J'ai aperçu Chiron
J’ai aperçu Chiron 1
solitaire, sous les arbres,
dans l’une des prairies
qui s’étendent là-bas,
oh ! le vert de l’herbe !
au bord de la rivière,
et nous avons parlé.
Car nous nous connaissons,
lui est du sagittaire,
et je suis des gémeaux,
nous figurons tous deux
dans le même catalogue d’étoiles,
celui de Ἵππαρχος 2,
que les savants arabes
ont nommé plus tard أبراشير,
et le savant Gérard de Crémone,
Abrachir,
parce qu’il ne savait ni le grec ni l’arabe.
Et nous avons parlé,
non point de la solitude des constellations,
mais de la solitude de l'exil terrestre,
de la mélancolie des jours qui passent,
et de la déliaison qu'il faut souffrir,
obvie, de l'âme et du corps.
Et nos cœurs bougaient sous les arbres
dont les frondaisons massives
nous faisaient petits.
Fragonard pinxit.
Puis il s'est retiré
sous le couvert des arbres,
et j'ai poursuivi mon chemin
jusqu'au bord de l'eau,
qui court sans savoir.
La rive était déserte,
semée d'avoines folles.
Cf. Christine Belcikowski, Le centaure Chiron.↩︎
Hipparque, né vers 190 avant J.-C. à Nicée, mort vers 120 avant J.-C. à Rhodes, astronome, géographe et mathématicien grec.↩︎