Jean Meslier et les Cartésiens. V. 1. En quoi « les Cartésiens se rendent ridicules »

Rédigé par Belcikowski 1 commentaire
Classé dans : Histoire Mots clés : aucun

meslier2.jpg

Jean Meslier, portrait rétrospectif, in Le bon sens du curé Meslier, suivi de son testament, Paris, chez les Marchands de Nouveautés, 1834. Il s'agit là d'une réécriture du Mémoire de Jean Meslier par le baron d'Holbach.

« Quoique les hommes et les bêtes ne soient composés que de matière, il ne s’ensuit pas de là que les pensées, que les désirs, ni que les sensations de bien ou de mal dussent être des choses rondes ou carrées, comme les Cartésiens se l’imaginent, et c’est en quoi ils se rendent ridicules... » 1

Les occurrences du mot « ridicule » pleuvent dans le texte de Jean Meslier. Elles disent beaucoup de l’humeur de l’homme, quand il trouve à rédiger, durant ses dernières années, 587 fortes pages contre les maîtres à penser de son temps — Descartes, Malebranche, Fénelon, entre autres — savants métaphysiciens, savants physiciens et savants moralistes, qu’il tient pour co-responsables ou complices de l’oppression religieuse, politique et sociale dont souffrent « ses « amis » paroissiens et tous leurs semblables — illis et gentibus » —, autrement dit la communauté de ceux, croyants ou incroyants, parmi lesquels il a passé l'essentiel de sa vie. L’arme dont il use contre ces « déicoles » 2 est le sarcasme, et il en fait le fer de lance de sa juste colère.

Ladite colère se déploie au fil d'une écriture cumulative, qui accuse, par effet de martèlement des mêmes questions, reprises et approfondies chaque fois davantage, le caractère méthodologiquement déterminé de la démarche subversive dont se réclame Jean Meslier.

Nietzsche se proposera plus tard de « poser des questions avec le marteau » : « Il y a plus d’idoles que de réalités dans le monde : c’est là mon "mauvais œil" pour ce monde, c’est là aussi ma "mauvaise oreille"… Poser ici des questions avec le marteau et entendre peut-être comme réponse ce fameux son creux qui parle d’entrailles gonflées — quel ravissement pour quelqu’un qui, derrière les oreilles, possède d’autres oreilles encore, — pour moi, vieux psychologue et attrapeur de rats qui arrive à faire parler ce qui justement voudrait rester muet… » 3

Mûrie pendant de longues années, d'où affranchie du doute qui a pu effleurer jadis le séminariste, puis le prêtre nouvellement institué dans son sacerdoce, la colère de Jean Meslier ne se déclare plus dans son Mémoire que sur le mode des certitudes qu'il importe de faire valoir à l'encontre des imaginations — ce fameux « son creux » dont parlera Nietzsche —, ou, plus exactement, à l'encontre des « folies » du parti cartésien. C'est donc à partir des,certitudes issues de son expérience propre, que Jean Meslier s'attache à déconstruire de façon méthodique les « évidences » dont se réclament les Cartésiens.

Arrivé à la page 374 de son Mémoire, Jean Meslier résume ainsi le chemin déjà parcouru :

« La Religion chrétienne enseigne toutes les erreurs dont j'ai ci-dessus parlé 4, elle souffre et approuve, et même autorise aussi tous les abus, dont je viens de parler, et enfin elle autorise la tyrannie et le Gouvernement tyrannique des Princes et des Rois de la terre, comme je viens de le démontrer, et que l'expérience de ce que l'on voit tous les jours le fait manifestement voir ; donc que la Religion chrétienne ne peut véritablement être fondée sur l'autorité de Dieu, et par conséquent elle est fausse, et même aussi fausse que toute autre Religion pourrait l'être ; je ne m'arrêterai point ici à réfuter plusieurs autres abus... » 5

louis_XIV_XV.jpg

De gauche à droite : Louis XIV en costume de sacre (1700-1701), par Hyacinthe Rigaud (1659–1743), Musée du Louvre ; Louis XV en costume de sacre (1715), par Hyacinthe Rigaud, Château de Versailles.

Sur la même page 374, Jean Meslier signale par la mention marginale « Septième preuve » qu'il entre désormais dans une autre phase de son discours, phase à partir de laquelle il entreprend d'accabler, au décours d'une critique serrée qui se prolonge jusqu'à la fin de son Mémoire, la métaphysique — plus exactement la métaphysique, dite spéciale, consacrée aux objets que sont l'âme, le monde et Dieu —, la physique, et la morale défendues par l'intelligentsia cartésienne :

« Mais comme tous ces abus aussi bien que toutes ces erreurs, ne sont fondés que sur la créance et la persuasion qu'il y a un Dieu, c'est-à-dire sur la persuasion et sur la créance qu'il y a un Être Souverain, tout puissant, infiniment bon, infiniment sage et infiniment parfait, qui veut être adoré et servi des hommes d'une telle ou telle manière, et que les Princes et les Rois de la terre prétendent aussi fonder leur puissance et leur autorité sur celle d'un Dieu tout puissant, par la grâce duquel ils se disent établis pour gouverner et pour commander tous les autres hommes, il faut maintenant prouver, et faire manifestement voir, qu'il n'y a point de tel Être, et qu'il n'y a point de Dieu, et par conséquent que c'est faussement et abusivement que les hommes se servent du nom et de l'autorité d'un Dieu, pour établir et pour maintenir les erreurs de leurs Religions, aussi bien que la puissance tyrannique de leurs Rois : c'est ce que je vais clairement faire voir par des arguments démonstratifs, tirés des Principes de métaphysique, des Principes de physique, et des principes de morale, et c'est la septième preuve démonstrative que j'ai à donner de la vanité et de la fausseté de toutes les Religions que nous voyons dans le monde. » 6

I. De quelques « athéistes illustres

Après avoir observé que « la créance, ou la persuasion de l'existence d'un Dieu n'a pas toujours été si universellement, ni si constamment reçue par les hommes », Jean Meslier invoque l'exemple de Socrate, « qui a été jugé le plus sage philosophe de son temps », — « et même par l'oracle d'Apollon », ajoute-t-il non sans ironie :

« Lequel Socrate ayant été accusé d'avoir mauvaise opinion des Dieux ne daigna pas seulement se purger de ce prétendu crime, et avala, avec une constance non pareille, le poison qui lui avait été ordonné de prendre. »

Jean Meslier invoque encore pêle-mêle une suite d'autres exemples d'athéisme, souvent glorieux, parfois moins reluisants :

« Un Aristote, aussi le plus grand philosophe de son temps, surnommé le génie de la nature, qui ayant aussi été accusé d'avoir de mauvais sentiments des Dieux, fut obligé de se retirer dans la Calcide [Grèce centrale], où il mourut âgé de 60 ans.

Un Platon surnommé le divin, pour sa grande suffisance, lequel défendait dans ses Lois d'intimider les hommes par aucune crainte des Dieux.

Un Protagoras et un Pythagore, tous deux grands philosophes, qui furent exilés et bannis, et leurs livres brûlés, pour avoir mal parlé des Dieux, et écrit contre eux.

Et plusieurs autres grands Philosophes comme un Vaninus 7, célèbre athée ; un Théodore, surnommé l'athée 8 ; un Sosias 9 ; un Actius 10 ; un célèbre médecin arabe, nommé Averroès ; un Pline, fameux naturaliste, qui se moquait des opinions des hommes, touchant la créance des Dieux, et qui disait que s'il avait à reconnaître quelque divinité, il n'en reconnaîtrait point d'autre que le soleil. Témoin un Tribonien, fameux jurisconsulte 11 ; un Lucien, fameux et facétieux auteur ; un Rabelais, curé de Meudon près de Paris, qui se moquait de toutes les Religions du monde ; un Spinoza, qui ne reconnaissait aucune divinité ; un Jules III 12, Pape 275e, qui se moquait lui-même de sa Religion et de sa dignité ; un Léon X 13, Pape florentin de l'illustre maison de Médicis, homme avisé, qui raillant sur sa Religion disait : Ah ! combien sommes-nous enrichis par cette fable de Christ ! ; et enfin sans parler de plusieurs autres. »

regent_france.jpg

Philippe II, duc d'Orléans (1674-1723), Régent de France, par Jean Baptiste Santerre (1651–1717), Birmingham Museum and Art Gallery.

« Il y aurait bien apparence que notre fameux duc d'Orléans, ci-devant Régent de France, aurait été dans de pareils sentiments touchant sa Religion, s'il en est vrai, comme on le tient qu'il ait dit à l'occasion de quelques pieuses remontrances que sa mère lui faisait, qu'il ne craignait rien en ce monde, et n'espérait rien de l'autre. » 14

Jean Meslier observe encore qu'au-delà des sentiments particuliers d'athées notoirement connus, « l'on voit partout que c'est là le véritable sentiment de la plus grande partie du monde, et particulièrement des grands de la terre et des savants du siècle [...]. Ce qu'ils ont de foi ou de créance, ou plutôt ce qu'ils affectent d'en avoir, n'est bien certainement qu'une vaine apparence de foi et de Religion, ne voulant pas pour des raisons politiques déclarer ni découvrir plus ouvertement les véritables sentiments de leurs cœurs. »

« Quant au commun des hommes », observe enfin Jean Meslier, « on voit bien aussi par leurs mœurs et par leur conduite que la plupart d'entre eux, ne sont guère mieux persuadés de la vertu de leur Religion [...]. Et ceux qui, parmi le peuple, ont quelque peu d'esprit et de bon sens, tout ignorants qu'ils sont d'ailleurs dans les sciences humaines, ne laissent pas que d'entrevoir et de sentir en quelque façon la vanité et la fausseté de ce que l'on veut leur faire accroire sur ce sujet, de sorte que ce n'est que comme de force, comme malgré eux, contre leurs propres lumières, comme contre leur propre raison, et contre leurs propres sentiments, qu'ils croient ou qu'ils s'efforcent de croire ce qu'on leur en dit » 15

Or contraindre et captiver ainsi l'esprit, sous l'obéissance de la Foi, et renoncer ainsi aux propres lumières de sa raison, pour s'efforcer de croire, contre ses propres sentiments, n'est pas proprement croire, au contraire, c'est plutôt faire voir que l'on ne croit véritablement point, et que l'on ne saurait véritable croire, car une véritable créance est une persuasion intime de l'âme, et un consentement intérieur de l'esprit », comme dit Saint Augustin lui-même dans son De spiritu et littera [La lettre et l'esprit] :

Suasionibus agit Deus, ut velimus, et ut credamus [...] ; neque enim credere potest homo quodlibet libero arbitrio, si nulla sit suasio vel vocatio cui creata.
« Dieu fait en sorte de nous persuader [par sa Grâce, par les exhortations de l'Évangile, et même par les principes de la loi], de façon à ce que nous voulions croire et que nous croyions ; et aucun homme ne pourrait croire, tout libre arbitre mis à part, sans y être porté par quelque persuasion intime ou par quelque exhortation à laquelle il ajoute foi. » 16

Et Jean Meslier, pour faire bonne mesure, cite encore M. de Montagne [Montaigne] : « Les uns font accroire au monde qu'ils croient ce qu'ils ne croient pas, et les autres, qui sont en plus grand nombre, se le font accroire à eux-mêmes, ne sachant pas pénétrer ce que c'est que croire. » 17

II. Du « ridicule » de la foi des Déicoles et autres Christicoles

Renversant ainsi la leçon de la Bible, Jean Meslier tient, lui, que, fait à l'image de l'homme, et non l'inverse, le Dieu des Chrétiens et des Juifs n'existe pas en tant que Dieu, mais seulement en tant que figure auxiliatrice de la domination du monde par les rois et autres puissants de la terre. De ce que Dieu n'est qu'une figure de l'homme assez « fin et rusé » pour tromper les autres hommes, Jean Meslier en fournit la preuve par le retour au récit de la Genèse et à celui de l'Exode.

adam.jpg

Le péché originel, in Bible historiale de Guiard des Moulins, Maître de Méliacin, enlumineur, Paris, ca 1310-1320.

Le Dieu de la Genèse, remarque Jean Meslier, « parle, raisonne, marche, et se promène dans un jardin, de la même manière que ferait ordinairement un homme ». [...]. Ce Dieu prétendu était un homme fin et rusé, qui voulait se jouer et se moquer de la simplicité et de la grossièreté de celui qui s'appelait Adam, qui n'était apparemment qu'un lourdaud, un niais, et qu'un sot, puisqu'il est dit qu'il se laissa facilement séduire par une femme, et par les promesses trompeuses d'un serpent qui aurait été plus fin et plus rusé que lui. » 18

moise.jpg

José de Ribera (1591–1652), Moïse (1638), Musée San Martino, Chartreuse Saint Martin de Naples.

Le Dieu de l'Exode parle aussi. À Moïse, qui lui demande de montrer son visage, ce Dieu « répond assez plaisamment, qu'il pourrait bien voir son derrière et ses fesses, s'il voulait, mais qu'il ne verrait pas son visage » 19 : Videbis posteriora mea, faciem autem meam videre non poteris » 20. Dieu n'étant qu'un homme, la vue de son visage dévoilerait en effet la supercherie. À moins que Moïse n'ait tout bonnement inventé la scène qu'il rapporte, afin de se parer lui-même du statut politiquement avantageux d'envoyé de Dieu... Un Dieu, une loi, un roi... On sait.

Et Jean Meslier de s'étonner de ce que les hommes aient été « si sots et si aveugles que de croire que des hommes faibles et mortels, comme ils sont tous, pourraient néanmoins devant ou après leur mort, devenir des Dieux immortels. »

« Ce qui est plus surprenant », ajoute Jean Meslier, « c'est que des philosophes même se sont laissés aller à une si sotte et si vaine pensée ». Plutarque lui-même chez les Anciens, le « grand et renommé » Plutarque, dit qu'après leur mort, certains hommes « sages et vertueux » deviennent des Dieux. [...]. Mais il y a longtemps déjà que la plupart des hommes ont reconnu en cela, l'erreur des Anciens.

Quant à « nos Christicoles et autres Déicoles », « n'ayant pas voulu rejeter pour cela toutes les créances des Dieux, ils ont été obligés de se restreindre à la créance d'un seul Dieu, unique en substance et en nature, comme ils disent, mais triple en personnes... »

trinite.jpg

« Un Dieu triple en personnes ». « Ce triangle mystique était visible encore sur la façade d'une maison de Bordeaux, il y a peu d'années » d'après Eugène Viollet-le-Duc en 1856, in Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XIe siècle.

Il s'agit là « d'un Dieu invisible, incorporel et immatériel, et par conséquent un Dieu qui n'a ni chair, ni os, ni membres, et qui par conséquent encore n'a ni forme ni figure, ni couleur au dehors, ni aucune configuration au dedans, ou plutôt qui n'a aucun dedans ni aucun dehors, ni aucun côté, ni aucun dessus, ni aucun dessous, d'un Dieu néanmoins qui est partout, et qui voit tout, qui sait tout, qui fait tout, qui conduit tout, qui gouverne tout, qui soutient tout, et qui est tout entier en tout lieu, et tout entier en chaque partie de lieu, qui est tout puissant, infiniment bon, infiniment sage, infiniment juste, infiniment aimable, et enfin qui est infiniment parfait en toutes sortes de perfections ; dont la nature est immuable, immobile et éternelle, dont la nature est sa puissance, sa sagesse, sa bonté et sa volonté même ; et donc réciproquement la puissance : voilà certainement une idée bien surprenante d'Être... » 

« En quoi on peut à cet égard dire, qu'ils [« nos Déicoles »] se sont égarés encore plus, dans la vanité de leur esprit, et de leurs raisonnements, et que croyant devenir plus sages et plus subtils que les autres, ils sont devenus plus fous, qu'ils n'étaient auparavant. Jean Meslier cite ici, détourné de son contexte, un passage de l'Épître de Saint Paul aux Romains : Evanuerunt in cogitationibus suis [...] dicentes enim se esse sapientes stulti facti sunt, soit, littéralement, « ils se sont perdus dans leurs cogitations, de telle sorte que, eux qui se disaient sages, se sont faits fous » 21.

Mais voyons s'ils [« nos Déicoles » devenus « Christicoles »] sont mieux fondés dans la créance de ce Dieu unique, qu'ils n'étaient dans la créance de la pluralité de Dieux. 22. Plaçant les « Christicoles » sous de tel auspices - « ils sont devenus fous », Jean Meslier martèle à partir d'ici ici une critique impitoyable de cette folie.


  1. Mémoire de Jean Meslier, in Œuvres complètes III, Jean Deprun, Roland Dessiné et Albert Cobol éditeurs, Paris, Anthropos, 1970-1972, p. 90.↩︎

  2. Déicole, du latin chrétien deicola [deus + colo, as, are : cultiver, soigner, honorer, rendre un culte à] : personne qui honore un dieu, qui pratique le culte d'un dieu.↩︎

  3. Le Crépuscule des idoles, in Œuvres complètes de Frédéric Nietzsche, traduction Henri Albert, Paris, Mercure de France, 1908, p. 106.↩︎

  4. Cf. Christine Belcikowski, Lettre écrite par ... [Jean Meslier] à messieurs les curés de son voisinage ; Mémoire de J... M... Pre... c... d'Estrep.y et de Bal... [on dira désormais, pour plus de commodité, Mémoire de Jean Meslier].↩︎

  5. Mémoire de Jean Meslier, p. 374.↩︎

  6. Ibidem, p. 374.↩︎

  7. Vaninus : Giulio Cesare Vanini, connu aussi sous le nom de Lucilio Vanini, né en 1585 en terre d'Otrante, reçu d'abord chez les Carmes, puis philosophe, médecin, naturaliste, astrologue, écrivain ; exécuté le 9 février 1619 à Toulouse pour athéisme et sodomie.↩︎

  8. Théodore de Cyrène, dit Théodore l'Athée ou Théodore le Divin (ca 340 av. J.-C.-ca 250 av. J.-C.), philosophe de la Grèce antique. Il rejetait la croyance envers les dieux, déclarant « qu'il n'existait pas d'être incorruptible et donc éternel dans notre monde ».↩︎

  9. Cf. Sylvain Maréchal (1750-1803), Dictionnaire des athées anciens et modernes, seconde édition, Bruxelles, chez l'Éditeur, 1833, p. 60 : « Les Anciens mettent encore au nombre des athées Damis, Diogène le Phrygien, Hypon, Sosias, etc., dont on ne sait presque rien, sinon qu'ils n'ont point connu de Dieu. »↩︎

  10. Jacques Sannazar, alias Actius Sincerus Sannazarus, poète italien, né en 1458 à Naples, mort en 1530, qui a partagé son temps entre la volupté et la poésie en latin.↩︎

  11. Gaius Tribonianus, ou Tribonien (ca 470-542), juriste byzantin dont le rôle dans la constitution du Corpus iuris civilis [compilation du Droit romain], sous le règne de l'empereur Justinien, a été fondamental.↩︎

  12. Giammaria Ciocchi del Monte (1487-1555), élu pape en 1550 sous le nom de Jules III, 221e pape de l’Église catholique, et non « 275e » comme indiqué par Jean Meslier. Dès 1552, Jules III se retire dans sa Villa Giulia, luxueux palais qu'il a fait construire à la Porta del Popolo. Il se montre extrêmement généreux dans l'attribution de dignités ecclésiastiques et de bénéfices à ses parents. Peu de temps après son accession au trône pontifical, il accorde la pourpre à son favori, Innocenzo Ciocchi del Monte, un jeune garçon de dix-sept ans qu'il a ramassé dans les rues de Parme quelques années plus tôt et qu'il a fait adopter par son frère, Baudouin. D'où le développement de rumeurs venimeuses concernant la relation entre le pape et Innocenzo, qui est élevé au cardinalat à l'âge de dix-sept ans. Les deux hommes reposent in fine dans le même sépulcre.↩︎

  13. Giovanni di Lorenzo de' Medici (1475-1521), élu en 1521 217e pape de l’Église catholique sous le nom de Léon X. La célèbre phrase qu'on lui prête : Quantum nobis nostrique ea de Christo fabula profuerit, satis est omnibus seculis notum, « On sait de temps immémoriaux combien cette fable du Christ nous a été profitable », est tenue aujourd'hui pour apocryphe et due à la perfidie du polémiste anglais anticatholique John Bale (1495-1563).↩︎

  14. Mémoire de Jean Meslier, p. 376.↩︎

  15. Ibidem, pp. 376-378.↩︎

  16. Œuvres complètes de Saint Augustin, volume 30, De spiritu et littera, chapitre XXXIV, Paris, Vivès, 1872, p. 182.↩︎

  17. Mémoire de Jean Meslier, pp. 378-379.↩︎

  18. Ibidem, p. 378.↩︎

  19. Ibid., p. 380.↩︎

  20. Hieronymus Vulgata, Exode, XXXIII, 23. NB. En lieu et place des posteriora, les théologiens parlent pudiquement du « dos » de Dieu.↩︎

  21. Saint Paul dit exactement dans l'Épitre aux Romains, I, 20-24 : invisibilia enim ipsius a creatura mundi per ea quae facta sunt intellecta conspiciuntur sempiterna quoque eius virtus et divinitas ut sint inexcusabiles quia cum cognovissent Deum non sicut Deum glorificaverunt aut gratias egerunt sed evanuerunt in cogitationibus suis et obscuratum est insipiens cor eorum dicentes enim se esse sapientes stulti facti sunt et mutaverunt gloriam incorruptibilis Dei in similitudinem imaginis corruptibilis hominis et volucrum et quadrupedum et serpentium
    Traduction proposée par l'Association Épiscopale Liturgique pour les pays Francophones : « Depuis la création du monde, on peut voir avec l’intelligence, à travers les œuvres de Dieu, ce qui de lui est invisible : sa puissance éternelle et sa divinité. Ils n’ont donc pas d’excuse, puisque, malgré leur connaissance de Dieu, ils ne lui ont pas rendu la gloire et l’action de grâce que l’on doit à Dieu. Ils se sont laissé aller à des raisonnements sans valeur, et les ténèbres ont rempli leurs cœurs privés d’intelligence. Ces soi-disant sages sont devenus fous ; ils ont échangé la gloire du Dieu impérissable contre des idoles représentant l’être humain périssable ou bien des volatiles, des quadrupèdes et des reptiles. »↩︎

  22. Mémoire de Jean Meslier, pp. 382-383.↩︎

1 commentaire

#1  - Gironce a dit :

Lequel des deux est fou: le croyant ou l'incroyant ? Celui qui reconnaît la limite de l'homme, ou celui qui se prend pour Dieu ? Celui qui aspire à la transcendance, ou celui qui se croit roi ? Celui qui s'efforce de rester humble, ou celui qui se trouve beau ? Celui qui forme et écoute sa conscience, ou celui qui l'outrepasse ?
Celui qui sait n'avoir pas tout compris, ou celui qui assure avoir tout compris ?

Répondre

Écrire un commentaire

Quelle est le premier caractère du mot 6pwsq ?

Fil RSS des commentaires de cet article