Nicolas Gouzy, Le Chevalier assis et les clandestins de Dieu

Jamais je n’avais vu un curé y remettre de l’eau, je ne me souvenais pas non plus de l’avoir vue verdir en été, comme le font les eaux stagnantes… Enfant, j’avais demandé au prêtre si les chauves-souris que j’avais vues y boire, pirouettant au-dessus de la surface pour laper quelques gouttes, étaient bénies elles aussi, tout comme la chouette effraie qui y prenait son bain, ébouriffant ses plumes et fermant de plaisir ses yeux d’or. Ce qui m’avait valu une gifle. J’en avais conclu qu’il y avait des clandestins de Dieu dont il ne fallait pas parler. De petits voleurs de bénédiction, les souris qui rongeaient les cierges consacrés, les mouches qui assistaient aux messes en tournant en rond dans les rais de lumière qui jaillissaient des minces baies ouvertes dans le choeur de l’église. Peut-être les poux du curé et les puces de son chien. Ils étaient plus proches de Dieu, du moins ils habitaient Sa maison. Je me sentais moi-même à cet instant un clandestin de Dieu ; un pauvre glanant dans Son champ quelques épis de vie, quelques grains de vérité, exclu de la moisson peut-être, mais sachant trouver, dans la paille laissée par la famille des ouvriers, un peu de bien, de quoi moudre une once de farine de Sa bonté pour en cuire un petit pain d’espoir. ((Nicolas Gouzy, Le Chevalier assis, p. 125, éditions Privat, 2009 ; Prix spécial du Jury au Salon 2010 du Livre d’Histoire Locale à Mirepoix.))

J’ai reçu ce matin un petit message de Nicolas Gouzy. Nos chemins de pensée se sont croisés, car après avoir relu Le Chevalier assis, je me proposais de reproduire ici un passage, drôle et magnifique à la fois, dans lequel, à propos du bénitier de son village de l’Aude, Guilhem, le chevalier, dit des choses essentielles. Dont acte.

On remarquera que si l’humanité se mesure à l’amour du prochain, elle conserve en la personne de Guilhem sa mesure d’enfance, qui est toute d’illimitation, car insoucieuse de la différence ontologique, d’où étrangère au préjugé de la raison quant à la dispensation sélective de la Grâce.

Puisqu’il y a quelque chose plutôt que rien, comme dit Leibniz dans ses Principes de la nature et de la Grâce, c’est qu’il y a toujours au coeur de la vie comme elle va, i. e. au fil de ses moissons violentes, de quoi moudre une once de farine de Sa bonté pour en cuire un petit pain d’espoir.

Outre qu’il est d’une grande beauté, ce passage du Chevalier assis dit ou rappelle en quoi consiste l’humanité véritable et l’espoir. J’ai admiré que Nicolas Gouzy sache dans le cadre d’un roman âpre et cruel nous en faire si lumineusement souvenir.

Illustrations : détails de deux initiales filigranées, in Marguarita martiniana de Martinus Polonus, XIVe siècle, Aix-en-Provence – BM – ms. 1807 ; source : Enluminures-Culture.fr (recherche experte : chouette).

Hello Mirepoix !

En informatique, le premier message que l’on obtient lorsqu’on apprend à coder, c’est Hello world ! En matière de blogging, le premier message que j’envoie depuis La dormeuse blogue 2, c’est Hello Mirepoix !

Eh oui ! comme le blog initial devenait trop gros, trop lourd – 500 articles, et une tonne d’images à propulser -, j’ai eu envie de repartir sur des bases légères. J’entame donc, comme on le dit des séries TV, une nouvelle saison de La dormeuse blogue. Je l’ai intitulée simplement La dormeuse blogue 2. Tout comme mon site La dormeuseLa dormeuse blogue 1 reste en ligne ; les commentaires relatifs à cette première saison demeurent ouverts également.

Vous disposez sur la présente page d’accueil de deux liens directs vers La dormeuse blogue 1 : le premier ci-dessus, dans la barre de Menu ; le second, ci-contre à droite, dans la Sidebar. J’userai sous peu de Sous-Menus dans la Sidebar pour rappeler de temps à autre quelques uns des titres regroupés de façon thématique sur La dormeuse blogue 1.

L’image qui sert de Header, ou d’en-tête, à cette nouvelle saison du blog est issue d’une fusion. Elle combine l’image qui servait de Header à La dormeuse blogue 1 et une vue ancienne de Mirepoix, empruntée au Site du Pic Saint-Barthélémy. Juste hommage de la bergère au décret de Pyrène… ((Cf. La dormeuse blogue 1 : Quand Frédéric Soulié retourne en Ariège – 1. Je fus appelé par quelques affaires de famille dans le Midi de la FranceQuand Frédéric Soulié retourne en Ariège – 2. Déjà nous apercevions à l’horizon le haut clocher de Mirepoix ; Quand Frédéric Soulié retourne en Ariège – 3. Je t’avais bien promis que tu me verrais !))

Je n’ai pas fini d’ajuster le design de cette nouvelle version du blog. Certains détails de l’interface évolueront sans doute dans les semaines qui viennent. Ces changements n’auront aucune incidence sur la lecture. Merci toutefois de votre patience.

A bientôt.