Vitrail de Charles VI, église Notre Dame d'Évreux. Né le 3 décembre 1368, Charles VI de Valois, a régné du 16 septembre 1380 au 21 octobre 1422, date de sa mort.
Grégoire XI couronné par Guy de Boulogne, archevêque de Lyon ; enluminure tirée des Chroniques de Froissart, XVe siècle. Pierre Roger de Beaufort (Corrèze, 1329 - 27 mars 1378, Rome), élu au pontificat le 30 décembre 1370 sous le nom de Grégoire XI, dernier des papes français, est un neveu du pape Clément VI. Guillaume II de Rogier de Baufort de Carnillac, son père, comte de Beaufort, vicomte de Turenne, baron de Pertuis et Saint-Rémy, vicomte de Lamothe et de Valernes (1290-1380), époux d'Aliénor de Comminges, était le frère aîné du pape Clément VI. Tôt décidé à abandonner Avignon en tant que siège de la papauté, Grégoire XI s'installe solennellement à Rome le 17 janvier 1377. Il y meurt un an plus tard.
C’était écrit sur un cadran solaire,
aujourd'hui disparu,
au collège où l’auteur du De la recherche de la vérité,
des Éclaircissements sur la recherche de la vérité
et du Sur la Lumière et les Couleurs, sur la génération du Feu et sur plusieurs autres effets de la matière subtile,
Nicolas Malebranche,
fut élève, alumnus, et non allumette !
et où il obtient en 1656 le grade de maître ès arts.
Après quoi, mais c'était de toujours,
et qui de nous ne cherche quelque chose ou quelqu'un ?
de façon obvie, c'est la vie, c'est la vie,
il a cherché, on cherche encore
la vérité.
LUMEN NON FLAMMA alumnus, et non allumette !
LUMEN NON FLAMMA
LUDUS LABORQUE COMPOSITA REPETANTUR HORA
L'heure pèse ici jour après jour
dans sa balance, vieille, vieille,
le poids des vies, des âmes,
c'est pareil,
livrées au rythme vieux, très vieux,
qui les tient éveillées
dans leurs façons d'embarquées,
— LUDUS LABORQUE
jeu et labeur, labeur et jeu —
embarquées dans la même pesée,
livrées au vieux miracle, vieux, très vieux,
de la lumière qui tombe sur la balance,
et l'équilibre se fait
et la vérité, et le sens,
c'est pareil,
que tu croyais perdus
de vue ou de simple évidence,
et la vérité dont tu croyais qu'infidèle,
elle t'avait déserté,
te revient et t'éclaire,
c'est la lampe éternelle,
qui luit dans les tombeaux anciens
celle qui verse un jour patient,
dans le silence de l'étude,
sur les vieux, très vieux livres,
ou celle qui s'allume aujourd'hui au front des cités,
quand on dîne à la table du soir,
et qui ne vient pas de l'écran TV,
mais de la balance subtile du moment
et du jeu suspendu des forces en présence.
LUDUS LABORQUE.
Malingre, tordu, Nicolas Malebranche,
ne pratiquait, certes pas, dans la cour du collège de la Marche,
la moindre de ces activités qu'on dit
de plein air !
Il n'a jamais joué ni à la paume ni à la pelote.
Mais le ciel est grand, les nuages, grands voiliers,
la mouche, hypnotique,
et le rai de lumière qui fuse dans la pénombre,
empli d'une multitude de corps minuscules
qui se mêlent de mille manières dans le vide1.
Nicolas Malebranche savait le clinamen de Lucrèce
et les grands tourbillons de Descartes, toute la matière tourne ainsi en rond,
autour de chacun de ses centres2,
et il savait l'espace de jeu qui s'ouvre ainsi
au pas des nuages,
au vol de la mouche,
et autres causes occasionnelles
de l'ouverture de l'espace panoptique
qui est celui de la vision en Dieu.
Tout jeune encore, il voyait déjà
l'invisible, ces dimensions intelligibles qui me représentent tous ces espaces,
et qui n'occupent aucun lieu3.
LUMEN NON FLAMMA. Ce monde est invisible par lui-même,
il faut par nécessité que Dieu nous le révèle4.
Et la lumière ne vient pas de la chandelle
dont la cire coule, le soir, sur les pages du livre,
ni du jour maladif — parisien — qui tombe
des vitraux de la chapelle du collège ;
ni aujourd'hui des écrans
qui ne donnent, abraxas ! rien à voir
de la vérité de l'instant,
dans la nuit des maisons insomniaques ;
la lumière ne vient pas non plus
— alpestre, trop alpestre,
dira, de façon sibylline, la baronne Blixen 5 —
du rougeoiement des amours,
des passions du corps, de l'esprit ou de l'âme ;
encore moins des calculs de la Raison des Lumières,
qui se flatte de flamber haut et droit ;
encore moins du comput
du prochain passage de la comète de Halley 6,
encore moins de l'éclair de la compréhension
— fameux — fantastique — foudroyant 👀 —
par où, sur foi de l'expérience,
il appert à Hylas que la loi de la gravitation universelle
s'applique à la pensée comme elle s'applique au jet d'eau.
— Regardez, Hylas, l'eau que voici, dit Philonoüs : Elle s’élève en colonne
jusqu'à une certaine hauteur,
et elle se brise ensuite
pour retomber dans le bassin d’où elle était d’abord partie... 7 Et, montée sur le faîte, elle aspire à descendre,
disait l'autre en son temps,
alias Corneille ; ou Molière ? 8
LUMEN NON FLAMMA.
Malebranche est mort, dit-on, d'une colère.
que lui inspira en 1715 une dispute avec Berkeley,
alias Philonoüs...
Un coup de sang, comme d'un coup de flamme.
Foin d'endosser, fût-ce un moment, le rôle d'Hylas !
foin du jet d'eau et foin de la pensée
qui, par effet du mandement divin,
ici nommé gravitation universelle,.
monte et descend ! Ce monde est invisible par lui-même,
il faut par nécessité que Dieu nous le révèle.
La lumière qui éclaire nos travaux et nos jours,
nos pas, graves ou légers, nos livres et nos jeux,
LUDUS LABORQUE,
Dieu la dispense liberaliter,
heure après heure, de façon continue,
LUMEN NON FLAMMA,
il suffit à chacun de nous d'être là,
dans le secret du rai divin
et de voir en Dieu ce qui est
et qui demeure invisible pourtant sur la page du livre,
dans le rond de lumière de la lampe
ou sur les crêtes rouges
— alpestres, trop alpestres —
dont le bois se hérisse dans la cheminée.
LUMEN NON FLAMMA
LUDUS LABORQUE COMPOSITA REPETANTUR HORA
Ainsi donc a vécu, dit et pensé,
jeune encore, alumnus, et non allumette !
vieux aussi, Nicolas Malebranche,
auquel un ami charitable a dédié ce mot assassin :
« Lui qui voit tout en Dieu, n'y voit pas qu'il est fou. » 9
Au moins je le tiens, moi, pour poète,
et je le défendrai
contre ceux que le vieux Du Bellay nomme dans ses Regrets,
les « courtisans romains » :
« Vous dictes, courtisans, les Poëtes sont fouls...
Si vous riez de nous, nous faisons la pareille :
Mais cela qui se dit s’en vole par l’oreille,
Et cela qui s’escrit ne se perd pas ainsi. » 10
Putemus totam materiam coeli in qua Planetae versantur, in modum cujusdam vorticis, in cujus centro est Sol, assidue gyrare, ac ejus partes Soli viciniores celerius moveri quam remotiores, Planetasque omnes (e quorum numero est Terra) inter easdem istius coelestis materiae partes semper versari. René Descartes, Principia, III, VIII, et IX.↩︎
Nicolas Malebranche, Entretiens sur la métaphysique et sur la religion, 1688, I.↩︎
Karen Blixen (1885-1962), « Ehrengard », in Les Chevaux fantômes, recueil de nouvelles, posthume. Karen Blixen parle dans « Ehrengard » d'un certain Alpenglühen dont la signification érotique ne peut échapper au lecteur de la nouvelle. ↩︎
« Molière est un chef-d'œuvre de Corneille », écrit Pierre Louÿs en 1919. Des chercheurs relancent cette théorie en 2000. D'autres chercheurs la balaient en 2014. Cf. Deux chercheurs prouvent que Corneille n'a pas écrit les pièces de Molière. De toute façon, Corneille, perché sur la Racine de La Bruyère, Boileau de La Fontaine Molière, comme on sait...↩︎
Mot de l'abbé Pierre Valentin Faydit (1640-1709), attribué ensuite à Voltaire, qui l'a repris à son nom ; invoqué par Malebranche dans ses Œuvres complètes, XX, 376 ; cité par Victor Cousin (1792-1867) dans Introduction aux oeuvres du père André, Paris, Imprimerie du Crapelet, 1843 : « Faydit, quoique assez peu sage lui-même, parloit fort sagement quand il disoit du P. Malebranche : "Lui qui voit tout en Dieu, n'y voit pas qu'il est fou". »↩︎