Traduction : La terre de Mirepoix, qui qui était tenue par Roger Bernard et par d’autres seigneurs, ne put être mise à contribution dès à présent, parce qu’elle avait été pillée et dévastée par les hommes des [grandes] compagnies qui l’avait occupée sans discontinuer ; mais ladite contribution devrait être récupérée au terme des délais concédés, et rien de cette dernière ne lui serait dégrevé.
Ci-dessus : extrait du compte des finances payées par la Province pour le rachat du roi Jean [le Bon], ann. 1360 sqq. ; publié au titre des « preuves » in Histoire générale de Languedoc : avec des notes et les pièces justificatives, composée sur les auteurs et les titres originaux, t. 7, p. 516 / par dom Claude de Vic (1670-1734) et dom Vaissète (1685-1756),… ; commentée et continuée jusqu’en 1830, et augmentée d’un grand nombre de chartes et de documens inédits par M. le chev. Al. Du Mège (1780-1862) ; éditeur : J.-B. Paya, Toulouse, 1840-1862.
Traduction : Reste que, pour les fiefs desdits Thibaut de Lévis [seigneur de la Penne et de Montbrun], Roger Bernard, et autres seigneurs de Mirepoix, la terre de Mirepoix devait 4240 francs. La plupart des habitants de la dite terre avaient fui en Catalogne ; mais peu à peu ils revinrent, et on leur fixa des échéances pour s’acquitter de la contribution qu’ils restaient devoir.
Ci-dessus : autre extrait du même compte des finances.
Cependant que les routiers sévissent dans tout le royaume, le roi Jean le Bon, qui, en 1360, suite au traité de Brétigny, vient d’être libéré par les Anglais moyennant une forte rançon, exige de ses sujets une contribution destinée au paiement de ladite rançon. Afin de financer une armée capable de lutter contre les routiers, Le duc d’Anjou impose de surcroît en Languedoc, et plus spécialement dans la sénéchaussée de Carcassonne, la levée du dixième sur le vin, la farine, la viande de boucherie, le poisson, et les autres denrées vendues en gros et en détail.
« Nous avons les noms des seigneurs de cette sénéchaussée, qui furent commis dans les diverses vigueries qui la composent pour faire la recette de ce dixième, dont Roger-Bernard de Lévis, seigneur de Mirepoix, fut un des receveurs généraux. Mais celui-ci n’en paya rien pour ses propres terres, à cause des compagnies qui y avoient séjourné longtemps, et qui les avoient désolées ; ce qui avoit obligé la plupart des habitans de s’enfuir en Catalogne. » [1]Histoire du Languedoc. p. 221.
Le 15 octobre 1372, le duc permettra aux habitants de Mirepoix, « dont la ville avoit été longtemps occupée et presque détruite par les gens des compagnies », d’instaurer, à leur bénéfice propre, « une imposition sur le vin pendant deux ans, pour se rétablir. [2]Histoire du Languedoc. p. 274.
Notes
↑1 | Histoire du Languedoc. p. 221. |
↑2 | Histoire du Languedoc. p. 274. |
Quel plaisir de relire du latin, de l’altitude que l’on veut, mais en tout cas compréhensible …
Autre question : pourquoi spécialement la Catalogne ? La proximité géographique ne peut tout expliquer. La précision est reprise par tous les historiens avec une belle fidélité, mais sans précision ni éclaircissement.
Pour la fuite des Mirapiciens en Catalogne, je crois avoir l’explication suivante :
En 1344, Pierre le Cérémonieux, roi de Catalogne, conquiert le Roussillon, promettant de ne plus jamais le séparer du reste de la Catalogne.
Pour longtemps, la frontière de la Catalogne se trouve donc fixée sur la ligne des Corbières.
Il y a également l’accord de Pareatges de 1278 qui place les vallées d’Andorre sous l’autorité conjointe de l’évêque d’Urgell et du comte de Foix.
Cf. Jean-Claude Morera, Histoire de la Catalogne, L’Harmattan, coll. Espagnes, 1993.