A Mirepoix, la santé du petit homme historique

 

Le but du jeu, lorsque nous allons boire un verre sur la place, c’est de viser, au couchant de la dite place, la table installée à l’aplomb du petit homme historique. L’historicité revêt ici un visage amusant, en son naturel simple et ordinaire.

Attention, le jeu ne va pas sans risques : installée à l’aplomb du petit homme historique, la table l’est aussi à l’aplomb des pigeons qui hantent le bord du toit, au-dessus de la maison des têtes. Une fiente est vite arrivée, en étoile sur la table ou sur le col d’une veste toute moderne ! Mais, le risque fait partie du jeu. Le rire de la nature, aussi.

A propos de rire, la santé du petit homme historique ici fait plaisir à voir. Certes le bois a souffert du passage des siècles, mais les colhones demeurent, bien visibles en leur verte jeunesse. Je songeais par effet de comparaison au sort de ce malheureux dont, après qu’il l’eut secourue sur une plage, où elle gisait à demi morte, seule rescapée d’un naufrage, la Vieille recueille le récit, dans le Candide de Voltaire :

Je suis né à Naples, me dit-il ; on y chaponne deux ou trois mille enfants tous les ans ; les uns en meurent, les autres acquièrent une voix plus belle que celle des femmes, les autres vont gouverner des états. On me fit cette opération avec un très grand succès, et j’ai été musicien de la chapelle de madame la princesse de Palestrine.

Il me conta aussi ses aventures, et m’apprit comment il avait été envoyé chez le roi de Maroc par une puissance chrétienne, pour conclure avec ce monarque un traité par lequel on lui fournirait de la poudre, des canons, et des vaisseaux, pour l’aider à exterminer le commerce des autres chrétiens. Ma mission est faite, dit cet honnête eunuque; je vais m’embarquer à Ceuta, et je vous ramènerai en Italie. – Ma che sciagura d’essere senza coglioni ! ((Voltaire, Candide, XII))

4 réponses sur “A Mirepoix, la santé du petit homme historique”

  1.  » La distinction dont bénéficie la Maison des Consuls se justifie par les ornements dont elle est seule parée. Toutes les solives du rez-de-chaussée, sculptées en bout, présentent, sur trois rangées, des têtes d’animaux imaginaires, des figures humaines grimaçantes mais d’une grande richesse d’expression et, ça et là, un corps d’homme dans une posture pour le moins audacieuse.  » (Marcel Prudent)

    Ah ! Qu’en termes galants ces choses-là sont mises …

  2.  » Sur la face extérieure de plusieurs piliers s’accrochent des ours et des singes qui, sans souci de la civilité puérile et honnête, s’exhibent de différentes façons.  »
    Félix Pasquier, Mirepoix et ses environs, sans date, page 36.

  3.  » Nullement inquiétés par ce noble voisinage [ celui de la tête de feuilles], séparés par une tête où l’érosion n’a respecté qu’un mufle et deux gros yeux saillants, deux sujets dans des poses acrobatiques ne craignent pas de nous montrer de façon fort irrévérencieuse qui son postérieur, qui ses attributs masculins ; la scène tourne à l’obscénité et c’est pourtant l’un des sujets placé exactement au centre de la maison, au-dessus de l’entrée primitive, là où l’on attendait un écu, quelque heureux assemblage de lettres, un symbole quelconque donnant une indication sur les maîtres de la maison ! Et l’on est évidemment déçu.  »
    Gratien Leblanc, La  » Maison des Consuls  » de Mirepoix, in Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, tome XXXVIII, pages 109-110.

  4. Petit addendum : en légende pour ce  » petit homme historique  » (c’est décidément la formule qui me plaît le plus ! … ) sur son relevé schématique des sculptures de la Maison des Consuls, Gratien Leblanc a écrit  » Acrobatie obscène « . (ibidem, page 125)

Laisser un commentaire