L'oiseau bleu qui fuse sur l'eau
signe la rivière
d'un trait de pinceau.
La grenouille verte
fait en trompe-l'œil
un caillou moussu.
Penchés sur le motif,
les grands arbres commentent
à voix basse
le pas lumineux
de la leçon d'aquarelle.
Et nous, cependant,
figures insignifiantes
tombées par accident
de la pointe du pinceau,
feignons de n'être point
absous de toute appartenance
à la seule limpidité du tableau.
Mais personne n'entre ici
autrement que fantôme,
étranger à ce monde
qui se réserve de flotter
dans le regard seul,
dans la pensée seule,
dans l'âme seule du peintre.
Vous qui errez ici,
aux lisières du tableau,
prenez garde
de ne point le charger
du poids de vos ombres portées.
Camille Flamarion, gravure sur bois (version colorisée) d'inspiration médiévale, publiée en 1888 dans L'Atmosphère : Météorologie populaire, chap. « La forme du ciel », « Qu'y a-t-il, alors, dans ce ciel bleu, qui existe certainement, et qui nous voile les étoiles durant le jour ? » troisième édition, Paris, Hachette, 1888, p. 163.
Savaric de Mauléon, figure propitiatoire sous le signe de laquelle on a voulu que François Savary Suzanne Emmanuel de Mauléon-Narbonne, nouveau-né, se trouve placé. BnF ms. 12473 fol. 138.