La dormeuse blogue

Choses vues, choses lues, choses rêvées…

Au Salon du livre d’histoire locale

Des livres, des livres, partout des livres sous les couverts et sous la halle ! Pour moi, le paradis. C’était, dimanche dernier, 6 juillet 2008, à Mirepoix, la XIVème édition du Salon d’histoire locale. On y vient chercher l’oiseau rare, le livre qui manque à la bibliothèque familiale, celle que l’on a constituée à propos du village natal, de sa grande ou petite histoire, de ses légendes, de ses monuments, de ses héros, de sa guerre ; on y vient nourrir sa passion pour le bruit des siècles, les généalogies, nobles ou roturières, les métiers d’antan, les voyages pittoresques, la démographie, etc. ; on y vient aussi pour rencontrer les auteurs, déjeuner en leur compagnie, échanger des idées, des anecdotes, bref, partager un moment de convivialité bon comme le pain, simple et craquant. C’est la fête à l’Histoire ! c’est la fête à Mirepoix !

Ci-dessous : la fête se prépare, le matin, de bonne heure.

Détail pratique : comme il bruinait et que le vent soufflait sous les couverts, il fallait, en juillet, prévoir un polaire ! Je me méfierai, la prochaine fois.

A 12h30, Max Brunet, président de l’Association Nationale Pour l’Elargissement de l’Information (ANPEI), assisté de Martine Rouche, vice-présidente de l’ANPEI, annonçait les titres des ouvrages primés à l’occasion de ce XIVème Salon.

Il s’agit de Parade pour une Infante de Hubert Delpont et de Histoire et généalogie de la maison de Lévis (prix Joseph-Laurent Olive) de Georges Martin.

Dans Parade pour une Infante, Hubert Delpont raconte, avec le talent de conteur qu’on lui connaît, les préparatifs du mariage de Louis XIV avec l’Infante d’Espagne à Saint-Jean de Luz, la difficile signature du traité des Pyrénées, l’errance du roi et de la cour en Languedoc, la stratégie du vieux Mazarin, l’heureux dénouement d’une crise franco-espagnole qui aura duré treize mois.

Dans Histoire et généalogie de la maison de Lévis, Georges Martin fournit, quant à lui, une masse considérable d’informations inédites concernant l’illustre famille des seigneurs de Mirepoix.

Ci-dessus : comme chaque année, Martine Rouche remet à la représentante de la Médiathèque de Mirepoix l’ensemble des douze livres sélectionnés par le jury du Salon d’histoire locale.

Ci-contre : à table, sous les couverts.

Au centre, Martine Rouche, vice-présidente de l’ANPEI ; à droite, Michèle Pradalier-Schlumberger, professeur à l’Université de Toulouse-Le Mirail, présidente de la Société Archéologique du Midi de la France (SAMF).

Alors que nous dégustions une délicieuse aumonière de saumon, la conversation a connu deux grands moments : après avoir évoqué son travail d’aquarelliste et la réalisation de son dernier port-folio, qui réunit un ensemble de vues de Mirepoix, accompagnées d’un texte de Martine Rouche, Jacqueline Baby a raconté l’aventure du voyage en deltaplane au-dessus de notre contrée ; puis Henry Ricalens, auteur de l’ouvrage intitulé Les Gens de métier de la vie quotidienne du Lauragais sous l’Ancien Régime, a savamment discuté de la peste, des différentes hypothèses relatives à la transmission de cette dernière – puce du rat et/ou puce de l’homme ? – et raconté, de façon gourmande, d’horribles histoires de médicastres qui s’affairaient jadis au coeur de l’épidémie…

Jacqueline Baby et Henry Ricalens

L’après-midi, j’ai flâné parmi les livres, sous la halle. Les auteurs y sont installés, ils y dédicacent leurs ouvrages. J’ai sollicité ainsi un autographe d’Henry Ricalens. J’ai appris à cette occasion que celui-ci est également l’auteur de romans. Je me fais donc une joie de lire, ces jours-ci, Par delà la fuite, un roman publié par Henry Ricalens en 1976.

Henry Ricalens ; Simonne Pons Moulis

Ecrivains plus anciens, Raymond Escholier, l’auteur de Cantegril et de bien d’autres titres encore, et Adelin Moulis, auteur d’une cinquantaine de livres sur l’Ariège, dont l’admirable Vie et mort d’une maison en montagne, nous ont quittés depuis quelques années déjà. Ce sont leurs enfants ou petits-enfants qui les représentent. Simonne Pons Moulis était là, pétillante, sous la halle. Elle raconte son père, la petite fille qu’elle a été, la pianiste qu’elle est devenue. Françoise Escholier était là aussi. Elle décrit, à ma demande, le bureau de son grand-père, l’environnement de travail du romancier, du critique d’art, du conservateur de la Maison de Victor Hugo et du Petit-Palais, les marque-pages qui subsistent du travail préparatoire à la rédaction de Victor Hugo, cet inconnu.

Françoise Escholier est écrivain elle-même. Comme je lui parle de La racine et autres nouvelles, recueil que j’ai présenté ailleurs sur ce blog, Françoise Escholier m’annonce qu’elle publie cette année, aux éditions Domens Pézenas, un roman intitulé Pour les yeux d’Anitra. J’aurai plaisir à rendre compte de cet ouvrage sur mon blog prochainement.

Ainsi va le Salon du livre d’histoire locale de Mirepoix. C’est tout à la fois comme une fête de famille et un dimanche à la campagne, – stimulant, convivial, bon-enfant. Au charme des rencontres s’ajoute celui des trouvailles : sur le stand d’un bouquiniste de Varilhes, j’ai ainsi déniché trois numéros des Cahiers d’Etudes Cathares (XVIIème et XVIIIème années, n° 69, 72, 74) dans lesquels figure, détaillé en trois épisodes, un article intitulé « En lisant Nerval : Angélique ». Il s’agit d’un article de R. Mazelier, dédié à l’une des nouvelles les moins étudiées des Filles du feu, le recueil publié en 1854 par Gérard de Nerval. Rappelant que « Nerval n’a pas inventé l’histoire d’Angélique, mais qu’il l’a tirée d’extraits de la Généalogie des Goussencourt », R. Mazelier y explique, de façon brillante, le jeu auquel se livre l’auteur d’Angélique avec les noms et les figures de l’histoire féodale, qui tous symbolisent, en même temps que la lutte du Midi contre le Nord, « les deux pôles de la sensibilité nervalienne, les deux racines de son existence, à lui, fils d’un homme du midi et d’une femme du Nord« .

Ton ami flamboie et pétille, écrivait Nerval à Théophile Gautier, dans Pandora. J’en dirai autant des livres. Les livres sont nos amis.

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dans: Ariège, littérature, Mirepoix.

1 commentaires au sujet de « Au Salon du livre d’histoire locale »

  1. Martine Rouche

    Particulièrement mal placée pour commenter ce post, particulièrement bien placée pour reconnaître le salon du livre d’histoire locale, je suis saisie par l’émotion en lisant ce chaleureux hommage à propos de l’histoire locale, à ceux qui l’écrivent et en parlent si bien, à ceux qui aiment la lire et l’écouter, et aussi à ceux qui s’efforcent de créer de belles rencontres chauque année, le premier dimanche de juillet. Autrefois, ce jour-là voyait la Procession du feu, désormais c’est le Salon du livre….
    Il est vrai que le déjeuner sous le Petit Couvert est toujours un exquis temps d’échanges, ou en tout cas d’écoute. Il est vrai qu’écouter Henri Ricalens conter la peste avec une précision scientifique, mais aussi avec humour, distance mais aussi empathie, est un pur privilège. Quel gentilhomme !!
    Si tout va bien, rendez-vous le samedi 25 octobre pour d’autres rencontres autour de l’histoire ?