A Mirepoix – La ville photographiée : mémoire vagabonde (4)

 

A force de marcher dans la ville, j’ai cédé de plus en plus au hasard des choses vues, au charme du détail qui amuse l’oeil, et l’esprit aussi.

Comme j’aime les animaux, je n’ai pas manqué de photographier les figures de fantaisie sous le couvert desquelles, ça et là, ils se trouvent représentés dans la ville.

C’est à l’occasion de cette série de photos animalières, que, par association d’idées, non dites ici, j’ai entrepris de constituer une collection de photos spécifiquement intitulée La vie moderne. Où l’on voit que dans une bourgade d’ancrage rural, l’animal hésite, au titre de la vie moderne, entre le statut d’emblème, de totem, et celui de chimère, représentative du kitsch de l’imaginaire contemporain.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Yvan Le Louarn, dit Chaval (1915-1968), Chien méchant.

Du chien de garde de la propriété aux arbres rouges photographiée ci-dessus aux grillages et autres obstacles qui opposent une sorte de noli me videre à la curiosité de ce qu’il y a derrière, j’ai appris à considérer l’obstacle comme un faire-valoir de l’arrière-plan qu’il dérobe à la visée photographique et qu’il rend ainsi, par effet de mise en abîme, à la fois plus évidemment et plus essentiellement désirable. Il en va ainsi du grillage qui fait venir, à partir de l’horizon sur lequel il pose une sorte de cache, la curiosité des Pyrénées dans ce qu’elles ont de proche, partant, l’évidence de ce que, nonobstant ses entours de plaine, Mirepoix, c’est d’amount, c’est à la montagne !

 

 

 

 

 

Après avoir pesté contre l’automobile, dont la présence contrevenait à ma visée photographique initiale, toute de représentation du passé, je suis peu à peu devenue sensible aux effets puissamment esthétiques qui résultent d’une telle présence dans le paysage urbain. J’ai cherché à prendre des photos qui témoignent de cette puissance esthétique plutôt que des maux décriés à l’envi par les contempteurs du tout-automobile, contempteurs dont cependant je fais partie moi aussi, certains jours, quand l’humeur me prend. Je m’appliquais naguère encore à photographier des routes désertes. Je prends plaisir aujourd’hui à photographier de beaux camions, monstres de forme, de couleur et de cargaison, qui fluent à ma fenêtre et parfois l’emplissent, au point qu’on dirait la montagne proche d’entrer dans la maison. Et, déplaçant ainsi le présent du côté du μυθος , du mythos, au sens de récit, j’ai esquissé le roman-photo de la voiture rouge, qui circule ici et là dans la petite ville, au fil d’on ne sait quelles aventures. Il y a, si l’on y songe, une sorte de poésie qui s’attache à cette circulation mystérieuse bien plutôt qu’à l’embarras du coche d’antan :

Car c’est un embarras étrange Qu’un si grand coche dans la fange ; C’est presque un village roulant, Qui n’avance que d’un pas lent, Et qui trouve dedans les rues Toujours quelques coques-cigrues, Des carosses et des charrois, Qui l’arrêtent autant de fois, Brisent essieu, disloquent roue,Et couvrent les passans de boue. [1]François Colletet, Les Tracas de Paris, 1665.

Ci-dessus : un soir d’automne, sur le parking de Super U.

Ci-dessus : cours du Jeu du Mail, le soir, un accident de moto.

 

Ci-dessus : route de Limoux.

 

Ci-dessus : route de Limoux.

 

Ci-dessus : route de Limoux.

 

Ci-dessus : cours du Jeu du Mail.

 

 

 

 

Ci-dessus : au carrefour du Rumat.

 

Ci-dessus : au carrefour du Rumat.

 

Ci-dessus : au carrefour du Rumat.

 

Ci-dessus : cours du Maréchal de Mirepoix.

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un matin d’hiver, sur le parking de Super U.

 

Ci-dessus : au lycée.

 

Ci-dessus : cours Louis Pons-Tande.

 

Ci-dessus : avenue Gabriel Fauré.

En même temps que je prenais plaisir à photographier des voitures et des camions, je prenais plaisir aussi à photographier le monde présent, les quartiers nouveaux, situés au-delà du périmètre de la ville historique, et, entreprise plus intimidante, à photographier, non plus des fantômes, mais de « vraies gens ». J’ai profité d’abord pour cela du hasard, de la surprise, de la couleur d’un moment. Il y a aussi des passants qui aiment à venir se caser dans le cadre d’une photo qu’ils ne verront jamais ! Il m’arrive maintenant quelquefois, lorsque je sens que la personne le souhaite, de lui demander de poser, bien que je ne la connaisse pas. C’est ainsi que j’ai photographié au marché, comme on voit ci-dessous, le marchand de jouets, à la chemise tigre. On retrouvera ce marchand de jouets, toujours avec sa chemise tigre, dans le choix de photos consacrées à Pamiers que je présenterai lors de ma troisième intervention, prévue à Pamiers justement, le 20 mars.

 

Ci-dessus : cabane de jardin, route de Limoux.

 

Ci-dessus : à Bellemayre, dans les suburbs de Mirepoix.

 

Ci-dessus : à Bellemayre, dans les suburbs de Mirepoix.

 

Ci-dessus : à Saint-Jean de l’Herm, dans les suburbs de Mirepoix.

 

Ci-dessus : à Saint-Jean de l’Herm, dans les suburbs de Mirepoix.

 

Ci-dessus : à Saint-Jean de l’Herm, dans les suburbs de Mirepoix.

 

Je me suis aperçue au cours de mes pérégrinations photographiques que le regard du photographe croise souvent celui d’autres regardeurs qui ne se montrent pas. J’ai remarqué ci-dessus, par exemple, cet ingénieux dispositif optique qui permet de voir depuis l’intérieur de la maison ce qui se passe au-dehors. La situation du photographe rejoint ici en somme celle de l’arroseur arrosé. A regardeur, regardeur et demi. De quoi se souvenir que, regarder impénitent ou discret, modeste, on demeure toujours le regardé de quelqu’un.

 

C’est ici une petite caméra qui, installée à la fenêtre d’une maison privée, au-dessus du Grand Couvert, me filme en regardeur de la place !

 

Ci-dessus : chose vue dans l’escalier de la mairie ; quand deux personnages se croisent sans se voir ; à moins que… ; mais on serait alors dans un film d’espionnage…

 

 

 

In memoriam. On voit ci-dessus Michèle Soueff, récemment disparue, qui bavardait ce jour-là avec des amis, dont Pierre Daboval, à la Galerie de la Porte d’Amont.

 

Ci-dessus : comme tous les jours, en été, sur la place.

 

Ci-dessus : créé par la Cie Mouton de Vapeur, un fourier du Festival de la Marionnette 2013.

 

Ci-dessus : Madame Cie au Festival de la Marionnette 2011.

 

Ci-dessus : un joueur de gang au festival de la Marionnette 2012.

 

Ci-dessus : sous les platanes de l’Allée des Soupirs, avant le spectacle, au Festival de la Marionnette 2013.

 

Ci-dessus : au restaurant, le vendredi soir, sous le Petit Couvert.

 

Ci-dessus : le samedi soir, après le spectacle, sous la halle.

 

Ci-dessus : à la Fête de la Pomme, un passant.

 

Ci-dessus : à la Saint-Maurice, les hommes, les vrais !

 

Ci-dessus : à la Toussaint, devant le Monument aux Morts.

 

Ci-dessus : en août 2013, au bord de l’Hers.

 

Ci-dessus : quand un cycliste, depuis le pont de l’Hers, se retourne sur le château de Terride.

 

Ci-dessus : à la cathédrale, quand une petite fille se penche sur la couleur qui tombe des vitraux.

 

Ci-dessus : sous le Grand Couvert, un marchand forain, dit le Tigre.

Je ne résiste pas au plaisir de conclure cette intervention vagabonde par une dernière photo, celle d’un drap de bain, acheté au marché, que j’ai mis à sécher au jardin. J’ai intitulé cette photo Belle santé.

 

Notes

1 François Colletet, Les Tracas de Paris, 1665.

3 réflexions sur « A Mirepoix – La ville photographiée : mémoire vagabonde (4) »

  1. ma préférée !!

    chose vue dans l’escalier de la mairie ; quand deux personnages se croisent sans se voir ; à moins que… ; mais on serait alors dans un film d’espionnage…

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