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Antigone à Lavelanet, au théâtre de l’Ourdissoir

L’Ourdissoir, c’est rue des Pyrénées, vers la piscine, un petit théâtre, aménagé de façon minimaliste, qui ouvre en arrière-plan sur l’herbe d’une placette de quartier. La tenue de soirée n’est pas ici de rigueur. On s’assied sur des gradins de bois munis de coussins rouges. Point de rideau de scène. Foin des trois coups à l’ancienne. Les spectateurs sont là. Le spectacle commence. Ce soir, on joue Antigone.  

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Tandis qu’une bande-son égrène des notes raréfiées, un personnage entre, puis deux. L’histoire qu’ils dessinent s’affiche en ombres rétro-projetées sur l’écran, traité ici comme une sorte d’ardoise magique, figure du destin qui emporte dans la mort les enfants nés de l’inceste, Eteocle et Polynice, fils d’Oedipe, roi de Thèbes, et de Jocaste, sa mère. Entré derrière les deux personnages qui dessinent, le choeur s’est installé de part et d’autre de la scène, et, de temps à autre, il la traverse, comme une vague, comme la marée. 

L’action se déroule ensuite de façon éclatée. Diverses actrices se succèdent dans le rôle d’Antigone ; divers acteurs, dans le rôle de Créon. L’histoire se trouve ainsi démultipliée, comme dans un cauchemar qui se répète, en éclats de visions. Juste un bruit de ferraille froissée, deux, trois fois, pour marquer le fatum.

Antigone demeure fermée aux raisons de Créon, "Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse !". Créon, suffisant, magnanime, n’entend rien aux raisons d’Antigone.

Antigone demeure fermée aux sollicitations de sa soeur Ismène. La blonde, faite pour le bonheur, n’entend rien au malheur de la brune.

Antigone dit de multiples façons son amour à Hémon et le regret de l’enfant qu’ils n’auront pas eu ensemble.

Le choeur des femmes dit de multiples façons qu’il ne comprend rien au malheur d’Antigone, – "c’est  surprenant, on est surpris, surprenant…" Le choeur des hommes fait silence.  

Le Prologue, coiffé d’un petit chapeau rigolo, va et vient au bord du drame, constate, commente, explique l’inexplicable, i. e. conclut qu’on ne l’explique pas. C’est le propre du tragique. Etrange et beau, disais-je, comme un cauchemar.

Ce spectacle était donné le 9 juin 2009 par une classe de Troisième du Collège Victor Hugo. Aidée par Corinne Costa, professeur de Français, et Olivier Chombard, comédien, metteur en scène, la classe a travaillé pendant un an sur une trame qui emprunte à la fois à l’Antigone d’Anouilh et à l’Ismène d’Howard Barker. Le résultat est étonnant de fraîcheur et d’engagement. Fluidité, rythme, émotion tremblée… La salle retenait son souffle.   

François Montlaur, principal du Collège Victor Hugo a exprimé au nom de tous le bonheur qu’inspire la réussite d’un tel spectacle. Il a félicité les acteurs ainsi que leur professeur et le metteur en scène. Il a rappelé combien ce travail est enrichissant pour la communauté scolaire et souhaité que l’aventure continue. 

Merci à la classe de Troisième B du Collège Victor Hugo à Lavelanet. 

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1 commentaire au sujet de « Antigone à Lavelanet, au théâtre de l’Ourdissoir »

  1. Classe de 3e B

    Merci d’être venue nous voir et d’avoir écrit cet article. Les photos sont très belles. Merci de la part des élèves de 3e B du Collège Victor-Hugo de Lavelanet. Nous avons beaucoup travaillé et nous avons aidé à la mise en scène. Nous avons aimé jouer cette pièce.

  2. Corinne Costa

    Madame,
    Merci d’avoir rendu hommage au travail des élèves par votre présence et par ce commentaire élogieux.
    La classe et moi-même sommes très touchées et vous remercions très sincèrement.
    Corinne Costa