Ruines au soleil couchant

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Guide éternel des égarés,
le soleil te tire vers l'Ouest.
Ne jamais revenir,
te dit la voix qui parle dans ta tête !
Les ombres débordées qui fluent derrière toi,
fantômes de ton âme et de ton corps glorieux,
font cortège à ton pas
invisiblement ralenti.
Comment faire pour rester sensible ?
Tu te souviens pourtant d'un matin qui poignait
derrière une verrière de couleurs,
d'un bouquet de pervenches qui fusait
au bord d'un mur délabré.
Où est la main de grâce qui semait d'abondance
la curiosité, l'insatiable curiosité,
sur les jours de l'enfance ?
Où est l'oiseau kolokolo
qui criait dans les branches
— Va sur les rives du grand fleuve Limpopo.
Cherche là !
Là, c'est bien loin.
Et même ici, c'est loin aussi,
loin du silence qui te vient,
comme l'eau monte dans un puits.
L'eau d'oblivion...
celle du soir qui tombe.
Tast de cette eau nous donne perdicion
Et de tous biens oblivion
.

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Pensées de la nuit

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Classé dans : Poésie Mots clés : aucun

Pensées de la nuit, le rêve est sans idées,
pensées tombées des nuages,
ou plutôt d’une main, d'une main sans personne,
qui puise dans son grand tablier
et sème par poignées dans les plis du sommeil,
comme autant de paroles gelées,
que forcément l’on n’entend pas,
ou encore comme autant de ces petits cailloux blancs,
qui poussent au cœur de la forêt
sous les pas du Petit Poucet,
à moins qu'ils ne s'égrènent ailleurs, souvenir de l'été,
— c'était bleu, c'était hier —
sur le marbre des tombes.
Pensées sans idée,
sans clé, sans jour, sans feu ni lieu,
car tu dors,
et le rêve, tel qu'il vient, sans idées
te découvre à l'instant
la forme et la matière de ton âme vive.

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Pluie tiède et barder la bécasse

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À côté de moi, une petite dame dodue, de vieux style,
demande du lard à l’étal du boucher
pour barder la bécasse.
— C’est devenu rare de nos jours
de manger de la bécasse.
Et c’est tout un art de la cuisiner !

Je rentre chez moi sous les nuages noirs, la pluie tiède.
Depuis le pont de Limoux, un chien blanc
me regarde marcher dans la rue du Gouverneur Laprade,
très blanc, comme dans les rêves.
On dirait l’Angelus Novus, qui tourne le dos à l’avenir,
aujourd’hui à l’Aude, d’où vient la pluie tiède.

Arrivée à la maison, j’ouvre la porte du jardin
et j’entends, discret,
doux comme le roucoulement d’une colombe,
l’appel du crapaud.
Crapaud cherche compagne sous les feuilles.
Signe des temps.

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Les arbres ont poussé

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Les arbres ont poussé,
l’ombre gagne.
Quelque chose suinte
dans la maison froide,
quelque chose qui vient
à partir d'en bas, inab.
Vois comme les ombres
débordées
cèdent à la montée lourde, lente,
du Styx.
Qui saura dessécher ici
la hantise ?
il faut partir,
ne jamais revenir.
Mais où aller ?
Quo vadis ?
la question de toujours.
Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant,
dit le poète.

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« Oui, je suis ce Danton ! je suis ce Robespierre ! » dixit Victor Hugo

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De gauche à droite : Danton à la tribune de la Convention ; Robespierre à la tribune de la Convention ; Hugo député de la deuxième République en 1848.

Dans « Réponse à un acte d'accusation », long poème recueilli dans les Contemplations (I, VII) en 1856, Victor Hugo, bouillant fauteur de la bataille d'Hernani au théâtre en 1830 déjà, poursuit la même bataille contre ceux qui lui « crient raca » (1), grammairiens et autres sectateurs « du bon goût et l’ancien vers françois », au motif qu'il aurait en poésie « saccagé le fond tout autant que la forme », et que, « démagogue horrible et débordé », il aurait « dévasté le vieil ABCD » ! Oui, oui, en 1837, Victor Hugo a osé publier dans Les Voix intérieures un poème vulgairement intitulé « La Vache » ! et il y use même, quelle horreur ! du mot « ventre » ou encore du mot « pis » ! — Et pourquoi pas ? leur rétorque en substance le député de la République née de la révolution de 1848, puis, depuis Guernesey où il a dû s'exiler, le pourfendeur de « Napoléon le petit ».

Initialement monarchiste, Victor Hugo s'affirme ensuite ardent républicain. Il se veut ainsi, après Danton et après Robespierre, porte-parole des libertés qui, quoique encore bafouées, sont a priori celles du peuple, donc celles de l'écrivain aussi : « J’ai dit aux mots : Soyez république ! soyez / La fourmilière immense, et travaillez ! croyez, / Aimez, vivez ! ». « Qui délivre le mot, délivre la pensée. » (2)

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