Scène du bord de la rivière
Les petits cris des femmes lorsqu’elles entrent dans l’eau
sont aigus à ravir,
ils ressemblent à ceux des souris mignotées par la patte du chat.
les hommes, eux, ne crient pas,
ils sont forts, ils se jettent,
sans quitter lunettes ni barbe,
et ils nagent à grands coups de bras
il y a du muscle !
Et tous, pareillement, le courant les emporte,
il faut se cramponner aux pierres qui peuplent le lit de la rivière,
pour s'arracher à la force de la vérité en marche.
Elle court, elle court,
elle va plus vite qu'eux tous,
qui se cramponnent aux pierres d'attente.
Pierre d'attente aussi, le couchant
qui les incline, dans son or,
au retour à pas lents,
à la table du soir,
au sommeil délicieux,
à l'échappée des rêves.
La rivière cependant continue de courir.