernant le symbolisme des sirènes de Philippe de Lévis. Les sirènes pourraient être associées au symbolisme de l’Océan primordial et à celui du raz-de-marée avant-coureur de l’Apocalypse. Certains historiens de l’art préfèrent parler de « néréides ». Les sirènes seraient dès lors cousines des tritons soufflant dans une conque, personnifications de l’Océan ou des Vents. Elles seraient associées encore aux fleuves du paradis et surtout à la mer céleste dont elles paraissent constituer un élément traditionnel.
Ci-dessus : encadré par deux personnages représentatifs de la société civile, autre support d’une statue, disparue bis repetita pendant la Révolution. On ne dispose d’aucune documentation concernant les armoiries représentées sur ce blason ainsi que sur le blason ci-dessus.
Caractéristiques de l’art des XIIe, XIIIe, et XIVes siècle, la frise de trilobes ainsi que le décor de fleurons pourraient dater de l’épiscopat de Pierre de Lapérarède (1343-1349). Philippe de Lévis, quant à lui, « a faict eslever portal et entrée de ladite église fort magnifiquement, à personnaiges de sainctz, fimbries 4Fimbrie : bordure, frange ; fimbrié : à bords découpés finement en minces lanières filiformes, formant une frange., et autres entalheures, le tout à pierre de tailhe » 5Cité par Gratien Leblanc, in « Histoire d’une cathédrale : Saint Maurice de Mirepoix ». Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, tome XXXIX, 1974-1975.. L’historien Gratien Leblanc suppose que ces embellissements ont dû être mis en oeuvre à partir de 1497.
References
↑1 | Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle. Trèfle. |
↑2 | Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle. Fleuron. |
↑3 | Cf. La dormeuse blogue : Souvenirs de Mazerettes. |
↑4 | Fimbrie : bordure, frange ; fimbrié : à bords découpés finement en minces lanières filiformes, formant une frange. |
↑5 | Cité par Gratien Leblanc, in « Histoire d’une cathédrale : Saint Maurice de Mirepoix ». Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, tome XXXIX, 1974-1975. |
Gironce at 13 h 02 min
Ces sortes de feuilles de pied d’artichaut, situées sous la devise de l’évêque, ressemblent étonnamment à certaines sculptures des chapiteaux de la cantine scolaire…Il y aurait là une piste…
Gironce at 13 h 12 min
Je ne vois pas comment Pierre de Lapérarède aurait pu intervenir sur ce portail, vu qu’il était mort depuis longtemps, quand il fut élevé. Lapérarède a fait bâtir le chevet de la cathédrale, c’est tout, et c’est beaucoup.
La dormeuse at 14 h 36 min
Et sous l’épiscopat de Guillaume du Puy (1405-1433) qui a déplacé le mur nord ?