Au bord de la rivière, "cette idole, yeux noirs et crin jaune, sans parents ni cour, plus noble que la fable" 1 fume la pipe par le nez. Assis sur l’autre rive, nous contemplons chaque jour cette face rude. Dans l’eau passent des poissons, des feuilles, quelquefois des serpents. La vie, lente ou rapide. Surgi de de l’ombrage, un héron nous regarde sans bouger. Nous de même. Puis, à reculons, il s’efface sous les feuilles. Tout est calme. Une buse plane dans le ciel. "Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où", dit La Fontaine, "le Héron au long bec emmanché d’un long cou. Il côtoyait une rivière. L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours…"
Au fond de l’eau, peu profonde, une bande de poissons joue avec la lumière…
1 commentaire au sujet de « Le monde sauvage 1 »
Martine Rouche
« Illuminations » pouvait aussi servir de sous-titre …quand je vois les photos que tu proposes. Merveilles!
Sais-tu que ces images de végétations enchevêtrées, d’algues filant dans le courant me renvoient toujours à Ophelia peinte par Millais ?
There is a willow grows aslant a brook,
That shows his hoar leaves in the glassy stream;
There with fantastic garlands did she come
Of crow-flowers, nettles, daisies, and long purples
That liberal shepherds give a grosser name,
But our cold maids do dead men’s fingers call them:
There, on the pendent boughs her coronet weeds
Clambering to hang, an envious sliver broke;
When down her weedy trophies and herself
Fell in the weeping brook. Her clothes spread wide;
And, mermaid-like, awhile they bore her up:
Which time she chanted snatches of old tunes;
As one incapable of her own distress,
Or like a creature native and indued
Unto that element: but long it could not be
Till that her garments, heavy with their drink,
Pull’d the poor wretch from her melodious lay
To muddy death.
(William SHAKESPEARE, Hamlet, Scène IV, Acte VII)
Tout est dit !
Mais il y a plus de lumière chez La Dormeuse que chez William S…..
La dormeuse
Sublime beauté du texte de Shakespeare.
Faisons silence…