À propos de Mlle Coupée. Quand le lieutenant de la police des mœurs a du style

Rédigé par Christine Belcikowski Aucun commentaire
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De gauche à droite : Nicolas René Berryer de Ravenoville (1703-1762), lieutenant général de police de Paris du 27 mai 1747 au 29 octobre 1757 ; Antoine de Sartines (1729-1801), lieutenant général de police de Paris du 22 novembre 1759 au mois de mai 1774.

Nicolas René Berryer de Ravenoville d'abord, et ensuite Antoine de Sartine, lieutenants généraux de police, avaient formé avec soin des inspecteurs, comme Jean Baptiste Meusnier (1713-1757) et Louis Marais (1723-1780), chargés de surveiller spécialement le Tout-Paris galant et de dresser des rapports détaillés sur les scandales d'alcôve, les potins de coulisses, les escapades, les adultères des gentilshommes et des nobles dames de la cour. Les filles cotées, les artistes libertines, les seigneurs débauchés étaient soumis à une surveillance des plus actives, mais aussi des plus discrètes ; et rares étaient les orgies, ou même les parties de plaisir, qui n'étaient pas consignées sur les tablettes de Meusnier ou de Marais. Ces rapports, revus ensuite sans doute par les lieutenants généraux de police, étaient présentés au roi qui, satisfaisant sa lubricité, tâchait de ranimer ses sens émoussés en remplissant son imagination de ces tableaux orduriers. Louis XV se plaisait aussi, lorsque ses familiers se présentaient au petit lever, à leur faire la surprise de leur conter leurs secrètes équipées.

Ces rapports furent trouvés, au mois de juillet 1789, dans les papiers secrets de la Bastille, et portés, croit-on, à l'Hôtel-de-Ville. Aujourd'hui ils sont dispersés : on en trouve une partie à la Bibliothèque de l'Arsenal (Archives de la Bastille), une autre à la Bibliothèque nationale (Manuscrits français 11357 et suivants. Rapports de police). » (1)

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Cinquante-quatre dossiers consacrés par Jean Baptiste Meusnier à la vie privée des actrices, danseuses et cantatrices de Paris entre 1749 et 1758 ont été numérisés par la B.n.F. et peuvent être consultés sur Gallica (2). Ces dossiers, non paginés, dérangés par endroits, intéressent des « Demoiselles » dont les noms se trouvent classés par ordre alphabétique de A à C, soit de Mlle Adélaïde à Mlle Coraline. On s'intéressera ici au dossier qui concerne la personne et les activités de Mlle Coupée » (3). Commencé en 1848, ce dossier court jusqu'au 18 février 1767.

Actrice récitante à l'Opéra, Mlle Coupée, née Edme Coupée — « demoiselle » dont Jean Baptiste Meusnier dit que « ses père et mère l'ont eux-même prostituée » (4) et que « depuis qu'ils vivent à la campagne, elle leur fait une pension » —, Mlle Coupée donc, l'âge venant, s'est fait appeler Madame de Cheminot, a ouvert un salon où elle ne recevait d'abord que des hommes, — parmi lesquels les cousins Pierre Jean Berthold de Proli et Anacharsis Cloots, comme on sait (5) ; le [la] Chevalier [Chevalière] d'Éon ; Rivarol ; Beaumarchais ; Diderot ; l'astronome Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande ; l'astronome William Herschel ; Claude Carloman de Rulhière, poéte et historien, académicien ; Étienne Noël D'Amilaville, homme de lettres ; Gabriel Sénac de Meilhan, auteur en 1776 de la Foutro-manie (6) ; les abbés Coyer, Raynal et Cerutti ; etc. —, et où elle a reçu ensuite quelques dames, dont Mme d'Entraigues, de grande famille, la femme et la fille du général Jean Bernard Gauthier de Murnan, etc.

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De gauche à droite : Denis Diderot (1713-1784) ; abbé Guillaume Thomas Raynal (1713-1796) ; Étienne Noël D'Amilaville (1723-1768).

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De gauche à droite : Charles d'Éon de Beaumont, dit le [la] chevalier [chevalière] d'Éon (Tonnerre, 1728-1810, Londres) ; Antoine Rivaroli, dit de Rivarol, ou Rivarol (Bagnols-sur-Cèze, 1753-1801, Berlin) ; Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, né Pierre-Augustin Caron (1732-1799).

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De gaucge à droite : Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande, dit Lalande (1732-1897) ; Claude Carloman de Rulhière (1735-1791) ; William Herschel, né Friedrich Wilhelm Herschel (Hanovre, Allemagne, 1738-1822, Slough, Angleterre).

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De gauche à droite : Gabriel Sénac de Meilhan (Versailles, 1736-1803, Vienne, Autriche) ; Joseph Antoine Joachim Cerutti (None, Italie, 1738-1792, Paris).

Le dossier consacré à Mlle Coupée débute le 29 mars 1749 et court jusqu'au 18 février 1757. On y voit Jean Baptiste Meusnier recouper, corriger et affiner progressivement ses notes, ou « feuilles » à partir des observations, on-dit et autres renseignements qu'il passe son temps à glaner. Nombre de ces feuilles font d'abord l'objet d'un brouillon, puis se trouvent retravaillées et mises au propre dans une seconde version, d'écriture très soignée, qui constitue la version finale. Chaque feuille est datée et assortie du nom de la rue ou du quartier dans lequel Jean Baptiste Meusnier a poursuivi telle ou telle filature et obtenu ses renseignements.

29 mars 1749. « M. d'Augny, fermier général, a surpris cette fille [Mlle Coupée], qui est sa maîtresse, couchée avec le duc de Gramont. Il en a été si piqué qu'il l'a condédiée sur le champ. M. de Grammont en a fait autant, et a repris la Dlle Fauconnière, laquelle était dans la dernière affliction de son infidélité.
M. Belvetin, prié par la Dlle Coupée pour faire la paix avec M. d'Augny et pour l'engager de revenir à elle, a tenté de lui ramener son amant, mais il est resté inflexible. Les pleurs de cette fille a cette occasion l'ont attendri et, pour la consoler, on dit qu'il lui a promis de la voir jusqu'à ce qu'elle ait trouvé un parti, ne pouvant s'engager avec elle, ayant une femme à laquelle il n'ose manquer et étant accoutumé d'ailleurs de voltiger de maîtresse en maîtresse. »

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De gauche à droite : Hôtel du fermier général Daugny, 6 rue Drouot, 9ème arr., photographié par Eugène Atget entre 1890 et 1926 ; Antoine de Gramont, 7ème duc de Gramont.
Fils de Philbert Étienne d'Augny († 1737), écuyer, sieur d’Augny, fermier général, et de Geneviève de Parron, Alexandre Marc André Estienne d’Augny (ca 1710-1798), rue Grange-Batelière, est à son tour fermier général de 1738 à 1768. Jacques Antoine Dulaure rapporte en 1790 dans sa Liste des noms des ci-devant nobles, nobles de race, robins, financiers, intrigans, et de tous les aspirans à la noblesse, ou escrocs d'icelle qu'outre Mlle Coupée, qu'il avait installée rue Saint-Honoré, « Alexandre Marc André Estienne d’Augny entretint avec éclat une actrice des Italiens appelée Mlle Gogo [au vrai Mlle de Beauménard], et qu'après d'autres aventures, il finit par épouser « une petite chanteuse nommée la Liancourt, fille naturelle d'une actrice de l'Opéra surnommée le Bout Saigneux. »
Fils de Louis de Gramont et de Geneviève de Gontaut Biron, Antoine VII de Grammont (1722-1801) est de 1735 à 1746 brigadier des armées du roi. En 1739, il épouse Marie Louise Victoire de Gramont (1723-1756), qui lui donne deux enfants. En 1745, il est nommé par le roi gouverneur lieutenant général de Navarre et du pays de Béarn, et lieutenant général de Bayonne. En 1746, renonçant à la carrière militaire, il commence de s'adonner à la musique et aux représentations dramatiques, entouré d'artistes qu'il entretient à grands frais. Marie Louise Victoire de Gramont, son épouse, obtient contre lui une séparation de biens. En 1749, après avoir été reçu au Parlement comme duc et pair, il engage une liaison avec la Dlle Fauconnière, dont il a en 1750 une fille. En 1756, il se voit imposer par sa famille une interdiction de biens. En 1759, il épouse Béatrix de Choiseul (1729 ou 1730-1794), dont il a un enfant en 1761. La même année, elle obtient contre lui une séparation de biens. Elle sera guillotinée le 22 avril 1794. Le 25 août 1794, Antoine de Gramont épouse Marie Henriette du Merle (1768-1812) qui a été sa compagne d'incarcération à Fontainebleau. Il meurt le 17 avril 1801.

21 mai 1750. Jean Baptiste Meunier dresse un premier bilan des renseignements qu'il a pu obtenir à cette date concernant la Dlle Coupée :

« La Dlle Coupée, actrice de l'Opéra, demeure rue Saint-Marc, quartier Montmartre, dans une maison qui lui appartient.

Elle est âgée d'environ 23 à 24 ans, blonde, les yeux bleus, le nez un peu long, maigre, ni grande ni petite, bien faite. On la croit des environs de Paris. Son père et sa mère l'ont eux-mêmes prostituée. Ils demeuraient avec elle, mais depuis quelques années, ils vivent à la campagne, où elle leur fait une pension.

Entre toutes les conquêtes brillantes qu'elle a faites, celle de Milord Stafford n'a pas été la moindre. Il s'est ruiné pour elle. Il ne la voit plus depuis longtemps. Milord Stafford est à Paris depuis 5 à 6 mois et occupe une petite maison rue Meslée, près la Porte Saint-Martin, où il vit fort succinctement. »

Milord Guillaume, comte de Stafford, troisième du nom, demeurant rue des Martyrs, paroisse Saint-Eustache, est, bien qu'il ait sensiblement le même âge, le neveu de Marie Henriette Stafford, dite Henrietta, née le 8 décembre 1711 à Saint-Germain-en-Laye, fille de John Stafford, vice-chambellan de la reine d’Angleterre à Saint-Germain-en-Laye, et de Theresa Strickland. Henrietta de Stafford est depuis le 23 avril 1748 l'épouse de l'écrivain licencieux Claude Prosper Jolyot de Crébillon, dit Crébillon fils. Introduit et présenté à la Cour par M. le duc de Boufflers en décembre 1740, Milord Stafford a épousé en 1743 une riche héritière, Henriette de Cantillon, fille du financier Richard Cantillon. Très lié à sa tante Henrietta et à son époux, il les présente non seulement au duc et à la duchesse de Boufflers, mais aussi, par l'entremise de sa belle-mère madame de Bulkeley, au comte de Sade. Il mourra en mars 1751.

« M. d'Augny, fermier général, rue et Porte Montmartre, remplace le Milord. Il eut de la Dlle Coupée une fille dont il se crut le père. Par les conseils de la mère, cette fille fut mise en nourrice à la Garenne, près de Colombes, parce que M. Doublet de Bauche, conseiller de la quatrième des enquêtes, rue Boucherat, au Marais, qui voyait aussi dans ce temps la Coupée, a une maison de campagne à la Garenne et que, de concert, ils trompaient M. d'Augny. Celui-ci néanmoins lui donna une layette magnifique pour l'enfant, et M. de Bauche, de son côté, donna en argent la valeur de celle qu'il aurait dû fournir en sa qualité de père en partie de cette même fille, qui peut avoir six ans et demi. C'est M. de Bauche qui en prend soin depuis environ cinq ans, et qui l'a fait enlever secrètement chez sa nourrice pour la soustraire à la connaissance de M. d'Augny. »

Michel Doublet, seigneur de Bauche, marquis de Bandeville (1707-?), conseiller au Parlement, demeure rue de Boucherat, au Marais. Il prend le nom de marquis de Bandeville en 1761, à la mort de son frère aîné, Pierre François Doublet. Il épouse en 1762 une demoiselle Niquet, qui lui donnera une fille.
Colombes est le rendez-vous des gens de plaisir. M. de Bauche a acheté la Garenne à la fameuse actrice de l'Opéra, Mlle Pélissier. Il est lié avec le marquis d'Étrehan à l'Opéra, et tout l'été ils partagent leurs plaisirs entre le séjour de Colombes et celui de Paris.

« On rapporte à cette époque une aventure qui, si elle était vraie, prouverait combien M. d'Augny était entêté de la Coupée, puisqu'il se serait exposé à se perdre ou à la faire tuer. Voici le fait.

Il y a environ cinq ans que M. de Bauche, revenant de concert, de Versailles à Paris, avec Mlle Coupée, fut attaqué sur le chemin, à onze heures du soir, par quatre hommes l'épée à la main. Quoique M. de Bauche soit de robe, on assure qu'alors il ne marchait jamais sans avoir une épée dans son carrosse, et l'on tient qu'il sait s'en servir ; bien lui en prit, dit-on, dans cette conjoncture, car il fut poussé vivement ; néanmoins ses adversaires ne purent venir à bien de lui ravir sa conquête, et il resta maître du champ de bataille. M. d'Augny, car c'était lui qui était à la tête, et qui, sur l'avis de l'infidélité de sa maîtresse, avait invité trois autres personnes, dont on n'a pas pu me dire les noms, à lui prêter main forte ; M. d'Augny, dis-je, n'ayant pu se venger comme il l'avait projeté, fit retraite, et, en sa qualité de fermier général, consigna la Coupée à la barrière de la Conférence, où, à son arrivée, elle fut visitée si exactement qu'on lui ôta une bonne partie de ses jupons, qui étaient d'indienne et de perse, et on la mit presque nue. Notez qu'alors il ne faisait point encore chaud et qu'elle arriva chez elle toute transie de froid. Il fallut en passer par là, et voilà, à ce que l'on prétend, toute la satisfaction que M. d'Augny en a eue. »

Nommée barrière de la Conférence, parce qu’elle remplace l’ancienne barrière d’octroi de la Conférence qui était située près de l’actuelle place de l’Alma, ou barrière des Bonshommes ou barrière des Minimes en raison de la proximité du couvent des Minimes ou des Bonshommes, cette barrière se trouve renommée ensuite barrière de Passy. Elle sera incendiée dans la nuit du 12 au 13 juillet 1789.
Les barrières sont des « passages par lesquels arrivent les voitures et les marchandises sujettes aux droits, et elles sont traversées par une barre de bois qui roule sur un pivot et qui s’ouvre, ou se ferme à la volonté du commis ». Au milieu du XVIIIe siècle, les barrières sont essentiellement constituées de « planches et d’un aspect très désagréable », mais « on songe à substituer de nouvelles barrières aux anciennes : on en voit déjà plusieurs construites en grillage de fer à quelques-unes des principales entrées de Paris ». Les commis ont permission de visiter les carrosses, berlines, chaises, surtout les particuliers, pour voir s’il n’y a point de contrebande cachée, ou de denrées sujettes aux droits ; ce qu’ils font pareillement dans les porte-manteaux, valises, et coffres dont on doit leur représenter les clefs ; saisissant et arrêtant tout ce qui n’a point été déclaré, qui conformément aux Ordonnances reste confisqué ». (7)

« Depuis cette aventure, M. de Bauche ne s'est plus contraint et a toujours vécu avec la Coupée. On assure qu'elle lui a beaucoup coûté et que de 50.000 à 60.000 livres de rente qu'il pouvait avoir avant de la connaître, il ne lui en reste pas aujourd'hui la moitié. C'est lui qui a fait bâtir à ses frais la maison qu'occupe la Dlle Coupée et qui la lui a donnée. Il est garçon, âgé de 36 à 37 ans. »

30 juin 1750. Jean Baptiste Meunier note que Mlle Coupée est « enceinte de six à sept mois et vient de demander un congé de trois mois. M. de Bauche prétend encore être le père de cet enfant posthume [posthume à la liaison de Mlle Coupée avec M. d'Augny] : on affirme néanmoins qu'il a deux compétiteurs qui le réclament aussi ».

29 mars 1751. « La Dlle Coupée, nouvelle danseuse à l'Opéra, demeurant rue Saint-Honoré, a été souper mardi dernier, 23 de ce mois, chez M. de Villemur, receveur général des finances de Paris, rue des Bons-Enfants. Il lui a fait présent de 22 louis, qu'elle a montré le lendemain à la mère Granier, qui demeure sur son même palier. M. de Villemur, à ce qu'elle dit, devait la venir voir quelques jours après, et il l'aura vraisemblablement oubliée, car on ne l'a pas vu depuis ; mais bien M. de Montboissier, qui y vient souper bien souvent. Le Sieur Laury [maître de ballet] a présentement son entrée franche. »

Alexis Roland Fillion de Villemur, fermier général. Il meurt le 5 novembre 1753 à Neuilly et il est inhumé à Saint Roch.

« Elle est née à Paris, faubourg Saint-Germain, son père était boulanger. Ils demeurent tous ensemble, c'est-à-dire le père, la mère et la fille. »

27 mai 1751. Jean Baptiste Meusnier apporte un correctif à sa note du 29 mars : « C'est par erreur qu'il a été dit dans les feuilles précédentes au sujet de Dlle Coupée, danseuse à l'Opéra, que M. de Montboissier, commandant de la seconde Compagnie des Mousquetaires, lui rendait de fréquentes visites ; c'est le fils, et non le père. »

Fils de du marquis Philippe Claude de Montboissier Beaufort Canillac (1674-1765) et de Marie Anne Geneviève de Maillé, Philippe Claude, comte de Montboissier Beaufort Canillac (Paris, 1712-1797, Londres) est en 1748 gouverneur de Bellegarde-en-Roussillon, lieutenant général des armées du Roi, commandant de la seconde compagnie des Mousquetaires. Marié en 1733 à Louise Elisabeth de Colins de Mortagne, il épousera Françoise Camille de Rochechouart en secondes noces en 1763. Il est le père d'Alexandrine Marie de Montboissier Beaufort Canillac, qui épousera en 1777 Charles Philibert Marie Gaston de Lévis Mirepoix.
À noter que Louis François Marie Gaston de Lévis, marquis de Mirepoix, dernier seigneur de Mirepoix (Léran, 1724-1800, Venise), père de Charles Philibert Marie Gaston de Lévis Mirepoix, pratiquait lui aussi en 1750 les Demoiselles de l'Opéra. Jean Baptiste Meusnier rapporte que le 1er octobre 1750, « la petite Coupri et la baronne Dalemberg, demeurantes toutes deux rue des Vieux Augustins, ont été souper, il y a eu samedi huit jours, chez le marquis de Lévis, où Lévis avec son frère, le chevalier, était. Le chevalier en a dit deux mots à la Coupri, et le marquis, ivre comme un patoc, s'est couché avec la Dalemberg, vieille catin qui n'est plus bonne que pour le conscrit. » (8)

20 novembre 1751. Jean Baptiste Meunier note que « depuis environ un mois la Dlle Coupée, actrice rentrant à l'Opéra, a fait la conquête de M. le duc de Chartres et qu'on ne voit plus chez elle paraître M. de Bauche. Mais pour cela on ne désespère pas de le revoir avant peu sur la scène, de même qu'on ne dirait point affirmativement qu'ils ne conservent encore secrètement des relations ensemble. M. de Bauche a déjà eu cette complaisance pour quelqu'un de bien moins recommandable que M. le duc de Chartres. Il est vrai que le motif en était différent : alors, la Dlle Coupée avait besoin de fixer la fortune ; aujourd'hui, elle satisfait son ostentation, qui est à ce que l'on croit, la majeure partie des avantages qu'elle retire de sa conquête ; car il s'en faut de beaucoup que M. de Chartres paie en fermier général. Quoi qu'il en soit, il vient fort souvent chez elle à visage découvert, c'est-à-dire de jour, dans son équipage, accompagné de plusieurs valets de pied, sans aucune précaution. Et voilà justement ce qui flatte infiniment la Dlle Coupée. Malgré tout ce bel appareil, on ne croit pas que M. le duc de Chartres soit susceptible d'une passion durable, surtout en faveur de la Dlle Coupée. »

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Portrait de Louis Philippe d'Orléans (1725-1785) par Alexander Roslin, National Museum, Stockholm.
À partir de 1676 et jusqu’à la monarchie de Juillet, le titre de duc de Chartres se trouve conféré au fils aîné du duc d’Orléans. Le visiteur de la Dlle Coupée est Louis Philippe d'Orléans, dit le Gros (1725-1785). Celui-ci a épousé en 1743 Louise Henriette de Bourbon, dite Mademoiselle de Conti.

« 30 décembre 1751. « M. le duc de Chartres continue, mais moins fréquemment, de rendre visite à la Dlle Coupée, que l'on assure être encore grosse. M. de Bauche y paraît comme à l'ordinaire. »

Le 12 décembre 1752, Jean Baptiste Meusnier rédige une nouvelle synthèse des renseignements qu'il a pu obtenir concernant la Dlle Coupée. On remarque qu'il a corrigé dans cette seconde synthèse certains des renseignements consignés dans la synthèse du 21 mai 1750.

« La Demoiselle Coupée, actrice récitante à l'Opéra, est la fille d'un fiacre de Paris, et il n'y a pas plus de dix-huit mois que son frère exerçoit encore la même profession.

Quant à elle, elle fraya le chemin de la fortune, comme la plupart de nos brillantes d'aujourd'hui ont fait, c'est-à-dire en barbotant et en courant les mauvais lieux. Le premier qui la tira de la fange, fut un nommé Dubuisson, marchand de Rouen, qui, après avoir vécu quelques mois avec elle, l'emmena à Rouen, où il la fit entrer à l'Opéra. Mille amants qu'elle eut lui acquirent une grande réputation, mais peu de fortune. La vie débordée qu'elle menait, ne lui laissa pas le temps d'y penser ; cependant, à travers tant d'occupations, elle cultiva toujours les dispositions qu'elle avait pour la musique et elle y réussit. C'est à proprement parler le bien le plus solide qu'elle ait retiré de cette caravane, car la troupe de Rouen s'étant séparée en 1738 ou ou 1739, elle entra d'emblée, peu de temps après, à l'Opéra de Paris.

À peine fut-elle initiée dans les grands mystères de cette école célèbre, qu'elle trouva Milord Staffort qui prit soin d'elle. Il fit plus, malgré l'humeur volage et libertine dont elle était douée ; il trouva le secret de la fixer au point que l'on assure qu'elle l'a aimé assez pour lui être fidèle pendant les premières années. Il n'en fut pas de même des trois dernières, de sept à huit qu'ils ont vécu ensemble ; on tient qu'il la partageait sans concurrence, mais en connaissance de cause, avec Lafaye, secrétaire du cabinet du Roy et colonel du Régiment Royal Comtois Infanterie. Le Milord, (comme dit un auteur) encensoit le Temple antérieur, et Lafaye visitoit son annexe : souvent, dit l'histoire, ils occupoient en même temps chacun son appartement et n'avoient pour toute cloison que la Dlle Coupée. Médisance ou calomnie, ce fait est attesté par tout le monde. Lafaye a été tué à Gênes en 1747.

Quoi qu'il en soit, cette belle passion se soutint sept à huit années avec tous les agrémens de la nouveauté. Le Milord en fut si affublé qu'il se battit pour elle, rue Saint-Thomas du Louvre, avec Senay, gentilhomme breton, qui en étoit devenu amoureux. La Dlle Coupée eut deux enfants soi-disant de Milord Stafford. Le premier ne vécut pas. Le second, réservé à un meilleur sort, jouit actuellement en Angleterre de 15 à 1600 livres de rente, que son père, mort sans enfants en 1749, lui a laissé au moment de son décès.

Sept à huit années de constance ayant épuisé l'ardeur de ces deux amants, chacun tira de son côté. La Dlle Coupée se mit à détailler considérablement et gagna gros. C'est à cette occasion que Lahoussaie, officier aux gardes, lui reprocha un jour en face sur le théâtre de l'Opéra, parce qu'elle faisait la Duchesse, de l'avoir baisée chez la Soulet, maquerelle alors à la mode, pour vingt-cinq louis.

« Cette aventure ne l'empêcha cependant pas de trouver Giacomo Durazzo, envoyé de la République de Gênes, qui s'en chargea pendant deux ans. Peut-être l'eût-il gardée plus longtemps, s'il ne lui eût trouvé le cœur par trop compatissant, car elle ne refusait personne. Lassé de ses impertinences, encore plus de ses infidélités, il la quitta, ou plutôt il la céda à dix ou douze compétiteurs qui depuis longtemps s'en servaient à tour de rôle. »

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Portrait du comte Giacomo Durazzo (Gênes, 1717-1794, Venise) diplomate et homme de théâtre italien, grand mélomane, conservateur des œuvres manuscrites autographes d'Antonio Vivaldi, par Martin van Meytens (1695–1770).

« Cette multitude n'épouvanta point M. d'Augny, fermier général. Il venait de quitter la Dlle Duplessis, et comme une passion se guérit par une autre, il s'accommoda de la Dlle Coupée et se l'attacha, sinon réellement, du moins en apparence, par les grands biens qu'il lui fit, desquels elle se trouve fort bien aujourd'hui.

Elle vécut assez sagement pendant trois ans avec M. d'Augny et elle en eut trois enfants dont il prit soin. On veut pourtant que dès lors, M. Doublet de Bauche, conseiller au Parlement, fut aussi en possession de plaire à la belle ; qu'à cette occasion il y eut une rixe très vive entre lui et M. d'Augny sur la route de Versailles ; et que, malgré l'inégalité du nombre, car son adversaire étoit accompagné de deux ou trois spadassins, il resta maître du champs de bataille et de la conquête. Toute la vengeance que M. d'Augny put en retirer dans le moment, fut de les consigner à la barrière de la Conférence, où à son arrivée la Dlle Coupée fut visitée si exactement, que les commis la mirent presque nue, en la dépouillant de tout ce qu'elle avait d'étoffe prohibée sur elle. Ensuite M. d'Augny l'abandonna.

Après lui, parut le marquis de Sourdis, qui crut s'établir chez elle comme en pays nouvellement conquis et la mettre à contribution ; mais il trouva à qui parler. Elle n'eut rien de plus à cœur que de le plumer bien vite ; puis elle le chassa comme un corsaire.

René Louis d'Escoubleau, marquis de Sourdis († ap. 1757), marié en 1724 à Madeleine Elisabeth Potier (de Courcy ?) (1699-1735).

« Alors le Sieur de Bauche se présenta à visage découvert. Jusque là, il l'avait greluchonnée à un prix bien haut, car il lui donnait 600 livres par mois, et cependant elle le traitait plutôt comme son intendant ou son homme d'affaires que comme son amant : souvent, dit-on, lorsque M. d'Augny ou quelqu'autre riche bénéficier venait lui rendre des devoirs, on enfermait M. de Bauche dans le cabinet, d'où on le faisait sortir par l'escalier dérobé. Cette complaisance, sa persévérance, ou plutôt les dépenses excessives qu'il fit dans la suite pour elle, la disposèrent enfin à l'aimer, mais il en a payé cher la façon. Cette intrigue produisit encore deux enfants, dont le dernier parut en 1751.

L'hiver dernier, la Dlle Coupée feignit de vouloir quitter tout à fait M. de Bauche. Monsieur le duc de Chartres avait témoigné quelque inclination pour elle ; mais ce feu ne fut qu'un feu de paille. Ce prince ne la garda qu'un mois ou six semaines, et lorsqu'il en eut passé sa fantaisie, elle retourna à son cher De Bauche, qui en est encore maintenant en possession.

Au mois de juillet, elle fut prendre le lait à Passy chez M. La Poupelinière. M. de Bauche lui tint compagnie ; elle va aussi de temps en temps, dans la belle saison, à une maison que ce dernier tient à la Garenne, proche de Colombes. »

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Portrait d'Alexandre Jean Joseph Le Riche de La Poupelinière (1693-1762), fermier général 1716 à 1762, collectionneur, mécène, écrivain, par Maurice Quentin de la Tour.
Marié depuis 1737 à l'ancienne comédienne Thérèse Boutinon des Hayes, qui est à partir de 1746 la maîtresse du duc de Richelieu, M. de La Poupelinière se sépare d'elle en 1749. Il mène ensuite une vie de fêtes dans sa maison de Passy, où il reçoit non seulement nombre de grandes et petites actrices, mais aussi Marmontel, Vaucanson, Grimm, Buffon, Giacomo Casanova, le comte Anton de Kaunitz Rietberg, Louis Eugène de Wurtemberg, le maréchal Ulrich Frédéric Woldemar de Lowendal, l'ambassadeur vénitien Giovanni Morosini, lord Albermarle, etc. En 1750, il fait imprimer le Tableaux des mœurs du temps dans les différents âges de la vie, livre composé par ses soins et illustré de gouaches érotiques de la main du miniaturiste Alexandre Antoine Marolles. Après sa mort, l'ouvrage sera saisi par ordre du Roi. En 1759, M. de La Poupelinière, 61 ans, épouse Marie Thérèse de Mondran, 21 ans, fille d'un académicien de Toulouse, et celle-ci le fera père d'un fils posthume le 28 mai 1763. En 1760, il publie anonymement un roman intitulé Daïra. Le 1er janvier 1762, il perd son emploi de fermier général. Après quelques autres fêtes et d'autres liaisons, il meurt le 5 décembre 1762 rue de Richelieu et il est enterré à Saint Roch.

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L'une des 20 planches illustrant les Tableaux des mœurs du temps dans les différents âges de la vie par La Poupe,linière publiés à Paris en 1750 à 2 exemplaires chez l'imprimeur Bonnin. Gouache, aquarelle, mine de plomb. Dim. : 256 x 194 mm. Auteur : Alexandre Antoine Marolles.

« Il y a environ un an qu'elle [Dlle Coupée] eut une extinction totale de voix, pour avoir voulu faire de trop grands efforts en chantant le rôle qu'elle fait dans l'opéra de Tancrède.

La Dlle Coupée est petite, mais très bien prise dans sa taille. Jadis, elle faisait fort jolie figure, mais ses services et les enfans qu'elle a faits, ont plus que terni ce premier éclat. Elle a les yeux petits et vifs, le visage et le nez un peu longs, la bouche bien faite, les sourcils et les cheveux d'un châtain clair tirant sur le blond ; le teint aussi beau que peut l'avoir une femme qui, depuis qu'elle se connaît met du blanc et du rouge. Quant à la gorge, il n'y a plus que la place où autrefois il y eut des tétons. »

Le chansonnier, dramaturge et goguettier Français Charles Collé, dans un couplet impertinent, se souviendra en 1765 de cette régression mammaire et de ce teint terni de la Dlle Coupée :

Que dirai-je de la Coupée,
De son sein, si mal équipé,
    En voyant sa jaunisse
        Eh bien !
    Je crains la rime en isse
       Vous m'entendez bien. (9)

« Mlle Coupée est âgée de 32 ou 33 ans et loge rue Saint-Marc, quartier Montmartre, vis-à-vis l'hôtel de Luxembourg, dans une assez belle maison qui lui appartient, et à la construction de laquelle M. de Bauche a contribué pour sa part plus que personne.

Ce voisinage de l'hôtel de Luxembourg et le vis-à-vis de la Dlle Coupée ont donné lieu à une mauvaise plaisanterie, car un facétieux voulant s'égayer à ses dépens, mit pour adresse à la lettre qu'il lui écrivait...

Mademoiselle Coupée, rue Saint Marc en son hôtel, vis-à-vis la maison de M. le duc de Luxembourg. »

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Dossier « Dlle Coupée ». Signature de Jean Baptiste Meusnier.

19 janvier 1753. Depuis huit jours, la Dlle Coupée attend d'accoucher. « M. de Montboissier fils paraît attendre cet événement avec empressement et il y a lieu de croire qu'il est disposé à prendre soin de ce premier fruit de ses amours. Il tient à ce que l'on offre 1200 livres au père et à la mère de la Dlle Coupée. La femme de chambre de la Dlle Coupée est elle aussi proche d'accoucher. »

23 janvier 1753. Maître Pourez, prêtre, docteur en théologie de la faculté de Paris, vicaire de l'église Saint Eustache, baptise en son église Eustache Louise Dominique Edme, née d'hier, fille de Philippe Claude, comte de Montboissier et d'Edme Coupée. L'enfant a pour parrain Dominique Joseph Nicolas, marquis de Cambise. Elle est mise en nourrice à Vincennes.

20 février 1753. Le baron Scheffer, qui a succédé à son frère aîné dans la qualité de ministre plénipotentiaire de la Suède, est depuis deux mois « tombé dans les filets de la Dlle Coupée, à qui il donne 500 à 600 livres par mois. Le jeudi, il a été suivi chez elle. Cette intrigue ne donne aucune atteinte aux droits que M. de Bauche a de temps immémorial sur la Dlle Coupée. Il continue, comme il a toujours fait, de se prêter aux circonstances. »

16 mai 1753. Mlle Coupée a de nouveau perdu sa voix. Elle bénéficie auprès de l'Opéra, d'un an de congé pour « se tranquilliser ». « Dans cet intervalle, elle n'aura ni appointement ni pension. »

29 mai 1753. « On assure que M. le comte de Montboissier vient de quitter la Dlle Coupée, et qu'il ne lui a laissé pour toute fortune que l'enfant qu'elle a eu de lui et dont elle est accouchée le 22 janvier dernier. »

10 septembre 1753. « M. de Montboissier n'a point quitté la Dlle Coupé, comme le bruit en a couru. La bonne intelligence paraît au contraire régner plus que jamais dans le ménage, puisque cette Dlle, pour la seconde fois, est grosse de quatre mois et demi. Quelques-uns, moins crédules que M. de Montboissier, prétendent qu'il n'est pas le seul père de cet enfant posthume [posthume à la liaison qu'on a cru interrompue].
Malgré ces bruits calomnieux, on ne connaît personne qui ait habitude chez la Dlle Coupée ; si ce n'est, depuis l'absence de M. de Montboissier, qu'elle est greluchonnée par M. Castanier d'Auriac, conseiller d'État, demeurant rue Neuve des Capucines. Lorsqu'il vient la voir, c'est toujours à pied et sans suite, il traverse la Palais-Royal, et laisse son équipage à l'écart. M. de Montboissier est attendu pour quinze jours d'hier. »

« En février 1751, M. le chancelier [Guillaume de Lamoignon de Blancmesnil], qui n'avait point de bien, a marié en 1738 Marie Louise, l'une de ses filles, presque sans dot, à M. [Guillaume] Castanier d'Auriac [Carcassonne, 1702-1765, Fontainebleau], maître des requêtes et secrétaire des commandements de la reine. M. Castanier d'Auriac est fils et neveu de gens de fortune du Languedoc qui ont beaucoup gagné au système, depuis sur les vaisseaux. Il y a M. Castanier, son oncle, directeur de la compagnie des Indes, qui n'a point d'enfants : M. d'Auriac sera puissamment riche. Le roi vient lui accorder la place de conseiller d'État, vacante par la mort de M. Turgot. qui a été ci-devant prévôt des marchands et, avant, président des requêtes du palais ». Edmond Jean François Barbier, in Journal historique et anecdotique du règne de Louis XV, tome 3, Paris, chez Jules Renouard et Cie, 1851, pp. 226-227.

12 décembre 1753. Jean Baptiste Meusnier note que « la Dlle Coupée, entretenue par M. de Montboissier fils, n'attend plus que le moment pour accoucher. La fortune de cette fille est toujours au même degré de médiocrité. Cependant M. de Montboissier dépense beaucoup pour elle, mais on tient que ses père et mère la ruinent, quoique elle leur fasse 1200 livres de pension.
Il y a six semaines que le laquais de la Dlle Coupée fut arrêté et conduit au grand Châtelet. On prétend qu'il a été convaincu d'avoir attaché une corde à une fenêtre pour introduire quelqu'un pendant la nuit dans la maison de sa maîtresse, à l'effet d'y voler. »

4 janvier 1754. «  »La Dlle Coupée est accouchée vendredi dernier, premier de ce mois, d'un garçon dont M. de Montboissier prend encore soin. Il a été baptisé le même jour à Saint Eustache, sa paroisse et mis en nourrice à deux lieues de Paris, de l'autre côté de Neuilly.

4 mars 1755. « On s'était trompé, il y a quelques mois, quand on a voulu dire que la Dlle Coupé était grosse de 4 à 5 mois ; au lieu de cela, tout le monde apprend qu'elle est accouchée d'une fille, il n'y a pas plus d'un mois, de laquelle on ignore le père ; le fait est qu'elle n'a pas été baptisée à Paris et qu'une femme du dehors est venue la chercher ; c'est à propos de cet événement que les anciens compagnons firent face étonnée de la voir hier pour sa première sortie, coiffée en cheveux, venir à l'Opéra. Elle était dans la loge de M. de Soubise. »

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Portrait de Charles de Rohan, prince de Soubise, par un peintre anonyme, Musée de l'Histoire de France.
Charles de Rohan, duc de Rohan-Rohan, prince de Soubise, comte de Saint-Pol, dit le maréchal de Soubise (1715-1787), familier de Louis XV dans son enfance, est officier des mousquetaire. Nommé lieutenant général en 1748, puis gouverneur général de la Flandre et du Hainaut, gouverneur, chef et grand bailli de Lille en 1751, il devient ministre d'État en 1755. Il se retire des affaires en 1782 et meurt en 1787. Marié en 1734 à Anne Marie Louise de La Tour d'Auvergne (1722-1741), puis en 1741 à Anne Thérèse de Savoie Carignan (1717-1745), puis en 1745 à Anne Victoire Marie Christine de Hesse Rheinfels Rothenbourg (+1792), on lui connaît de nombreuses liaisons avec des actrices.

18 juin 1755. « La Dlle Coupée déménage au 15 du mois prochain de l'appartement qu'elle occupe rue Neuve des Petits-Champs chez le rôtisseur au second, pour aller même rue dans une autre beaucoup plus élégante. Les peintres, menuisiers et autres ouvriers de bâtiment y sont actuellement. On affirme qu'indépendamment du bien que lui fait M. de Montboissier, il va au premier jour lui donner équipage. »

5 décembre 1755. « Depuis trois à quatre mois, la Dlle Coupée est aux appointements de M. Ferrand, fermier général, qui lui rend de fréquentes visites et qui se cache chaque fois qu'il va chez elle. M. Ferrand demeure rue Grange Batelière, dans une maison et demeure occupée par le médecin Suisse, ensuite par M. Bourer. Il en fait actuellement construire une fort belle à la porte Montmartre, passé le boulevard, deuxième à droite. Il est garçon. Cousin de M. Fontaine [François Fontaine de Cramayel, également fermier général] aussi. »

Laurent René Ferrand (1717-ca 1788), rue et porte Montmartre, cousin de Madame de Pompadour, fermier général de 1751 à 1761, claveciniste attitré du théâtre de Mme de Pompadour.

20 février 1756. « On affirme que le vieux chambellan de Pologne, qui lorgnait depuis quelques jours la Dlle Coupée dans à l'Opéra, est enfin parvenu à lui faire faire infidélité à M. de Montboissier, avec lequel elle vit depuis longtemps. Le traité du jour en a été conclu dimanche, à raison de cent pistoles par mois, ce sera suivant l'usage, le premier mois d'avance. L'avis que ce rival ne fut pas bien redoutable pour M. de Montboissier a permis de ratifier ce traité s'il vient jamais à sa connaissance. Cette nouvelle conquête du chambellan, n'a encore apporté aucun changement à l'état de la Dlle Macaunille et de la Dlle de Joyeuse, qu'il continue de soudoyer. »

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Portrait de Franciszek Maksymilian Ossoliński par Szymon Czechowicz (1689–1775).
Franciszek Maksymilian Ossoliński (1676-1er juillet 1756), est en 1756 grand trésorier de la Couronne de Pologne, d'où un familier de Stanislas Leszczynski, roi de Pologne devenu duc de Lorraine. Catherine Jablonovska, son épouse, de trente ans plus jeune que lui, est connue pour avoir été la maîtresse de Stanislas Leszczynski, dont elle était une proche cousine.

19 mars 1756. « La fantaisie du vieux chambellan de Pologne, ou plutôt la complaisance de la Dlle Coupée, n'a pu tenir plus de quinze jours. Fatiguée de ses assommantes visites, elle l'a congédié, après cependant en avoir tiré une cinquantaine de louis. Aujourd'hui, on assure qu'elle l'a fait remplacer par M. le duc de la Vallière et que ce seigneur lui a proposé de l'entretenir, mais que comme elle aime souverainement sa liberté, elle l'en a remercié : en sorte que depuis environ quinze jours, ils vivent tant tenu, tant payé. La dernière fois qu'il vint la voir, il lui donna vingt louis. Il a cependant toujours la Dlle Hunot, qui est putement à Montrouge. De même que la Dlle Coupée a toujours M. le comte de Montboissier.
La Dlle Coupée demeure depuis six mois rue Neuve des Petits-Champs, entre la rue de Ventadour et la rue Royale, dans une maison composée de seulement trois étages, de laquelle elle est la principale locataire. Elle occupe le rez-de-chaussée et le premier, et reloue le surplus. »

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Portrait de Louis César de La Baume Le Blanc, duc de La Vallière (1708-1780) par Charles-Nicolas Cochin (1715–1790), The New York Public Library Digital Collections.
Louis César de La Baume Le Blanc de La Vallière (1708-1780) est brigadier des armées du roi en 1740, puis capitaine des chasses de la capitainerie royale de Montrouge et Grand Fauconnier de France en 1748. Apprécié de Louis XV, il est également proche de Madame de Pompadour, qui le nomme directeur de son théâtre de société personnel. Marié en 1732 à Anne Julie Françoise de Crussol d'Uzès, il jouit par ailleurs d'une réputation de grand libertin. À sa mort, Barthélemy François Joseph Mouffle d’Angerville, continuateur des Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la République des Lettres de Louis Petit de Bachaumont, lui dédie l'oraison funèbre suivante : « M. le duc de La Vallière vient de mourir. C'était un des seigneurs les plus corrompus de la vieille cour, ami du feu roi et voué à toutes ses maîtresses. Il mérite cependant qu'on conserve son nom à la postérité comme auteur distingué, comme protecteur des lettres et même comme faiseur. Il avait vendu une fois sa bibliothèque très renommée alors pour les manuscrits. Il s'en était composé une autre d'un nouveau genre, fort précieuse encore ; il avait des tableaux et, moderne Lucullus, il possédait des jardins délicieux, comme ce Romain. »

16 avril 1756. « La Dlle Coupée est partie le samedi 10 de ce mois pour aller voir son père et sa mère retirés à Rouen, où elle leur fait 1200 livres de pension. Elle était ici pour la rentrée du théâtre. On cherchait la source où cette fille avait depuis peu de quoi convertir des meubles fort modestes en de très beaux qu'elle a aujourd'hui, ainsi que des diamants dont elle est couverte : on croit l'avoir trouvée dans la personne du chevalier Mocenigo, ambassadeur de la république de Venise, qu'elle a enlevé à la Dlle Souchon, sa camarade. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il l'entretient et qu'il lui donne beaucoup. Actuellement même, on lui fait 4 assiettes d'argent et plusieurs plats d'assortiment.
M. de Montboissier passe néanmoins toujours pour être le témoin. Mais quoiqu'il vienne de gagner complètement son procès contre son épouse, il donne très peu à la Dlle Coupée. Ce qui fait qu'il lui laisse la liberté entière d'étendre et de multiplier ses conquêtes. »

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Palais Mocenigo à Venise, sur le Grand Canal.

20 mai 1756. « Hier après-midi, M. le chevalier de Mocenigo, ambassadeur de la république de Venise, rue Saint-Maur, envoya à titre de présent à la Dlle Coupée : un vis-à-vis superbe, tout neuf, doré sur les corps, voire même jusqu'au timon, le dedans garni en velours jaune ou jonquille, avec des franges d'argent ; quatre chevaux fins ; et pour soutenir ce nouvel état, il y a joint un billet portant obligation de 600 livres de rente.
Plus 12 couverts, 4 cuillères à ragout, 1 à potage, et 2 petites cuillères à café, le tout en vermeil.
On assure qu'il n'y a pas plus de 15 jours qu'il lui a encore fait 1500 livres de rente, il l'aime, dit-on, éperdument.
M. de Montboissier est toujours le prête-nom. »

18 juin 1756. La Dlle Coupée, quoique au moment de perdre M. le chevalier de Mocenigo, ambassadeur de la république de Venise, veuve résignée, avait déjà fait partir ses équipages il y a trois semaines ; par où néanmoins prendre beaucoup de part à l'événement inopiné de sa mort. Ce qui est certain, c'est qu'il est tombé de sa hauteur dans l'escalier, qu'il s'est fait une blessure considérable à la tête, qu'il est mort samedi dernier, 12 juin, entre 9 et 10 heures du soir et qu'il a été enterré le samedi suivant à Saint Sulpice. Dans la persuasion qu'il ne relèverait point de cette maladie, il envoya une somme de mille louis à la Dlle Coupée. On assure qu'il lui a fait antérieurement 2000 livres de rente viagère. Comme en quelque façon elle est encore en deuil, elle n'a personne pour la présence, que qui vient la voir à titre d'ancien ami seulement.
On croit que M. Herippsos [le chevalier de Zeno ?], déjà nommé pour remplacer M. de Mocenigo et qui est à Paris depuis environ un mois, loge rue du Paon à l'hôtel de Tours. Il pourra bien s'accommoder de la veuve. C'est un homme d'une quarantaine d'années, d'assez belle représentation, marquée de douceur et d'esprit. Il a loué un hôtel rue de Varennes, faubourg Saint-Germain. »

15 juillet 1756. « La Dlle Coupée n'a pas eu le temps de pleurer la perte qu'elle a faite du chevalier Mocenigo : on assure qu'elle a consolé peu de jours après son successeur M. Herippsos [de Zeno ?], qui lui donne cinquante louis par mois. Il est actuellement à Compiègne. Il demeure encore à Paris, à l'hôtel de Tours jusqu'à ce que l'hôtel de Varennes, étant loué, soit en état d'être occupé.
La Delle Coupée est en deuil de feue sa mère, morte à Rouen dans les premiers jours du mois de juin. Reste la pension de 1200 livres qu'elle faisait à son père et à sa mère. Elle a ramené son père avec elle et elle lui a donné un petit appartement de deux pièces chez elle. C'est un fort bonhomme, au lieu que sa mère, à ce que l'on dit, ne valait pas le diable. C'est ainsi qu'elle fait son oraison funèbre. »

15 octobre 1756. En situation de banqueroute, « qu'on fait monter à 900.000 livres », le sieur de Ferrary, agent général du roi d'Espagne, vient réclamer à la Dlle Coupée les « 600.000 livres qu'il a dépensées pour elle ». Il se contenterait cependant de « 500.000 livres à titre d'emprunt ». Arguant que ses affaires à elle sont tout aussi embarrassées et qu'elle a dû mettre en gage ses diamants, Mlle Coupée l'invite à se contenter de 50.000 livres. « Piqué de cette réponse inique », le sieur de Ferrary menace la Dlle Coupée de révéler « une ancienne affaire ».

19 novembre 1756. « Le sieur de Ferrary n'est point retourné en Espagne comme ses créanciers l'avaient annoncé. Il se montre depuis quelques jours, mais ce n'est point chez la Dlle Coupée qui se repose présentement sur ses lauriers et à laquelle on ne connaît personne encore que le sieur Laury, maître de ballet, l'un de ses premiers bienfaiteurs. Quant au sieur de Ferrary, il va maintenant prendre ses ébats à bien meilleur compte rue Feydeau avec la fameuse Fanfale.
Il espère, dit-on, justifier la mauvaise administration qu'il a faite des fonds et de la confiance de son maître dans les friponneries et les surprises qu'il prétend lui avoir été faites par le sieur Collonge, espèce de fripon en tous genres, auteur d'une manufacture de teinture d'écarlate établie depuis quelques années à Saint-Denis ; en conséquence, Collonge vient d'être constitué prisonnier, et l'on recueille actuellement les anecdotes de sa vie. Elles se trouvent rapportées très exactement dans la feuille du 20 mars 1754 à l'article de la Dlle Burck, surnommée la Belle anglaise, qu'il amena de Londres à Paris au mois de septembre 1753. »

31 décembre 1756. « Depuis environ un mois, M. Mercier, fermier général, entretient très secrètement la Dlle Coupée qui, dans cet espace de temps a tiré de lui au moins une centaine de louis. Il ne vient jamais la voir que le soir, sans être accompagné d'aucun domestique. Il laisse son carrosse à l'écart avec son cocher et son laquais, et il vient à pied. »

Fils de Simon Mercier (1682-1771), marchand de chevaux, contrôleur de la douane, et de Marie Madeleine Bocquet (1683-175O), nourrice du duc de Bretagne, puis de Louis XV, première femme de chambre de Marie Leszczynska, Louis Mercier de Montplan (1717-1794), est fermier général des grandes gabelles, de Franche Comté, des Trois Évêchés et de Lorraine. Dénoncé par Ravier, canonnier de la section des Lombards, il mourra guillotiné le 3 mai 1794 à Versailles, comme complice d'une conspiration contre le peuple, pour avoir « mis dans le tabac de l'eau et des ingrédients nuisibles à la santé des citoyens ».

28 janvier 1757. M. de la Reynière, fermier général, vient de succéder à M. Mercier, son confrère, qui paraît prendre goût pour la Dlle Galloux. Cependant celle-ci est encore aux appointements de M. Dormoy, capitaine d'infanterie, qui lui donne 400 livres par mois. Mais ce qu'il y a de certain, c'est qu'elle lui a déjà pris quelques présents. Elle demeure rue Poissonnière, au coin du boulevard de Saint-Martin, au second.
M. de la Reynière nous entretient donc la Dlle Coupée, à laquelle il donne 100 pistoles par mois. Hier, il lui envoya une voiture de foin et une voiture de paille pour la subsistance de ses chevaux. »

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Portrait de Laurent Grimod de La Reynière par Louis Michel van Loo (1707–1771).
Fils d'Antoine Gaspard Grimod de La Reynière (1690-1756), fermier général de 1721 à 1756, et de Marie Madeleine Mazade, fille d'un fermier général, Laurent Grimod de La Reynière (1734-1793) est lui-même fermier général titulaire de 1756 à 1780 et administrateur général des Postes. Il a fait fortune comme fournisseur à l'armée du maréchal de Soubise pendant la guerre de Sept Ans. Il demeure rue Neuve-des-Petits-Champs, près la place des Victoires. Il épouse en 1758 à Suzanne Françoise Élisabeth de Jarente (1736-1815), fille du marquis d'Orgeval et nièce de Louis Sextius Jarente de La Bruyère, évêque d'Orléans. En 1775, il fait construire par Jean Benoît Vincent Barré, à l'angle de l'avenue Gabriel et de la rue Boissy d'Anglas, l'hôtel Grimod de La Reynière, où le peintre Charles Louis Clérisseau exécute le premier décor à l'antique inspiré des découvertes archéologiques faites à Pompéi et à Herculanum.

18 février 1757. « Il a été remarqué dans la feuille du 15 juillet 1756 donnée au suivi de la Dlle Coupée, que cette fille faisait 1200 livres de pension à son père et à sa mère qui s'étaient retirés à Rouen ; qu'après la mort de sa mère, arrivée vers le mois de juin de la même année, elle avait ramené son père à Paris et lui avait donné un appartement chez elle, où elle ne lui laissait manquer de rien.
Cet homme, s'étant avisé, sans préalablement être muni du consentement de sa fille, de convoler en secondes noces avec une revendeuse à la toilette, qui a un enfant et point de bien ; la Dlle Coupée vient de le mettre hors de chez elle et refuse de lui faire donner aucun secours. Ce refus, fait aujourd'hui de la part du père le sujet d'une instance devant le lieutenant civil. On dit cependant qu'elle lui a offert 400 livres de pension, ce qu'elle lui a envoyé, mais qu'il n'a pas voulu accepter.
M. de La Reynière continue d'entretenir la Dlle Coupée, et cette fille continue aussi de prêter sur gages à très gros intérêts. M. de Montboissier, avec qui elle a toujours été en liaison, lui sert parfois de courtier. »

Le dossier consacré à la Dlle Coupée ne comprend aucune feuille postérieure à la date du 18 février 1757. On remarque que Jean Baptiste Meusnier ne signe de sa belle et forte signature que les pages qu'il a pris la peine de corriger et de recopier. Peu à peu, faute de temps peut-être, il se contente de rédiger des sortes de brouillons très raturés, non signés. Il est assassiné, ou disparaît, en 1757, à une date qu'on ne trouve nulle part.

Paul d'Estrée (1838-1922) a publié en 1892 dans le volume XVII de la Revue rétrospective un article intitulé « Un policier homme de lettres, l'inspecteur Meusnier (1748-1757), malheureusement introuvable. La lecture des bulletins de police du lieutenant Jean Baptiste Meusnier montre qu'il prenait plaisir à écrire et qu'il s'est voulu, dans la mesure où il en avait le temps, un émule de Duclos, Crébillon fils, Voisenon, Vivant Denon, Godard d'Aucour, Fougeret de Monbron, Gervaise de Latouche, Nerciat, etc., tous grands auteurs libertins ou licencieux de son temps. On citera ici, pour l'exemple, un extrait de sa feuille du 12 décembre 1752, et l'on appréciera, outre l'art de dire, la chute cruelle :

« On tient qu'il la partageait sans concurrence, mais en connaissance de cause, avec Lafaye, secrétaire du cabinet du Roy et colonel du Régiment Royal Comtois Infanterie. Le Milord, (comme dit un auteur) encensait le Temple antérieur, et Lafaye visitait son annexe : souvent, dit l'histoire, ils occupaient en même temps chacun son appartement et n'avaient pour toute cloison que la Dlle Coupée. Médisance ou calomnie, ce fait est attesté par tout le monde. Lafaye a été tué à Gênes en 1747. »

La lecture des bulletins de police du lieutenant Jean Baptiste Meusnier doit également son charme à la figure du Paris qu'elle révèle, celui du plaisir coûteusement tarifé, Paris sur lequel l'Hôtel des Fermes, ancien hôtel du chancelier Séguier, sis entre la rue du Bouloi, où la douane avait son entrée, et la rue de Grenelle Saint-Honoré, exerçait d'évidence une force centripète. Une telle lecture montre aussi que parmi les catins vendues à la débauche des grands seigneurs, il existait, telle Mlle Coupée, qui deviendra Madame de Cheminot, des femmes de tête qui ont su faire fortune, d'où plus tard changer de monde.

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1. Jean Hervez Hervez (1864-19..), La galanterie parisienne sous Louis XV et Louis XVI : d'après les mémoires, les rapports de police, les libelles, les pamphlets, les satires, chansons du temps, chapitre V : « Les nuits de Paris. Rapports de police », Paris, Bibliothèque des curieux, 1910, p. 184.

2. Manuscrits de la bibliothèque de l'Arsenal. Archives de la Bastille. Première section. Administration du Lieutenant général de police. Bureaux de la lieutenance de police. 2e Bureau. Discipline des mœurs. Bulletins de police sur la vie privée des actrices, danseuses et cantatrices de Paris. Années 1749-1758. 54 dossiers de la lettre A à la lettre C.

3. Ibidem. Dossier « La Dlle Coupée ».

4. Ibidem.

5. Cf. Christine Belcikowski, Robespierre contre Anacharsis Cloots. V. 1793-1794. Actes d'un réquisitoire implacable, VIII.6. Anacharsis Cloots se défend de toute complicité avec le banquier Jean Baptiste Vandenyver.

6. Gabriel Sénac de Meilhan (1736-1803), La Foutro-manie. Poème lubrique, À Sardanapalis, aux dépens des amateurs, 1776. B.n.F. Réserve des livres rares, ENFER-2521.

7. Cf. Hypothèses. Dictionnaire de la Ferme générale (1640-1794). Barrière d'octroi.

8. Manuscrits de la bibliothèque de l'Arsenal. Archives de la Bastille. Première section. Administration du Lieutenant général de police. Bureaux de la lieutenance de police. 2e Bureau. Discipline des mœurs. Bulletins de police sur la vie privée des actrices, danseuses et cantatrices de Paris. Années 1749-1758. 54 dossiers de la lettre A à la lettre C. Feuille conservée à la fin du dossier « Mlle Coupée ».

9. « Que dirai-je de la Coupée ? » du chansonnier, dramaturge et goguettier Charles Collé (1709-1783), in Jean Hervez Hervez (1864-19..), La galanterie parisienne sous Louis XV et Louis XVI : d'après les mémoires, les rapports de police, les libelles, les pamphlets, les satires, chansons du temps, chapitre V : Le chansonnier galant de la Cour et de la ville, Paris, Bibliothèque des curieux, 1910, p. 275.

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