A Foix, la maison aux atlantes

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Ci-dessus : à Foix, la maison aux atlantes.

Dans un commentaire posté aujourd’hui sur ce blog, Jacques Gironce évoque « le bel immeuble » situé sur le côté gauche de l’église Saint Volusien à Foix, avec « ses atlantes admirables, probablement de Virebent ; à débarbouiller ! »

J’ai cherché, l’an dernier, à en savoir plus sur l’immeuble en question. J’ai remarqué l’air de ressemblance qu’il présente avec l’hôtel des marchands, ou immeuble aux cariatides, construit à Toulouse, au n° 28 de la rue des Marchands, par Auguste Virebent dans les années 1830.

Le site Patrimoines.MidiPyrenees.fr consacre à l’hôtel toulousain la description suivante :

 

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Ci-dessus : à Toulouse, la maison aux cariatides.

« Datation principale : 2e quart du 19e siècle.
Auteur de l’oeuvre : Virebent Auguste (architecte).
Justification de l’attribution : signature ; attribution par travaux historiques.
Commentaire historique :
L’édification de l’immeuble aux cariatides résulte à la fois de la politique d’alignements des rues toulousaines menée par la ville et du succès des décors en terre cuite produits en série : en cela, il est caractéristique de l’architecture toulousaine de la 1e moitié du 19e siècle. Sa construction à la fin des années 1830 est due à l’élargissement de la rue des Marchands, évoquée par le Journal de Toulouse en 1834. L’immeuble est conçu par Auguste Virebent, le gendre du propriétaire Bertrand Miégeville. L’architecte créé un décor éclectique et exubérant produit par sa fabrique d’ornements en terre cuite. En plus des colonnes, pilastres, frises et corniches, le premier étage est orné de douze cariatides inspirées de celles de Jean Goujon à la tribune du Louvre. Les moulures des arcs et des corniches ont été produites grâce à un procédé mécanique. La composition de l’immeuble est quant à elle assez courante : les grandes arcades du rez-de-chaussée sont divisées en deux niveaux de boutiques, au dessus desquels s’élèvent deux étages nobles et un étage attique. L’immeuble a été restauré en 2006.
Notice succincte : L’hôtel de la rue des Marchands, dit immeuble aux cariatides, est élevé par Auguste Virebent à la fin des années 1830. Ce dernier introduit à Toulouse un nouveau style caractérisé par des formules éclectiques, fantaisistes, empruntant leur vocabulaire décoratif aux façades de la Renaissance ou du 17e siècle. Cette richesse ornementale a été rendue possible grâce à la production en série d’ornements en terre cuite dans la briqueterie de la famille Virebent : un luxe à prix réduit qui a beaucoup séduit la bourgeoisie toulousaine de l’époque. »

Consulté à propos de la façade à atlantes de l’immeuble fuxéen, Bruno Tollon, Professeur émérite d’Histoire de l’Art moderne à l’Université de Toulouse-Le Mirail, formule les observations ci-dessous :

Cette façade parfaitement conservée illustre les compositions propres au néo-classicisme; ici, les figures du dernier étage nous placent vers 1830, quand, après en avoir fait le moulage au Louvre, les Virebent vont multiplier les façades à cariatides (à Toulouse, à Montauban et ailleurs). Il faudrait pouvoir vérifier si les sculptures sont des terres cuites peintes en marbre ou des pierres et si le dernier étage a été ajouté ou pas. Les consoles du balcon attestent le recours à une formule à canaux apparue vers 1770-80 pour le nouveau style « à la grecque » marquant le retour au « grand goût » de la fin du XVIIIe siècle (à Paris la génération de Ledoux, Gondouin, Cherpitel…). Foix doit avoir d’autres maisons de ce type ; c’est le style de Saget pour les maisons des quais de la Garonne à Toulouse. »

Revenant un peu plus tard sur le sujet, Bruno Tollon ajoute à propos de la façade de l’immeuble fuxéen, dont le revêtement se soulève et s’écaille par endroits, laissant paraître ainsi le bois qu’il masque : « le bois couvert de stuc confirme bien la date de 1830. »

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  • Jacques Gironce at 21 h 11 min

    Je dois me rattraper et dire que l’abbatiale St. Volusien a tout de même quelque chose d’assez extraordinaire : son portail roman. Il est qualifié d’outrepassé, par les spécialistes en architecture. Ce style nous viendrait peut-être de l’époque wisigothique… Le demi-cercle de son arc continue au-delà de son diamètre: profil des tunnels routiers ou ferroviaires. Il paraît que ce serait plus solide.
    Il a été très bien restauré. On peut en admirer d’autres dans notre région, Albi, Carcassonne, etc.
    Mais il manque encore beaucoup de campagnes de travaux, y compris la remise en forme des parties supérieures disparues des contreforts de l’abside, tels ceux de Laroque, comme le souhaiterait l’architecte des Bâtiments de France. Mais c’est une autre histoire…