Louis XI (1423-1483), roi des Français (1461-1483), par Jacob de Littemont, ca 1469, collection privée.
Le texte traduit ci-dessous est une copie, datée du 26 février 1492, d'un original qui date, lui, du 5 septembre 1467. Au bas du texte copié, une mention complémentaire nous apprend que la publication de la charte signée le 5 septembre 1467 n'a pas permis aux parties en présence, le seigneur de Mirepoix d'une part, et les consuls de Mirepoix d'autre part, d'éviter un procès ultérieur.
Généalogie simplifiée de Jean IV de Lévis.
Jean IV de Lévis est en 1467 seigneur de Mirepoix. Le texte de la charte signée cette année-là indique en vieil occitan qu'il est mangut de bona amor enta Dieu e aven amistat envers ladita ciutat de Mirapeix e habitans de aquela, « dévoré par l'amour de Dieu et ayant amitié envers ladite cité de Mirepoix et les habitants de celle-ci », ce pourquoi il annonce vouloir procéder à l'amortissement d'une métairie et de ses terres, située à Saint-Jean-de-l'Herm 1, aux abords de Mirepoix, et donnée par un bienfaiteur nommé Marsal à la almoyna de la Caritat [l'hospice de la Charité] de Mirepoix. Quand on sait que l'amortissement, c'est ici l'annulation de la mainmorte sur un domaine en échange d'une compensation monétaire due au seigneur, d'où la redevance payée par les mainmortables au seigneur pour l'indemniser de la suppression des droits de mutation dont ce dernier se trouverait privé à l'avenir, on observe au passage que les chemins de la charité sont impénétrables. Quoique mangut de bona amor enta Dieu e aven amistat envers ladita ciutat de Mirapeix e habitans de aquela, Jean IV de Lévis demeure, comme ses prédécesseurs, un seigneur dur en affaires. On en verra la preuve ci-dessous, dans le texte de la criée faite alors à la requête du seigneur.
Charles VI de Valois, roi de France, par Jean de Tillet, sieur de la Bussière, in Recueil des rois de France, 1580, BnF, Département des Manuscrits, Français 2848, folio 143v.
Le 17 juillet 1390, Charles VI, roi de France, âgé alors de vingt-deux ans, ratifie par les lettres patentes traduites ci-dessous le contrat de paréage établi entre lui et Roger Bernard I de Lévis, seigneur de Mirepoix. Ce contrat unit ici deux parties, d'inégale puissance, pour la possession etl'administration en commun d'une terre ou d'un ensemble de terres. Le roi y trouve son avantage dans la mesure où, en sus de favoriser le contrôle des revenus de l'autre partie et d'augmenter les revenus de la couronne en leur ajoutant la moitié de ceux qui revenaient auparavant à la seule autre partie, ce paréage permet au roi de s'introduire comme associé dans la seigneurie de Mirepoix, et plus tard peut-être, du moins lui et ses successeurs doivent-ils l'espérer, la soumettre pour l'essentiel à sa propre administration.
Quel avantage Roger Bernard I trouve-t-il, lui, audit paréage ? Charles VI, dans ses lettres patentes, semble savoir, et en tout cas laisse entendre que Roger Bernard I pourrait être en proie à des difficultés financières, se trouver confronté à des créanciers, et risquer mêmes des saisies en raison de ses dettes.
Effectivement, depuis 1370, dans le contexte de la guerre de Cent Ans, les seigneuries de Roger Bernard I de Lévis ont été ruinées par le séjour prolongé des compagnies de routiers. Ensuite, le même Roger Bernard I de Lévis a multiplié des libéralités flamboyantes au Chapitre de Mirepoix ainsi qu'à divers établissements religieux tels que l'abbaye de Lagrasse, les frères Mineurs de Mirepoix, les frères Mineurs de Carcassonne, et l'abbaye de Boulbonne. Par suite, en 1390,il se trouve en contestation avec l’abbé de Boulbonne pour une somme de 6.995 florins d’or, dont il reste débiteur. Enfin, il se trouve également en contestation avec son fils Jean, futur seigneur de Mirepoix sous le nom de Jean III, qui, avec ses propres troupes, ravage les terres et châteaux de la seigneurie de Mirepoix, comme faisaient avant lui les routiers des années 1360.
En souvenir du temps où le comte de Foix, Gaston Phébus, menait guerre contre le comte d’Armagnac et Jean, comte de Poitiers, fils et lieutenant du roi en Languedoc ; guerre dans laquelle Jean II de Lévis avait pris le parti du comte de Foix, et le jeune Roger Bernard de Lévis, fils de Jean II, pris parti pour le comte de Poitiers, lieutenant du roi 1 ; Charles VI semble, quant à lui, vouloir aider, en offrant le secours de son paréage, au rétablissement financier de « son cher et fidèle » Roger Bernard I de Lévis...
En 1392, soit deux ans plus tard, Charles VI sera frappé par une première crise de maladie mentale. Son pouvoir passe alors épisodiquement entre les mains de son entourage familial, au sein duquel divers clans se déchirent...
Συνάψιες ὅλα καὶ οὐχ ὅλα, συμφερόμενον διαφερόμενον, συνᾷδον διᾷδον, καὶ ἐκ πάντων ἓν καὶ ἐξ ἑνὸς πάντα.
Nœuds, touts et non touts, rassemblé, séparé, consonant, dissonant ; de toutes choses l'un et de l'un toutes choses.
Figure de crieur public sous le Grand Couvert de Mirepoix. Les outrages du temps veulent qu'il ait perdu la trompe dans laquelle il soufflait initialement.