Je marche continuellement

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Je marche continuellement dans les rues,
chargée de vieux sacs,
de vieux sacs de rien du tout,
dans lesquels je porte, pendu au bout de mes bras,
surtout le bras droit — le bras gauche est plus faible —,
le poids lourd et léger de mes amours natifs.
Il faut bien que je les nourrisse,
de vin, de poésie ou de vertu,
de pain, de fromage et de saucisson, qu'importe !
et de mille autres choses utiles et nécessaires encore.
Et je marche, et chaque jour je vais
chasser, cueillir de quoi manger, vivre, dormir,
comme au temps des cavernes.
Fruit d’une vie de travail et de bohème sage,
J’ai la chance, l’avantage, de pouvoir les remplir,
ces bagages d’amour,
qui vont au fils resté près de sa mère,
au frère resté près de sa sœur,
au chat acariâtre, qui griffe et qui mord,
aux petits-enfants, quand ils viennent,
colombes,
comme après l'arche de Noé.
Quel sens faut-il donner à l’amour ?
Je m’en fiche.

Danton, Robespierre et Marat, vus par Victor Hugo dans Quatrevingt-Treize

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« Moi, si je faisais l'histoire de la Révolution (et je la ferai), note Victor Hugo (1802-1885) en 1854, je dirais tous les crimes des révolutionnaires, seulement je dirais quels sont les vrais coupables, ce sont les crimes de la monarchie ». En 1874, réalisant ainsi son projet, il publie Quatrevingt-treize, son ultime roman. Il y met en scène de façon formidable la « querelle des tonnerres » qui fait de l'année 1793 le moment décisif de la Révolution française. Le passage reproduit ci-dessous intéresse la soirée du 28 juin 1793. Trente-et-un députés Girondins ont été arrêtés le 2 juin déjà. Nous savons que nombre des personnages invoqués dans ce passage, Marat, Danton, Robespierre et tant d'autres, ne seront bientôt plus que des spectres. Marat sera assassiné le 13 juillet 1793, Danton, guillotiné le 5 avril 1794, Robespierre, guillotiné le 27 juillet 1794.

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La vérité sans la maison

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La vérité sans la maison,
voilà qui serait, misère !
l’espace sans la cheminée,
le temps sans l’heure propice,
le bien sans le bonheur,
le beau sans le plaisir,
autant dire le point sans le rouge dans les prairies de Corot !
La vérité sans la maison,
sans la liberté du simple, de l’unique
et de sa propriété,
voilà qui serait misère !

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Danton, Robespierre et Marat, vus par François Ponsard en 1850

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Le 23 mars 1850, François Ponsard, (1814-1867), titulaire d'un prix de l'Académie française pour Lucèce (1843), sa première pièce, dont le style néo-classique tranche avec celui du romantisme flamboyant, fait jouer au Théâtre-Français Charlotte Corday, sa troisième pièce, tragédie en cinq actes et en vers, inspirée de l'Histoire des Girondins (1847) de Lamartine. Le même François Ponsard est élu membre de l'Académie française en 1855.

Edmond Geffroy (1) joue en 1850 dans Charlotte Corday le rôle de Marat ; Louis Thomas Bignon (2), celui de Danton ; Hippolyte Fontaine, dit Fonta (3), celui de Robespierre ; Julie Bernat, dite Mademoiselle Judith, en lieu et place de Mlle Rachel, qui s'est désistée, joue le rôle de Charlotte Corday.

« L'autorité supérieure avait craint que cette évocation des figures révolutionnaires les plus fameuses ne fût de nature à soulever de nouveau des passions que l'on désirait voir amorties. Comme sous le régime précédent, on préludait au rétablissement de la censure dramatique par des mesures administratives, par des examens officieux, par des auditions. spéciales. Telle fut la lecture de Charlotte Corday, qui fut faite par M. Ponsard chez le ministre, M. Ferdinand Barrot. Une réunion nombreuse, composée de hauts fonctionnaires, de représentants, de membres de l'Académie, était convoquée pour établir et donner son appréciation. L'avis général fut que Charlotte Corday était avant tout une œuvre d'art, procédant par de larges développements plus que par des conditions susceptibles de passionner une salle, et qu'en conséquence la représentation pouvait avoir lieu sans danger.

D'ailleurs, l'auteur protesta d'avance contre tout abus que l'esprit de parti serait tenté de faire de son ouvrage. Un prologue dit par Mlle Fix, sous la blanche robe de la Muse de l'Histoire, servit de préface à la tragédie :

" Je pleure, ô Liberté, je pleure tes victimes ; mais les âges passés sont-ils donc purs de crimes ? Vous permettez au drame, introduit chez les rois, de vous montrer Néron, Macbeth et Richard III ; et pourtant leurs forfaits, illustrés par la muse, d'un fanatisme ardent n'avaient pas eu l'excuse. Des hommes bien connus paraîtront devant vous ; Girondins, Montagnards, je les évoque tous. Mais qu'en les écoutant la passion se taise ! Je bannis de mes vers l'allusion mauvaise. Je suis l'impartiale Histoire, et je redis ce qu'ont dit avant moi ceux qui vivaient jadis. Si je reproduis mal les discours et les actes, blâmez ; si j'ai tracé des peintures exactes, ne vous irritez point de ma fidélité. Ma franchise n'est pas une complicité. Fallait-il, pour gagner un facile auditoire, selon ses passions accommoder l'histoire ? Non. Je ferais injure aux différents partis, si je ne leur offrais que des faits travestis. Gardez tous votre foi ; la foi, c'est l'héroïsme. Je ne conseille pas l'impuissant scepticisme. Mais le seul examen fait la solide foi. Si vous osez juger, Français, regardez-moi. " » (1)

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Robespierre vu par Gertrud Kolmar en 1933

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Gertrud Kolmar (1894-1943).

Gertrud Käthe Chodziesner (Berlin, 10 décembre 1894 - 2 mars 1943, Auschwitz), alias Gertrud Kolmar, du nom de la ville natale de son père, Chodzież (Poméranie), Kolmar en allemand, est par sa mère, Elise Schoenflies la cousine de Walter Benjamin. Après avoir étudié le français et l'anglais, elle exerce jusqu'en 1933 le métier d'institutrice auprès d'enfants handicapés. Soumise ensuite au travail forcé dans une usine de cartonnage, elle est déportée et assassinée à Auschwitz en 1943. 450 de ses poèmes ont été sauvés par sa sœur Hilde, à partir de la correspondance échangée entre elles deux. Le cycle dédié à la vie et à la passion de Robespierre comprend 80 poèmes. Dans le cycle dédié en 1933 à La Parole des muets, Gertrud Kolmar parle déjà au nom de Robespierre, des Juifs et des opposants politiques enfermés par les Nazis dans des camps. Dans son Robespierre de 1934, elle emprunte une part de sa documentation sur Robespierre à Albert Mathiez (1874-1932), historien qui a fondé la Société des études robespierristes et qui s'est fait le champion de Robespierre contre Danton.

Dans le poème reproduit ci-dessous, intitulé Le huit Thermidor, Gertrud Kolmar s'inspire du dernier discours de Robespierre, prononcé le 8 thermidor an II (26 juillet 1794) :

robespierre_28_thermidor.jpg

Robespierre à la Société des Jacobins le 8 thermidor an II (26 juillet 1794), Auguste Dutillois, graveur, 1834, d'après Auguste Raffet (1804–1860).

M. Robespierre : « En voyant la multitude des vices que le torrent de la Révolution a roulés pêle-mêle avec les vertus civiques, j'ai tremblé quelquefois d'être souillé aux yeux de la postérité par le voisinage impur de ces hommes pervers qui se mêlaient dans les rangs des défenseurs sincères de l'humanité ; mais la défaite des factions rivales a comme émancipé tous les vices ; ils ont cru qu'il ne s'agissait plus pour eux que de partager la patrie comme un butin, au lieu de la rendre libre et prospère ; et je les remercie de ce que la fureur dont ils sont animés contre tout ce qui s'oppose à leurs projets a tracé la ligne de démarcation entre eux et tous les gens de bien. Mais si les Verres (1) et les Catilina (2) de la France se croient déjà assez avancés dans la carrière du crime pour exposer sur la tribune aux harangues la tête de leur accusateur, j'ai promis aussi naguère de laisser à mes concitoyens un testament redoutable aux oppresseurs du peuple, et je leur lègue dès ce moment l'opprobre et la mort ! Je conçois qu'il est facile à la ligue des tyrans du monde d'accabler un seul homme ; mais je sais aussi quels sont les devoirs d'un homme qui peut mourir en défendant la cause du genre humain... » (3)

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