Vu par Louis Blanc. Quand Robespierre s'annonce

Rédigé par Christine Belcikowski Aucun commentaire
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De gauche à droite : Maximilien de Robespierre, in Robespierre / Maurice Graterolle, Paris, A. Bellier, 1894 ; Louis Blanc, daguerréotype, entre 1850 et 1860.

Né à Madrid le 29 octobre 1811, fils d'un fonctionnaire impérial aux ordres de Joseph Bonaparte pendant l'occupation de l'Espagne, Louis Jean Joseph Charles Blanc rompt de bonne heure avec le légitimisme de sa famille pour adhérer aux idées socialistes. Devenu journaliste et écrivain, il publie en 1841 L'histoire de dix ans (1830 à 1840), pamphlet contre les premières années de règne de Louis-Philippe. En 1848, il participe à la campagne des banquets contre Charles X et y fait montre d'une éloquence remarquable. En février 1848, il entre au gouvernement provisoire de la Seconde République. Nommé président de la Commission du Luxembourg, il fonde les Ateliers sociaux. Après le succès des conservateurs aux élections du 23 avril 1848, il est écarté de la Commission exécutive qui succède au gouvernement provisoire le 1 mai 1848. Il continue toutefois d'exercer son mandat de député jusqu'au 26 mai 1849, date à laquelle il est comdamné à la déportation comme responsable de la manifestation du 15 mai 1848.

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Caricature de Cham (Amédée de Noé) représentant l'intrusion des manifestants dans l'Assemblée nationale constituante le 15 mai 1848). Le petit personnage porté par le manifestant de gauche est Louis Blanc. In Auguste Lireux, Assemblée nationale comique, Paris, Michel Lévy Frères, 1850.

Réfugié à Londres, Louis Blanc y écrit entre 1847 et 1862 son Histoire de la Révolution française. Rentré en France le 5 septembre 1870, il est élu député de la Seine à l'Assemblée constituante, où il siège dans les rangs de l'Union républicaine. Il refuse de prendre part à la Commune, mais s'élève dès septembre 1871 contre les excès de la répression. Opposant au coup de force de Mac-Mahon, il signe en mai 1877 le Manifeste des 363 députés républicains. Réélu en 1881, il meurt le 6 décembre 1882.

L'historien Jean-François Jacouty, professeur émérite des universités (Montpellier 3), résume ainsi ce qui faisait de Robespierre aux yeux de Louis Blanc le prophète de la Révolution à poursuivre :

« Opposant radical à Louis-Philippe, et bientôt révolutionnaire de 1848, Louis Blanc est partisan d'une République jacobine et socialiste. Son engagement politique s'appuie aussi sur sa vision de l'Histoire de la Révolution française. Il distingue 1789 de 1793 par l'opposition de deux principes : individualisme et fraternité. Si le premier a favorisé la bourgeoisie, le second devait affranchir le peuple, opprimé et pauvre, mais sans éliminer la bourgeoisie. Dès 1789, Robespierre aurait été quasiment seul, dans la classe politique, à défendre la perspective d'une France authentiquement fraternelle : politiquement unie dans une démocratie égalitaire, socialement solidaire (et favorable aux pauvres), mais aussi liée par l'amour évangélique. Robespierre est ainsi l'héritier de Jésus et de l'apôtre Rousseau : sa parole de vérité en fait un vrai prophète. Défenseur de l'Humanité et d'un Droit de Justice, il est populaire auprès des masses et influent aux Jacobins, mais reste politiquement isolé. Même en 1793 il demeure prophète : conscience et guide de la Révolution, il en impose toujours par son verbe, mais le pouvoir lui échappe. N'étant pas le dictateur dénoncé par ses ennemis, il ne peut accomplir la Révolution et empêcher les violences terroristes, si contraires au Droit. Le 9 thermidor marque aussi la fin de la Révolution. Louis Blanc y voit une tragédie sacrificielle : la Passion d'un nouveau Christ. Chargeant Robespierre de leurs crimes et d'un despotisme imaginaire, les révolutionnaires renoncent en fait à la Révolution, dont l'Incorruptible incarnait au plus haut l'Idée. Mais le prophète lègue son message aux générations du XIXe siècle, à charge de l'accomplir. » (1)

Histoire de la Révolution française, tome 5 / par Louis Blanc (1811-1882). Livre sixième, chapitre premier. « Robespierre s'annonce ». (2)
Robespierre. – A quel moment il se révèle. — Comment la bourgeoisie se sépare du peuple : organisation de la garde nationale ; protestation de Robespierre.

« Et en effet, nous l'allons trouver, dans les grands débats parlementaires qui remplissent le mois de mai, s'imposant à ses adversaires, effaçant ses émules, retenant autour de son nom l'opinion attentive, et déjà primant dans l'Assemblée, tour à tour irritée et surprise d'un pouvoir qu'elle ne soupçonnait pas.

Souvent, tandis que, roide dans son habit olive, l'oeil fixe, le front contracté, et d'une voix aigre qu'accompagnait un geste sec, Robespierre plaidait, à la tribune, la cause du peuple, on avait vu, au milieu des chuchotements et des moqueries, Mirabeau contempler avec une curiosité pensive cet homme au pâle visage, au sourire étrange, dont la physionomie respirait une sorte de douceur vague, en qui tout annonçait la passion de l'ordre, et qui paraissait plein du respect de lui-même, tant il y avait de soin dans sa mise, de gravité dans son attitude et d'apprêt dans sa parole.

Quel était donc ce nouveau venu sur lequel s'arrêtaient ainsi les pressentiments du génie, et dans la révolution quel rôle sera le sien ?

Il demandera justice pour tous, pour tous sans exception ; il prêchera le droit.

Et avec lui, pas de compromis : est-ce que la vérité n'est pas une ? Qu'aucun parti ne le réclame : il est du parti de sa conviction, cela suffit. Dès son premier pas dans la carrière où il laissera la trace de son sang et un nom maudit, on a pu le surnommer l’Immuable. Simple avocat, les honnêtes gens citaient son intégrité ; législateur, les méchants la redoutent. Toujours prêt à défendre le peuple, il ne sait ce que c'est que de le flatter : il a pour cela trop d'orgueil à la fois et trop de vertu. Dans une société en désordre, c'est le culte de la règle qu'il professe. L'anarchie lui fait horreur ; la popularité, mendiée par le cynisme des habitudes ou du langage, lui fait pitié ; il ne se cache pas de son dédain pour les énergumènes. Et cependant, Fréron l'admire, Hébert le respecte, et il force Marat à le louer.

Sa vie est laborieuse, elle est austère ; ses moeurs honorent ses principes. D'autres, parmi les tribuns connus, étaleront une opulence suspecte, souperont à la lueur des lustres d'or, s'enivreront de vins exquis et s'endormiront sur le sein des courtisanes : lui, il habite, rue Saintonge, un misérable appartement dont un compagnon de sa jeunesse occupe et paye la moitié ; il dépense à peine trente sols pour ses repas, se rend à pied où son devoir l'appelle, et sur ses honoraires de député, pieusement diminués d'une rente faite à sa soeur, ne trouve pas toujours de quoi s'acheter un habit (3).

Mais il est des imperfections que notre nature imparfaite couvre volontiers de sa sympathie, il est des faiblesses qui se font adorer, et voilà ce qui manque à Robespierre. Quelque chose d'impénétrable enveloppe son âme. Sa vertu, comme un astre malade, brille sans rayonner. Même sur les lèvres qui d'ordinaire ne s'ouvrent que pour l'exalter, il semble que sa présence arrête les louanges légères et tout sourire familier. En parlant de miséricorde, il fait peur.

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Maison dans laquelle Robespierre a vécu jusqu'en 1789 à Arras.

Pourtant, à Arras, où il était né, son enfance, on l'assure, avait annoncé beaucoup d'abandon et des goûts charmants. Quoique déjà porté à la méditation sérieuse, il riait d'un rire facile alors, et quelquefois jusqu'aux larmes ; une volière en ce temps-là était sa république ; de bonne heure orphelin, it aimait tendrement son frère, il idolâtrait ses sœurs ; après, venaient ses chers oiseaux.

Plus tard, au sortir du collége Louis-le-Grand, dont la protection de l'abbé de Saint-Waast lui avait ouvert les portes et où il eut Camille Desmoulins pour condisciple, ses préoccupations de jeune homme se tournaient vers l'amour, elles s'échappaient en rimes galantes ; il entrait dans la société des Rosatis, célébrait le chantre léger de Vert-Vert sur un ton digne de son héros, et recueillait les couronnes académiques de sa province : que dire encore ? Le serment que mademoiselle Deshortis lui avait fait de n'être jamais qu'à lui, ce serment d'amour, trahi pendant l'absence, le jetait dans une douleur immense et naïve...

Oui, tel avait été Robespierre enfant, tel avait été Robespierre jeune homme. Mais la Révolution s'est avancée, elle l'a saisi, elle l'a façonné pour le besoin qu'elle avait de lui ; et le voilà devenu l'incarnation glacée d'un principe, la statue du Droit, statue pensante, mais de marbre. Il aime l'humanité, cependant, il l'aime avec un froid délire, il l'aime jusqu'à vouloir mourir pour elle tout couvert d'opprobre. Mais dans sa tête est désormais le siège de sa sensibilité ; là seulement va se passer le drame de son dévouement : ne lui mettez pas la main sur le cœur, vous n'y sentiriez pas frémir la vie ! Car, les pleurs qu'on voit couler, les gémissements qui frappent l'oreille, les blessures saignantes et tangibles, voilà ce qui appartient aux émotions du cœur ; le cœur ignore les attachements abstraits, il n'est pas logicien, il ne généralise pas. Or, c'est à travers le temps et l'espace, c'est en les embrassant dans leur obscur ensemble et leur masse confuse, que Robespierre écoutera, debout sur des ruines, le cri des souffrances humaines. Aussi ne sera-t-il compris que par les multitudes entassées, et tandis qu'instinctivement elles feront de lui leur idole, tout homme, pris à part, s'écartera de cet être puissant et infortuné, répulsif et sincère. Il aura des séides, mais pas d'amis.

Une preuve que les situations créent les instruments qui leur sont nécessaires, c'est que l'ascendant de Robespierre se révéla juste au moment où l'Assemblée, sacrifiant l'idée du droit à celle du privilége, s'étudiait à consacrer d'une manière définitive, dans l'organisation de la garde nationale, la distinction si injurieusement établie entre les citoyens actifs et les citoyens non actifs.

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De gauche à droite : Jean Paul Rabaut Saint-Étienne, dit Rabaut-Saint-Étienne (Nîmes, 1743-5 décembre 1793), pasteur protestant, député du Tiers état aux États généraux de 1789, puis du département de l'Aube à la Convention, président de la Convention du 24 janvier au 7 février 1793, guillotiné le 5 décembre 1793, Girondin ; Jean Paul Marat (Boudry, principauté de Neuchâtel, 24 mai 1743-13 juillet 1793, Paris, assassiné par Charlotte Corday).

Le comité de constitution avait élaboré à cet égard un long projet, dont Rabaut-Saint-Étienne fut chargé de présenter le rapport. Mais Marat n'attendit point jusque là pour pousser le cri d'alarme : "Ils ont commencé par exclure provisoirement de la garde nationale les classes indigentes, c'est-à-dire les sept dixièmes du peuple. — Les six premiers articles du projet font des citoyens et de leurs fils les soldats du corps législatif, ensuite ceux du monarque, non les soldats de la patrie. – Quel est leur but ? D'armer les riches contre les pauvres laissés sans armes. – Quoique l'article XVI permette des compagnies de 102 hommes dans les grandes villes et que l'article IV en fixe le nombre à 54, les conditions exigées par les articles XIV, XV et XXIV, le réduisent nécessairement à 45 ; or, chaque compagnie ayant un capitaine, un lieutenant, deux sous-lieutenants, deux sergents et quatre caporaux, le nombre des officiers formera le quart de l'armée citoyenne, disposition dont aucune troupe du monde n'offre d'exemple, et qui a pour but d'asservir les soldats par les officiers, toujours vendus à leurs chefs, comme ceux-ci le sont à la cour.— L'article XIX attribue aux gardes nationaux l'élection de leurs officiers ; mais pourquoi l'article XXII remet-il aux capitaines, lieutenants, sous-lieutenants et sergents la nomination des membres de l'État-major des bataillons ? Et pourquoi ceux-ci sont-ils seuls appelés à choisir les membres de l'État-major des légions ? Et pourquoi des officiers d'état-major ? – Au côté gauche de l'habit, d'après l'article XXVIII, sur la poitrine, sera un médaillon écarlate, contenant ces mots circulairement écrits en lettres blanches : Constitution, Liberté, Égalité, et dans le centre le mot : Veillez ! Mais la constitution a tué la liberté." (3) À ces critiques, que nous avons résumées, Marat joignait le tableau qu'il jugeait le plus propre à détourner les citoyens du service de la garde nationale. On les accablerait de veilles et de fatigues ! Qu'ils s'attendissent à une vie de galériens, les peines rigoureuses ne leur seraient pas épargnées, ils pouvaient en être sûrs ! Et puis, servir de plastron aux hussards allemands ou aux cavaliers de la maréchaussée... le bel honneur ! La conclusion était que les citoyens devaient refuser de se faire inscrire ; qu'il fallait anéantir toute espèce d'organisation de la garde nationale ; qu'il était urgent d'armer indistinctement tous les citoyens, et qu'il n'y avait, pour peu qu'on menaçât la liberté, qu'à les pousser sur ses ennemis.

Rabaut présenta son rapport le 27 avril [1791], et aussitôt Robespierre, prit la parole. Beaucoup moins emporté que Marat, il alla droit, comme lui, au fond des choses. Il montra combien il était nécessaire d'empêcher les gardes nationales de former une caste militaire et d'adopter un esprit de corps dont, tôt ou tard, la liberté aurait à gémir. Il prouva qu'il importait au plus haut point de confondre la fonction de soldat avec la qualité de citoyen, ce qui ne se pouvait faire qu'en diminuant le nombre des officiers, en les nommant pour un temps limité, en resserrant le commandement dans le cercle d'un district, en bornant aux exigences du service la marque extérieure des grades. Il s'éleva contre l'abus de ces décorations militaires qui surexcitent la vanité des uns, produisent l'humiliation des autres, avilissent le peuple, abaissent le caractère national et enhardissent les tyrans. Mais où il fut véritablement éloquent, ce fut dans la revendication du droit de chaque citoyen domicilié à faire partie de la garde nationale : "Ceux qui ne payent pas de certaines contributions sont-ils esclaves ? Sont-ils sans intérêt dans la chose publique ? Tous, ils ont contribué à l'élection des membres de l'Assemblée nationale ; ils vous ont donné des droits à exercer pour eux : vous en ont-ils donné contre eux ? Sont-ils citoyens, oui ou non ? Je rougis d'avoir à le demander. Voulez-vous être seuls à vous défendre et à les défendre !" (4) Comme il se servait du mot peuple, interrompu par Lucas qui s'écria d'une voix amère : "Le peuple, c'est tous les citoyens." Robespierre reprit : "Et moi aussi, j'entends par peuple la généralité des individus dont la société se compose. Mais en employant cette expression dans un sens restreint, c'est votre langage que je parle !" Et en effet, quels étaient les hommes qui tendaient à diviser la société en deux classes, qui forçaient la langue française à opposer le mot peuple au mot bourgeoisie, qui détruisaient l'unité sociale ? N'étaient-ce point ceux qui avaient créé et voulaient étendre cette distinction entre les citoyens actifs et les citoyens non actifs, si arbitraire, si injurieuse ? Rabaut sentit toute la portée des attaques de Robespierre. Pour donner le change à l'opinion, il prétendit que si on en exceptait l'admission des citoyens non actifs, "pour laquelle, ajouta-t-il, j'aurais du penchant, mais contre laquelle s'élèvent des décrets formels", tout ce qu'on demandait se trouvait déjà dans le plan du comité, et il cita ce passage d'un ancien : "Deux hommes se présentaient : l'un dit ce qu'il fallait faire, l'autre dit, je l'ai fait." (5)

Mais Robespierre n'était pas homme à lâcher pied devant un artifice oratoire : le lendemain, il revint à la charge, plus vif encore et plus pressant. Le mot liberté n'était pas proféré une seule fois dans le projet ; il n'y était question que de repousser les brigands, de livrer à la justice les séditieux ; le comité de constitution semblait ne s'être pas douté que, si la garde nationale est destinée à combattre le désordre, elle l'est aussi à tenir en échec la tyrannie : tout cela fut relevé par Robespierre, sans violence, mais avec beaucoup de force et de clarté. Pétion l'appuya ; d'André entreprit de le réfuter. Quant à l'Assemblée, elle avait son parti pris d'avance, et brûlait de clore le débat. Elle éclata en murmures, quand, pour la troisième fois, l'infatigable tribun reparut à la tribune ; d'où cette parole hautaine de Robespierre : "Toute demande qui tend à étouffer ma voix est destructive de la liberté." Le sort en était jeté : les citoyens inactifs furent exclus de la garde nationale. La bourgeoisie achevait de se constituer militairement, et à part !

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Edmond Louis Alexis Dubois de Crancé, ou Dubois Crancé (Charleville, 14 octobre 1747-28 juin 1814, Rethel), ex-mousquetaire du Roi, député du tiers état de Vitry-le-François aux États généraux de 1789, membre comités des subsistances, des finances et de l'armée à l'Assemblée nationale constituante, adjudant-général, aide de camp du général Wimpffen puis du prince de Hesse, chargé de surveillance des troubles royalistes du Midi en mai 1792, élu Élu dans plusieurs départements (Ardennes, Isère, Var) à la Convention nationale, où il siège avec les Montagnards, commissaire à l’armée du Midi, puis à l'armée du Nord, régicide, promu général de brigade le 8 mars 1793, chargé de diriger le siège de Lyon, fonction qui, en raison de la brutalité du siège, lui vaut de tomber en disgrâce auprès de Robespierre, etc.

"Quel est le citoyen, s'était écrié Dubois-Crancé, qui, à moins d'être un vagabond ou un mendiant n'acquitte pas toujours trente ou quarante francs d'imposition ?" Mais, comme l'observa très bien le journal de Brissot, les péripéties continuelles du commerce, les crises de l'industrie, les chômages, rendent incertaine et flottante l'existence d'un grand nombre d'hommes qui, pour n'être ni des vagabonds, ni des mendiants, n'en sont pas moins exposés à tomber, par le défaut de travail, dans des abîmes de misère. Ainsi arrive-t-il souvent des ouvriers de grande fabrique ; au point qu'en 1789, à Lyon, le chiffre des ouvriers momentanément incapables de payer une imposition quelconque, s'était élevé à vingt-cinq mille ! Pas de droit politique à qui n'a pas de pain, avait dit l'Assemblée. N'avoir pas de pain n'est donc jamais un malheur ? Dans une société qui ne sait point assurer la vie du travailleur, n'avoir pas de pain est donc toujours un opprobre ?…

En s'élevant contre ces conclusions impies, Robespierre ne pouvait manquer d'agrandir, d'ennoblir son rôle : il eut bientôt à soutenir d'autres combats non moins glorieux. »

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1. Jean-François Jacouty, « Robespierre selon Louis Blanc. Le prophète christique de la Révolution française », in Annales historiques de la Révolution française, 331 | janvier-mars 2003, mis en ligne le 18 avril 2008.

2. Histoire de la Révolution française, tome 5, par Louis Blanc (1811-1882), Livre sixième, chapitre premier, « Robespierre s'annonce », Paris, Furne et Cie, 1857-1870, p. 255 sqq.

3. Le 11 juin 1790, l'Assemblée décrète trois jours de deuil pour le décès de Benjamin Franklin († 17 avril 1790). Robespierre doit emprunter pour acquérir un habit noir.

4. Propos repris dans le journal de Marat, L'Ami du peuple, nºˢ 429, 430 et 431.

5. Propos repris dans le Moniteur du 27 avril 1791.

5. Propos repris également dans le Moniteur du 27 avril 1791.

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