4 novembre 1380, sacre de Charles VI, détail, in Bernard de Montfaucon, Les monumens de la monarchie françoise, 1729-1733, BnF, département Arsenal, ARS EST-368 (23). Né le 3 décembre 1368, Charles VI est sacré roi à l'âge de douze ans. Cinq mois plus tard, c'est sous le contrôle de ses oncles régents, les ducs de Bourgogne, d'Anjou, de Berry et de Bourbon, qu'il valide l'enregistrement d'une charte, aujourd'hui disparue, mais dont il subsiste une copie, établie non sans quelques lacunes au milieu du XVIe siècle et transcrite par Félix Pasquier dans le volume II du Cartulaire de Mirepoix. C'est la traduction de cette copie que je propose ci-dessous.
É cosi che bosco e non-bosco in quieta pazzia tu coltivi Ed è cosi che ti senti nessunluogo, gnessulégo (avverbio)
Andrea Zanzotto, Gnessulógo, in Il Galateo in Bosco, 2011.
Dans la forêt obscure,
emplie pourtant ici de clartés,
cafés, cuivres, voix qui flambent,
tu vagues, vide,
sans futur, sans passé car c’est ainsi que tu cultives forêt et non-forêt en paisible folie,
car c'est ainsi que tu te sens alcunlieu, aucunlieu (adverbe).
Vivre ici ou ailleurs,
n'importe où, nulle part dirait-on,
nulle part,
de quelle part se dire ?
Se sentir aucunlieu,
perdu d'attaches, autant dire sans toit,
sans maison et sans chair
qui sache dire et la droite et la gauche,
et le chaud et le froid,
et la couleur des roses qui croulent sur le mur,
et le goût doucereux de la nuit qui s'annonce dans l'air,
et l'apophtegme des oiseaux
avant que la ténèbre s'allume
ainsi qu'une lampe éternelle.
Se sentir aucunlieu,
libre d'âme qui racine,
chose,
chose ignorante des choses,
pierre, bois, sable, os,
eau sans bords, et rien n'a dérangé le sévère portique,
que tu sois là ou pas.
Ou pas. Alcunlieu,
sinon en étrange forêt
où tu te perds, jour après jour d'avance,
et qui ne te voit pas.
— Pourquoi me parles-tu ?
dit le sourire sans chat.
— Parce que je te * chat,
dit la voix dans la nuit qui s’attarde.
— Et parce que je t’humaine,
dit le sourire du chat
reparu dans le gris du matin.
Du coup, tu me souris.
— Tu veux dire que je te nourris,
cependant que le café goutte ?
— Sourire, nourrir...
rire-sous, rire-nous,
miaou-miaou,
c'est pareil, dit le chat.
— Je te * chat, tu m'humaines,
dis-tu.
Et quand tu griffes et mords ?
Alors ?
— Je te souris encore.
SOURIS !
Tu m'as compris.
— Tu m'humaines souris !
Chat vit ra ! Chateaubriand !
Quoi donc encore !
Le chat vire, motus,
en direction d'autre provende,
plus croquante,
chicorée, bœuf, sulfates,
issue de la gastronomie industrielle.
C'est dans la cuisine,
théâtre sibyllin de la vie ordinaire
et de ses drôles d'enchantements,
qui s'effument, chabada,
au grand jour.
Daté du 14 décembre 1483, écrit en vieil occitan, le texte traduit ci-dessous est celui d'un cahier qui nous est parvenu incomplet. « On ne trouve pas la réponse que le seigneur crut devoir faire aux demandes » des consuls de 1483, note Félix Pasquier dans un mot d'introduction.
— Il y a l’orée…
disait quelqu’un,
que j’entendais
parler du loup,
qui est dans la forêt.
Il y a l’orée…
Du latin ora,
bord, contour,
du latin os,
la bouche.
Il y a l’orée…
Il y a la bouche…
De la forêt ?
Du loup ?
De la nuit ?
Des espaces qui s’ouvrent
dans le miroir de l’armoire,
sans mémoire ?
Des rêves qui s’attardent
avant le réveil ?
On y entre
comme on en sort,
ou comme, un jour,
point n'en ressort.
Il y a l’orée…
D’une allée
où entrer sans savoir
où elle va
et si elle va dans le sens de l’aller
ou dans le sens du retour,
crois-tu ?
ou si le chemin, là, ne mène
nulle part ?
Il y a l’orée…
Et il n'y a pas d'amont.
Passé l'orée,
aval fait loi.
Ici n'est plus ici.
Eden,
où les bêtes s'aimaient,
s'est perdu.