Pour les gens de mon âge, les lieux qu’ils ont aimés, auxquels ils ont appartenu, n’existent plus. Aussi, pour des gens comme moi, la seule possibilité de vie se trouve ici et maintenant, car tout avenir nous est incertain, toute idée du futur floue et aléatoire, tel un mirage que le moindre souffle d’air peut détruire.
Olga Tokarczuk, Sur les ossements des morts, 2010, Libretto, 2019, p. 174.
Nœuds et non-nœuds
l’autan souffle sur l’eau
les bateaux peinent à la manœuvre
entends le breakbeat de la drum bass qui cogne là-bas
dans une voiture garée sur l’autre rive
portières grandes ouvertes quo eunt ceux qui ne savent pas où ils vont ? quo eo, moi aussi, qui ne sais davantage
où je vais.
Ailleurs est ma maison.
Ici sur le port je traîne à la terrasse
d’un café de hasard
le vent brouille les voix
un nuage passe.
Je n’ai pas de maison
autre que celle de l’enfance
j’y suis retournée une fois
en rêve.
Nuit sans lune, village endormi,
chiens muets,
j’ai la clé,
j’entre dans la maison fermée depuis l’été
j’allume,
mon père, mort, est assis sur une chaise
au milieu de la cuisine,
un vieux roi.
— Tu es venue ?
Il ne faut pas rester.
C’est tout ce qu’il a dit,
que j’ai entendu,
mais sa voix n’avait pas de son.
Et ce rêve n'a pas de fin.
Détail de la carte du diocèse de Mirepoix, in César François Cassini de Thury (1714-1784), Diocèses de la province du Languedoc, C. Aldring sculpsit, Bourgoin jeune scripsit, Paris, 1781.
Détail de la carte du diocèse de Mirepoix, in Diocèses de la province du Languedoc. Pour voir une carte simplifiée de la seigneurie de Mirepoix toute entière, telle qu'attribuée par saint Louis à Gui I de Lévis en 1229, cf. Pyrénées cathares. Patrimoine.
Alix de Saint-André, 57, rue de Babylone, Paris VIIe, Paris, Gallimard, 2021.
Alors que je lisais 57, rue de Babylone, Paris VIIe, une enquête d'Alix de Saint-André sur l'histoire d'une curieuse pension de famille située à l'adresse éponyme dans les années 1970 et nommée Home Pasteur, et, par effet de proximité, sur l'histoire de sa propre famille, je suis tombée sur ce propos de Jean Peïtevin de Saint-André, père de l'auteur, et sur ce détail de sa mémoire familiale :