Un sonnet de Goudouli
Johann Walter (1604-1676), chouette effraie et grand-duc, in Dessins d’oiseaux, quelques-uns exotiques, en couleurs, à la gouache et à l’aquarelle, folio 21.
Hiér tant que le Caüs, le Chot é la Cabéco
Trataon à l’escur de lours menuts afas,
É que la tristo néyt per moustra sous lugeras
Del gran calel del Cél amagabo la méco.
Un Pastourét disio, b’é fayt uno grand péco,
De douna moun amour a qui non la bol pas,
A la bélo Liris, de qui l’amo de glas
Bol randre pauromen ma persuto buséco.
Mentre que soun troupél rodo le coumunal,
Teu soun anat cent cops li parla de moun mal ;
Més la cruélo cour a las autros pastouros.
Ah ! Soulel de mous éls, se jamay sur toun sén
Yeu podi sourrupa dous poutéts à plazé,
Yeu faré ta gintet que duraran très houros. 1Las Obros de Pierre Goudelin.
Hier, pendant que le Chat-huant, le Hibou et la Chevêche traitaient, dans l’obscurité de la nuit, de leurs menues affaires, et que la triste nuit, pour montrer ses étoiles, du grand calel du Ciel mouchait la mèche,
Un berger disait, il faut avouer que j’ai fait une grande faute d’avoir donné mon amour à qui n’en veut point, à la belle Liris dont l’âme de glace veut rendre, ô pauvre, ma poursuite vaine.
Pendant que son troupeau paît dans le communal, je suis allé cent fois lui parler de mon mal ; mais la cruelle court auprès des autres bergers.
Ah ! Soleil de mes yeux, si jamais sur ton sein je peux sucer deux baisers à mon aise, je les savourerai si bien qu’ils dureront trois heures.
Monsieur M***, préfacier des Obros de Pierre Goudelin, propose une traduction du sonnet reproduit ci-dessus. Il développe à cette occasion un très joli commentaire, dans lequel il s’attache à montrer ce que l’expression chez Goudouli a de vivacité et de grâce naturelle. Mais, dans sa traduction, il s’éloigne parfois du vif du sens littéral. Je me suis essayée, pour ma part, à rétablir ce sens-là.
Le sonnet en question a effectivement quelque chose de vif. Que les âmes sensibles toutefois se rassurent. « Liris, dit le préfacier, est le nom feint d’une Maîtresse Poétique ; car il [Goudouli] n’en eut jamais de véritable, et mourut même garçon, quoiqu’il paraisse fort tendre dans ses Vers. » 2Ibidem.
References
Bernard Auriol at 8 h 11 min
Donnez en encore !
Anne-Marie Dambies at 8 h 12 min
C’est mon oncle Charles Dambies, lui-même lauréat aux Jeux Floraux qui détenait les informations sur notre filiation avec Goudouli mais à cette époque j’étais plus en relation avec mon autre oncle Druart et « branché » sur les haï-kaï japonais: depuis, la jeune génération est plutôt tournée vers l’occitan.