Au bord de l’Hers en novembre

Seul jardinier, au pied du château de Terride, le vieux Chronos s’inquiète des légumes et roule sa brouette. ((Silènes, Seul jardinier))

La passerelle est sous la feuille. Tu finiras lierre terrestre. ((Silènes, Au mandement de la traverse))

A pas de loup, dans le détour de la gent verte. ((Ibidem))

Rives désertes.

Ombres obliques.

On a marché sur le globe terraqué.

L’espace est courbe.

Belle enfant.

Beau requin. Nage dans l’Hers toute l’année.

La dormeuse et son ombre. Mère de la belle enfant, du beau requin, et de trois autres belles créatures encore, que l’on ne voit pas ici.

Belles pierres, qui sont là, avec d’autres, sous les yeux de tout promeneur des rives, et dont personne n’a su me dire d’où elles proviennent.

Rives sereines.

Oiseaux de passage.

Oiseaux à tire d’aile. Images de la vie belle.

Jours d’octobre

Le soleil brille, mais l’air devient plus frais, les couleurs plus transparentes. La serviette fétiche des hommes de la maison semble plus pâle. Un rayon jaune et doux caresse sur le rebord de ma fenêtre une photo souvenir des années Angoulême.

J’ai pris cette photo mardi après-midi. Les préparatifs de la Fête de la Pomme débutaient. Le taureau a été ensuite entièrement revêtu de pommes rouges, jaunes, vertes. L’odeur du fruit planait déjà dans l’air. Et les fruits passeront la promesse des fleurs.

J’aime photographier la nuit, les fenêtres qui s’allument, les reflets d’une maison qui berce le soir son mystère.

Jeudi matin. J’attends sur le cours du Colonel Petitpied le passage du bus de 8h03. Il est toujours à l’heure, celui-là. Bien qu’il fasse déjà jour, la lumière des réverbères s »attarde. Cet éclairage habille la perspective d’une couleur cinéma, que j’ai envie d’appeler le chien et loup du matin. Mais le loup demeure ici pure fiction, car il n’y a pas de loups à Mirepoix.

Sous la croix verte, la pharmacie indique l’heure et la température. Je m’y intéresse de façon neuve quand j’attends le bus. Je pars à Pau pour le week-end.

Le bus arrive à l »heure, comme prévu. Il débouche sans faire de bruit du coin de la rue, comme dans les rêves.

Le train m’emporte vers Pau. J’ai pris cette photo par la fenêtre alors que nous passions aux environs de Lanne. J’avais, dans mes lectures de jeunesse, une passion pour Le pays du dauphin vert d’Elizabeth Goudge. Il n’y a certes pas de dauphin ici. Mais il y a ce vert des prairies heureuses, images du paradis.

A bientôt. Je reviens ce dimanche soir.