A Foix, dans l’abbatiale Saint Volusien, la Pêche miraculeuse

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Identification du tableau : 271 09. Foix. Eglise Saint Volusien. Tableau : La Pêche miraculeuse. C. Roques (peintre). 1er quart 19e siècle. 1979/11/20 : classé au titre objet propriété de la commune. © Monuments historiques, 1992. PM09000863.

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Ci-dessus : vue du même tableau, avec un jeu de lumière, vers 11 heures du matin dans l’abbatiale Saint Volusien.

Intitulé La Pêche miraculeuse, ce beau tableau tire son inspiration de l’épisode éponyme, rapporté dans l’évangile de Luc, au chapitre 5, versets 1 à 11. Conformément à la leçon évangélique, le peintre représente « deux barques », le filet « qui se rompait », et Simon Pierre « qui tombe aux genoux de Jésus ».

« Comme Jésus se trouvait auprès du lac de Génésareth, et que la foule se pressait autour de lui pour entendre la parole de Dieu, il vit au bord du lac deux barques, d’où les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. Il monta dans l’une de ces barques, qui était à Simon, et il le pria de s’éloigner un peu de terre. Puis il s’assit, et de la barque il enseignait la foule. Lorsqu’il eut cessé de parler, il dit à Simon : avance en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher. Simon lui répondit : Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre; mais, sur ta parole, je jetterai le filet. L’ayant jeté, ils prirent une grande quantité de poissons, et leur filet se rompait. Ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l’autre barque de venir les aider. Ils vinrent et ils remplirent les deux barques, au point qu’elles enfonçaient. Quand il vit cela, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus, et dit : Seigneur, retire-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur. Car l’épouvante l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la pêche qu’ils avaient faite. Il en était de même de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Alors Jésus dit à Simon: Ne crains point; désormais tu seras pêcheur d’hommes. Et, ayant ramené les barques à terre, ils laissèrent tout, et le suivirent. »

L’auréole qui nimbe la tête du Christ laisse augurer du seconde épisode de pêche miraculeuse qu’on trouve rapporté dans l’évangile de Jean, au chapitre 21, versets 1 à 25, et qui intéresse l’une des apparitions du Christ ressuscité.

« Jésus se montra encore aux disciples sur les rives du lac de Tibériade. Voici de quelle manière il se montra. Simon Pierre, Thomas, appelé Didyme, Nathanaël, qui venait de Cana en Galilée, les fils de Zébédée et deux autres disciples de Jésus se trouvaient ensemble. Simon Pierre leur dit : Je vais pêcher. Ils lui dirent : Nous allons aussi avec toi. Ils sortirent et montèrent dans une barque, mais cette nuit-là ils ne prirent rien. Le matin venu, Jésus se trouva sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. Il leur dit : Les enfants, n’avez-vous rien à manger ? Ils lui répondirent : Non. Il leur dit : Jetez le filet du côté droit de la barque et vous trouverez. Ils le jetèrent donc et ils ne parvinrent plus à le retirer, tant il y avait de poissons.

Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : C’est le Seigneur ! Dès qu’il eut entendu que c’était le Seigneur, Simon Pierre remit son vêtement et sa ceinture, car il s’était déshabillé, et se jeta dans le lac. Les autres disciples vinrent avec la barque en tirant le filet plein de poissons, car ils n’étaient pas loin de la rive, à une centaine de mètres. Lorsqu’ils furent descendus à terre, ils virent là un feu de braises avec du poisson dessus et du pain. Jésus leur dit : Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre. Simon Pierre monta dans la barque et tira le filet plein de cent-cinquante-trois gros poissons à terre ; malgré leur grand nombre, le filet ne se déchira pas. Jésus leur dit: Venez manger ! Aucun des disciples n’osait lui demander : Qui es-tu ? car ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approcha, prit le pain et leur en donna ; il fit de même avec le poisson. C’était déjà la troisième fois que Jésus se montrait à ses disciples depuis qu’il était ressuscité. »

Le tableau comporte une signature, difficile à photographier, car il se trouve accroché très en hauteur.

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Ci-dessus : la fiche de classement du tableau indique que la signature est celle de « C. Roques ». Sur la photo ci-dessus, on lit après le nom « Roques » une date qui pourrait être 1820 ou 1826.

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Toulouse. Paroisse de Saint-Etienne, baptêmes, mariages, décès : 1757. (collection communale).

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Ci-dessus : Joseph Roques, Jeux nautiques sur la Garonne, à Toulouse [près du pont Neuf], en présence de l’empereur Napoléon Ier, 1808.

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Ci-dessus : Joseph Roques, La Visitation, entre 1816 et 1820 ; Toulouse, musée des Augustins.

On connaît bien en Midi-Pyrénées l’oeuvre du peintre Joseph Roques (1757-1847), né à Toulouse le 4 août 1857, mort à Toulouse en 1847. D’abord élève de Jean Pierre Rivalz à Toulouse, puis de François André Vincent à Paris, Joseph Roques a été ensuite directeur de l’Académie de Montpellier (1783-1786) en remplacement de Jacques Gamelin, puis professeur à l’Académie des Arts de Toulouse jusqu’à sa mort.

Joseph Roques est le père de Guillaume Roques (1778-1848), né et mort à Toulouse, peintre lui aussi. L’oeuvre de Guillaume Roques demeure mal connue. On localise aujourd’hui deux tableaux : Saint François-Solan évangélisant les Indiens, conservé dans l’église Notre Dame de l’Assomption, à Montauban ; et le Portrait de Jeanne Françoise Criq, femme Lussan, initialement conservé à la chapelle Saint Exupère de Blagnac, aujourd’hui exposé à l’Hôtel de ville de Blagnac. La base Mérimée indique que le Saint François Solan évangélisant les Indiens comporte une signature et une date, peintes sur l’oeuvre, en bas à gauche : « G. ROQUES 1833 ». Je n’ai malheureusement pas trouvé de reproduction de ce tableau.

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Base Leonore. Cote : LH/2382/1. N°de notice : L2382001.

On ne connaît en revanche aucune oeuvre d’un peintre méridional du nom de C. Roques, sinon naguère une Vierge à l’Enfant au ciel, conservée à l’église Saint Michel de Cordes, « achetée 1000 F. en 1843 par l’abbé Séré de Rivière, alors curé de Cordes, à Joseph Roques. La toile porte l’inscription peinte « Cher Jph Roques » – soit : Chevalier (de la Légion d’Honneur) Joseph Roques –, « peint âgé de 86 ans – 1843 ». Robert Manuel, membre de la Société Archéologique du Midi de la France signale « qu’il a été demandé au préfet du Tarn de lever l’ambiguïté introduite dans l’attribution du tableau » 1Cf. Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France. Tome LXI (2001).

La signature qui figure sur La Pêche miraculeuse conservée à l’abbatiale Saint Volusien de Foix et qui comporte la date de 1820 ou 1826, ne peut pas être « Cher Jph Roques » (Chevalier (de la Légion d’Honneur) Joseph Roques, puisque c’est en 1841 que Joseph Roques a été fait chevalier de la Légion d’honneur.

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Signature de Joseph Roques sur La mort de Marat, 1793.

La signature de Joseph Roques, telle qu’on peut la lire sur La mort de Marat, ne semble pas correspondre à celle qu’on trouve sur La Pêche miraculeuse de l’abbatiale Saint Volusien à Foix.

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Ci-dessus : signature attribuée à « C. Roques ».

Il semble au vu de la signature reproduite ci-dessus que La pêche miraculeuse de l’abbatiale Saint Volusien soit une oeuvre de Guillaume Roques, et non d’un supposé « C. Roques ». Le « C » du « C. Roques » proviendrait alors d’une mauvaise lecture de « G. Roques ».

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