Hélène Marie Jeanne Rebuffel, comtesse de Portes (1902-1940)

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Ci-dessus, de gauche à droite : Paul Reynaud en 1933 ; Jeanne Anne Henri-Robert, première épouse de Paul Reynaud ; Paul Reynaud et Hélène de Portes, à la fin des années 1930.

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Archives départementales des Bouches du Rhône. Marseille. 24 février 1902. Acte de naissance d’Hélène Marie Jeanne Rebuffel.

Née à Marseille le 24 février 1902, Hélène Marie Jeanne Rebuffel est la fille de Charles Rebuffel et de Jeanne Marie Juliette Sans. Lointain descendant de la famille grenobloise Daru via le mariage de Marie-Thérèse Daru avec André Rebuffel, dont Jean Baptiste Rebuffel ((Cf. Wikipedia : « Jean-Baptiste Rebuffel, né à La Terrasse (Isère) le 10 juin 1738, mort à Paris le 5 avril 1804, est un inspecteur des transports militaires, entrepreneur et homme d’affaires français. Négociant à Marseille, il y participe à la fondation et à la direction du grand théâtre de la ville. Devenu directeur général des droits-réunis à Marseille à la fin de l’Ancien Régime, il est accusé d’enrichissement au détriment du peuple, et est la première cible de la fureur de la foule marseillaise en 1789 peu avant la Révolution française. Il s’installe alors à Paris où il est entrepreneur. Emprisonné sous la Terreur, il devient inspecteur général des transports militaires sous le Directoire, puis redevient négociant et entrepreneur sous le Premier Empire. Il est par ailleurs connu pour sa parenté avec Stendhal qui l’admire et parle de lui dans ses oeuvres. »)), négociant à Marseille, inspecteur général des transports militaires et entrepreneur, Charles Honoré Rebuffel, né le 20 octobre 1861 à Toulon, mort le 6 février 1942 à Paris, est à Marseille un industriel richissime, qui a fait fortune dans les huiles et savons avant de s’imposer dans les travaux publics. Polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées, il est à la fin de sa carrière président de la Société des grands Travaux de Marseille dont il a fait l’un des plus grands groupes du BTP français ((Cf. Alain Chatriot, Danièle Fraboulet, Patrick Fridenson, Hervé Joly. Dictionnaire historique des patrons francais. Editions Flammarion. 2010.)).

Handicapée dans son enfance par une affection de la colonne vertébrale, Hélène Rebuffel souffre pendant longtemps d’avoir à porter un corset de plâtre. Elle se forge par la suite un corps de sportive, qui, assorti d’un coeur chaud et d’un esprit exalté, la rend, dit-on, séduisante.

A Paris, dans les années 1920, André Tardieu, ami de Charles Rebuffel, présente Hélène Rebuffel à Paul Reynaud, alors avocat, né le 15 octobre 1878, marié le 12 février 1912 à Jeanne Anne Henri-Robert ((Jeanne Anne Henri-Robert est la fille de Maître Henri-Robert, avocat et historien, bâtonnier du barreau de Paris, membre de l’Académie française. Enfant naturel, né de père et mère inconnus, baptisé Robert Henri, Maître Henri-Robert passe pour être le fils du duc de Morny.)), père de Colette Reynaud, née le 4 avril 1914. Paul Reynaud et Hélène Rebuffel, frappés d’un coup de foudre l’un pour l’autre, deviennent rapidement amants.

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Ci-dessus : L’Action française. 25 mars 1930. Annonce du mariage d’Henri de Portes et d’Hélène Rebuffel.

Mécontent de cette liaison, Charles Rebuffel tente alors de marier sa fille au plus vite. Il songe d’abord au marquis Emmanuel de Crussol d’Uzès, mais celui-ci préfère épouser Marie Louise Frédérique Jeanne Amélie Béziers, dite plus tard « la sardine qui s’est crue sole », fille d’un négociant en poisson, propriétaire de conserveries, plus riche encore que Charles Rebuffel. Charles Rebuffel marie donc sa fille, en deuxième choix, au très insignifiant comte Henri de Portes, « une particule fauchée », qui héritera de son oncle, en 1930, d’un important domaine en Ariège, et qui gagne à la faveur de son mariage un emploi dans l’une des nombreuses sociétés de son beau-père. Du mariage d’Henri de Portes et d’Hélène Rebuffel, dite plus tard « la Porte à côté », naît le 11 décembre 1932 à Paris Anne Juliette Caroline de Portes, qui épousera le 21 septembre 1957 le comte Guy Bertrand Louis de Vogüé.

Hélène de Portes, qui s’ennuie ferme en province, convainc bientôt son époux de s’installer à Paris. Elle ouvre alors son salon de l’avenue Foch à divers politiciens de droite : André Tardieu, Pierre Etienne Flandin, Pierre Laval, et Paul Reynaud, député du IIe arrondissement de Paris depuis 1828, ministre des Finances d’André Tardieu en 1930, ministre des Colonies de Pierre Laval en 1931-1932. Les deux anciens amants renouent alors avec leur première passion. En 1938, Paul Reynaud et Jeanne Anne Henri-Robert, son épouse, se séparent, et Hélène de Portes s’installe chez Paul Reynaud, 5 place du Palais-Bourbon, en face de l’Assemblée nationale.

Le 1er novembre 1838, Paul Reynaud est nommé ministre des Finances d’Edouard Daladier. Le 3 septembre 1939, conjointement à l’Angleterre, Edouard Daladier déclare la guerre à l’Allemagne et nomme le général Maurice Gamelin, Généralissime ((A noter qu’en droit français, la conduite militaire de la guerre n’appartenait pas alors au général, que l’on pris pour habitude de nommer « généralissime », mais à un comité militaire de la guerre comprenant les commandants en chef des 3 armées (terre, mer, air), comité créé par la loi du 11 juillet 1938, sur l’organisation en temps de guerre.)). Le 21 mars 1940, Paul Reynaud succède à Edouard Daladier au poste de président du Conseil et de ministre des Affaires étrangères.

Dominique Leca, dans La rupture de 1940 ((Dominique Leca. La rupture de 1940, p. 226. Editions Fayard. 1978.)), décrit en la personne d’Hélène Rebuffel, comtesse de Portes, une grande nerveuse, « agitée comme un hanneton dans une lanterne », élégante, raffinée, très cultivée, d’une beauté irritante, le visage enthousiaste, les yeux ardents. C’est une grande bourgeoise, quoique « dévoyée », à la fois très forte et désordonnée, remarquable par le ton décidé et presque agressif de sa voix, et par la vigueur de ses mains, carrées et nerveuses elles aussi.

En 1940, Edward Spears, représentant personnel en France de Winston Churchill, dresse d’Hélène de Portes, dans Témoignage sur une catastrophe ((Edward Spears. Témoignage sur une catastrophe, p. 226. Editions Arthème Fayard. 1978.)), un portrait plus sévère :

« Madame de Portes paraissait à un observateur masculin ordinaire comme absolument dénuée de charmes et même de ce « chic » qu’ont généralement les Parisiennes toujours très « soignées ». Pourtant, elle s’habillait en suivant aveuglément la mode, portant toujours la robe dernier cri, qu’elle lui aille ou pas, à condition qu’elle soit étroite et montre ses formes. Elle avait des jambes et des chevilles ravissantes, mais le teint était jaune. De taille moyenne, ses cheveux noirs, frisés, coiffés court et en hauteur, n’avaient jamais l’air propres. Elle affectionnait le genre de chapeau que les hommes trouvent le plus ridicule : une espèce de soucoupe collée sur le derrière de la tête. Sa bouche était très grande et la voix qui en sortait n’était pas harmonieuse. Son intelligence très vive et une culture assez rare chez les femmes de son milieu auraient dû lui donner de l’assurance et l’ »air du monde ». Au lieu de cela, elle paraissait toujours énervée et peu à son aise. Son désir évident d’être remarquée venait sans doute d’un manque de confiance en soi, mais elle déplaisait souvent parce qu’il était trop évident que les attentions dont elle accablait ne venait pas d’un sentiment de sympathie, mais d’un désir instinctif et visible de critique. Elle « cherchait le défaut » et, à son évidente satisfaction, le trouvait généralement. C’était, comme disent les Français, « une excitée ». Certains lui trouvaient du sex appeal. »

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Les photos manquent pour en attester. On n’en trouve sur le Net qu’une seule, petite et floue. Il existe toutefois un grand portrait d’Hélène de Portes, réalisé dans les années 1930 par le peintre mondain Federico Beltrán Masses ; et aussi, dit-on ((Cf. Histomag 39-45/Forum LE MONDE EN GUERRE. La comtesse s’expose en photo.)), une photo d’Hélène de Portes, posant fièrement devant ce portrait. Mais ce tableau et cette photo demeurent introuvables sur le Net.

Intrépide, dominatrice, Hélène de Portes s’immisce dans tous les domaines, politique, diplomatique, militaire. Son influence est si grande que, certains jours, les collaborateurs de Paul Reynaud se demandent qui, de lui ou d’elle, dirige réellement le pays, perplexité que l’ambassadeur américain relaie le 6 juin 1940 dans un télégramme adressé à Roosevelt : « Reynaud est complètement dominé par sa maîtresse, la comtesse de Portes. Elle dicte la liste des nouveaux ministres et exige la disparition de Daladier. »

On ne jaserait pas autant sur la comtesse de Portes en 1940 si elle n’était pas alors de presque toutes les décisions de Paul Reynaud, qu’elle dicte ou contrarie. C’est là un personnage hors du commun, qui renvoie au souvenir de certaines maîtresses royales.

Patriote, elle fustige le Généralissime Gamelin, à qui elle reproche de ne pas avoir déclenché une offensive au printemps, alors que l’armée allemande était occupée en Pologne. L’attentisme de Gamelin lui est insupportable et elle s’efforcera d’obtenir son renvoi.

Réaliste, Gamelin a cependant de bonnes raisons de ne pas intervenir. L’armée française se trouve, à cette époque, cruellement sous équipée. Il lui aurait fallu 700 à 800 avions pour rivaliser avec l’armée allemande. Or elle ne dispose alors que de 450 avions, et il en va sensiblement de même pour les chars. Seule une guerre défensive demeure objectivement envisageable. Gamelin le sait, qui, dans une lettre datée du 3 décembre 1938 déjà, réclamait à Edouard Daladier, alors président du Conseil, une intensification de l’effort d’armement, observant dans cette lettre que « la France est hors d’état d’attaquer initialement l’Allemagne avec des chances sérieuses de succès » et que « ses prises de position resteront pratiquement sans effet. »

La France paie, en la circonstance, la réduction de tout effort d’armement, effet de l’euphorie du Front populaire, et la surestimation de la ligne Maginot, supposée infranchissable, d’où susceptible de garantir la sécurité du pays. L’ennemi, au dire de l’état-major, n’aurait pu causer dans cette ligne que des hernies seulement, et ces hernies eussent été dangereuses pour l’ennemi à proportion même de leur profondeur !

Pour Léon Blum, président du conseil en 1936, il convenait alors que la France donnât l’exemple ; les autres pays suivraient. De fait, une bonne partie de l’opinion était devenue en 1936 anti-militariste.

Paul Reynaud, « l’homme des vastes projets », se révèle en 1940 faible, indécis et médiocre dans l’action. Parti pour vaincre Hitler, il n’arrivera même pas à se débarrasser de Gamelin ni à faire l’unité de son ministère, où les « mous » et les « durs » s’opposent, chaque camp annulant les efforts de l’autre.

Depuis le début des opérations militaires, il se montre très mécontent de la conduite de la guerre, et il demande le renvoi du général Gamelin qu’il rend responsable de l’état très défavorable des choses. Mais il ne parvient pas à obtenir la majorité au Conseil des ministres.

Le 10 mai 1940, à 6 heures du matin, les forces allemandes pénètrent en Hollande et bombardent à outrance les champs d’aviation française, détruisant une masse énorme de matériel. Du 11 au 13 mai, les Belges doivent reculer sous la pression allemande. Le recul ensuite ne s’arrêtera plus.

Le 14 mai, le combat tourne rapidement au désavantage des Français. Notre 10ème corps d’armée est enfoncé à Sedan. Par la brèche ainsi ouverte dans nos lignes, sept divisions blindées allemandes s’engouffrent en direction de Péronne et Cambrai ; trois autres sont maintenues en réserve. Il n’est pas exagéré de dire que nous avons perdu la guerre ce jour-là.

Le 15 mai, la Hollande capitule. La première armée française, qui s’est portée au secours des Belges, est enfoncée aux abords de Namur. C’est au cours de cette même journée que le Généralissime français se rend compte de l’ampleur du désastre. A 9 heures du soir, il appelle Edouard Daladier, ministre de la Défense, pour lui annoncer qu’une colonne blindée allemande fonce sur Rethel et Laon et qu’il ne dispose d’aucune réserve pour contre-attaquer. Daladier s’écrie, interloqué : « Mais c’est la destruction de l’armée française !? ». Le Généralissime l’admet sans détour et reconnaît qu’il n’a pas préparé de ligne de repli, ni massé de réserves en seconde ligne.

Le lendemain, 16 mai, dés 4 heures du matin, un colonel du grand quartier général, réveille Edouard Herriot, président de l’Assemblée, pour l’informer du désastre, et il lui conseiller de préparer l’évacuation de la Chambre des députés. Suffoqué Edouard Herriot a peine à y croire. Le colonel précise ainsi sa pensée : « L’armée, rongée par le communisme, ne tient plus nulle part. » Le même jour, le général Pierre Héring, gouverneur militaire de Paris, écrit à Paul Reynaud, président du Conseil : « Dans les circonstances actuelles, j’estime prudent de vous suggérer d’ordonner l’évacuation du gouvernement. »

Une panique monstre s’empare dès lors du gouvernement. Les uns clament qu’il faut défendre Paris coûte que coûte, rue par rue, quitte à en faire un champ de ruines, afin de stopper l’armée allemande ; les autres tiennent au contraire qu’il faut déclarer Paris ville ouverte. Ceux-ci finissent par être entendus : en juin 1940, Paris est déclaré ville ouverte ((Le terme de « ville ouverte » désigne, en état de guerre, une ville déclarée rendue sans combat.)).

Dans la précipitation, on organise le repli. On commence par brûler les archives du ministère des Affaires étrangères, de crainte que les Allemands ne s’en emparent. Pendant huit heures, une épaisse fumée noire s’élève de la cour du parc du Palais. Le secrétaire général du ministère préside à l’autodafé en personne. Les marins du ministère de la rue Royale se chargent de descendre les liasses et d’alimenter les bûchers. Nombre de pièces irremplaçables ont été ainsi détruites.

Le gouvernement s’est replié provisoirement à Tours. La situation devient de plus en plus catastrophique. Sur les routes, des millions de réfugiés épuisés cherchent à fuir l’avance allemande. L’armée française est en pleine déroute et les armées ennemies continuent leur progression, que rien ne semble pouvoir arrêter.

Le 11 juin 1940, plusieurs hypothèses sont envisagées. Paul Reynaud expose, entre autres, la préconisation du général de Gaulle, qui vient d’être nommé général de brigade : il importe, selon de Gaulle, de ménager un repli vers la Bretagne afin d’y préparer un « réduit breton », permettant ainsi au gouvernement de s’y retrancher et de garder là un contact plus aisé avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Paul Reynaud paraît convaincu. Il autorise le général de Gaulle à téléphoner au Grand Quartier que le gouvernement partira le lendemain 12 juin pour la petite ville de Quimper en Bretagne. De Gaulle passe le coup de téléphone en question.

Les ministres toutefois n’adhèrent pas au projet ci-dessus et ils protestent contre le principe du départ en Bretagne. La comtesse de Portes n’adhère pas non plus à ce projet, et elle le fait savoir vertement : « Voulez-vous vous ridiculiser ?… Quant à moi, je n’irai pas coucher dans les lits à colonnes des Bretons. Il ferait mieux votre de Gaulle, d’aller contre- attaquer quelque part avec ses chars ». Paul Reynaud alors se ravise et prie de Gaulle de « bien vouloir noter que le gouvernement restera à Tours ». Le général s’incline. Une minute plus tard, il appelle le grand quartier général pour passer un ordre contraire à ses instructions précédentes. On lui répond que le contre-ordre a déjà été donné ! Rapportés au général de Gaule, les propos de la comtesse de Portes lui valent ce jugement cinglant : « C’est une dinde, comme toutes les femmes qui font de la politique. »

Le 15 juin, la situation est de plus en plus désespérée. Les Allemands ont franchi la Loire. Le gouvernent s’est réfugié à Bordeaux. A 17 heures, avant la réunion du Conseil des ministres, le gouvernement britannique fait remettre au président du Conseil un document aussi inattendu qu’insolite, proposant de réaliser la fusion de la France et l’Angleterre en une seule nation , et ce, conformément aux modalités suivantes :

  • 1. La France et la Grande-Bretagne ne constitueront plus désormais deux nations distinctes, mais une seule nation, qui sera « l’Union Franco- Britannique Indissoluble ».
  • 2. La Constitution de cette Union prévoiera des organes communs pour la défense nationale, la politique extérieure, les finances, la politique économique.
  • 3. Tous les citoyens français recevront immédiatement la jouissance de la citoyenneté britannique et tous les citoyens britanniques recevront immédiatement la jouissance de la citoyenneté française.
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      Pendant la réunion du Conseil des ministres, un huissier entrouvre la porte et glisse au président du Conseil un mot de Madame de Portes : « J’espère que vous n’allez pas jouer les Isabeau de Bavière ! » (allusion à cette reine de France qui, par le traité de Troyes, a remis la France au roi Henri V d’Angleterre). Le protocole d’Union avec l’Angleterre n’est par suite pas ratifié. Courroucée d’avoir eu à intervenir, Hélène de Portes dira froidement ensuite à Paul Reynaud, faisant ainsi allusion aux « origines mexicaines » ((Paul Reynaud est né à Barcelonnette dans les Basses-Alpes, mais Alexandre Reynaud, son père, est parti chercher fortune au Mexique de 1857 à 1875.)) de ce dernier : « D’ailleurs mon pauvre Paul, vous n’êtes même pas français et vous ne pouvez donc pas penser en Français. »

      Ce 15 juin 1940, il est 20 heures. Paul Reynaud, épuisé, n’étant plus en mesure de gouverner, remet la démission de son gouvernement au président de la République. Sa fatigue d’alors était si grande qu’après sa démission, il apparaîtra à son entourage comme rajeuni et soulagé.

      Le 28 juin 1940, accompagné d’Hélène de Portes, Paul Reynaud roule en direction de Sainte-Maxime, où il possède une villa et où il pense rejoindre sa mère, âgée de 93 ans, ainsi que Colette Reynaud, sa fille, dont le mari, Robert Dernis, capitaine des chasseurs, a été fait prisonnier. Brusquement, à la sortie de Sète, non loin du pont de Laperade, la voiture heurte un platane. Paul Reynaud s’en tire, au prix de quelques blessures, mais Hélène de Portes est tuée sur le coup. Ainsi a fini tragiquement cette femme, hors normes pour son temps. Agée alors de 38 ans, elle laissait derrière elle Anne Juliette Caroline de Portes, une fillette de 8 ans.

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      Ci-dessus : Le Temps. 1er juillet 1940. Annonce du décès de la comtesse de Portes.

      Après que Jeanne Anne Henri-Robert a obtenu son divorce en appel le 5 février 1949, Paul Reynaud, resté jusqu’alors son époux aux yeux de l’état-civil, épouse en secondes noces, le 29 décembre 1949 à Versailles, Christiane Dolorès Louise Marie, sa secrétaire, dont il a déjà un enfant, Serge Paul-Reynaud, né le 12 novembre 1945, et dont il aura encore deux autres enfants, Evelyne Reynaud, née en 1949, et Alexandre Reynaud, né en 1954.

      Jeanne Anne Henri-Robert fait en 1943 la connaissance de la résistante d’origine juive Gisèle Gonse-Boas. « Elle la prend en charge et la cache à son domicile de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, puis la conduit en zone libre, à Sainte-Maxime, en la cachant dans un wagon-lit. Mais Gisèle Gonse-Boas tombe gravement malade, et Jeanne Reynaud décide alors de la conduire dans une clinique parisienne pour qu’elle puisse être soignée. Après cela, elle la cache à nouveau chez elle, jusqu’au 15 mai 1944, date à laquelle Jeanne Reynaud est arrêtée et incarcérée à Vittel. Jeanne Reynaud est honorée du titre de Juste parmi les nations le 3 décembre 2007, à titre posthume. » ((Wikipedia. Jeanne Henri-Robert.))

      Henri de Portes épouse en secondes noces Suzanne Isabelle Paylo dont il aura un fils, prénommé Hervé.

      Sources
      Henri Amouroux. Le peuple du désastre 1939-1940. Editions Robert Laffont. 1976..
      Hervé Bentéjeat. « Et surtout pas un mot à la Maréchale. » Pétain et ses femmes. Editions Albin Michel. 2014.
      Patrick Girard. Ces Don Juan qui nous gouvernent. Editions Jean-Claude Gawsewitch. 1999.
      Albert Kammer, ambassadeur de France. La vérité sur l’armistice. Editions Médicis-Paris. 1944.

14 réponses sur “Hélène Marie Jeanne Rebuffel, comtesse de Portes (1902-1940)”

  1. Fascinant, je traite un peu de tout ca dans mon livre Heavy Waters et je peut même preciser un peu – en fuyant les allemands leur baggage à trop rempli l’arriere siege et c’etait un valise volant qui a cogne Madame.

  2. Clarification please. It is stated Christiane Mabire bore Reynaud a son in November 1945, yet Reynaud was not released from prison in Austria until 7 May 1945. A rather premature birth?

    1. Bonjour,
      Voici les éléments d’information dont je dispose :

      1. Le 11 mai 1943, Paul Reynaud est transféré au château d’Itter, dans le Tyrol, où il retrouve Daladier, Gamelin et Jouhaux. En juillet [1943], Christiane Mabire, collaboratrice et future femme de Reynaud, le rejoint à Itter. Paul Reynaud est libéré le 7 mai 1945 par les troupes alliées.
      2. Serge Paul Reynaud lui-même, sur le site Geneanet, dit être né le 12 novembre 1945 à Neuilly-sur-Seine, 92200, Hauts-de-Seine.

      Bien cordialement,
      Christine Belcikowski

  3. Helene de Portes parents are listed as Charles Rebuffel, and Juliette Sans, yet the Geneanet website, featuring the Gaud family tree, states that Rebuffel’s wife, and mother of Helene, was Caroline, nee Gaud. Perhaps Charles was married twice?

          1. J’ai consulté les registres d’état-civil de Marseille, et je n’ai pas trouvé de mariage entre Charles Honoré Rebuffel et Caroline Gaud !

  4. Le magazine politique Marianne aurait retrouvé le portrait photographique d’Hélène de Portes par Masses, puisque ce serait cette image qui a été utilisée comme illustration d’un article sur la soi-disante influence de l’égérie de Paul Reynaud durant la débâcle de 1940. Et cette photo apparait aussi dans le portfolio de couverture du dossier de une : « ces hommes de l’ombre qui ont fait (ou défait ) l’Histoire » du numéro double 765-766 du Marianne du 17/12/2011, auquel était intégré cet article.(jpeg à disposition)

    1. Bonjour,
      Je n’ai pu trouver hélas que la minuscule photo de presse reproduite dans mon article. La photo du grand portrait d’Hélène de Portes, réalisé dans les années 1930 par le peintre mondain Federico Beltrán Masses, et aussi celle d’Hélène de Portes, posant fièrement devant ce portrait, demeurent introuvables.
      Bien cordialement,
      Christine Belcikowski

      PS. À moins qu’il ne s’agisse de celle-ci ; mais on n’y voit rien !

      rhelene_portrait.jpg

      Voici le lien relatif à cette image ; mais il n’aboutit à rien :
      https://www.google.com/url?sa=i&url=https%3A%2F%2Fgranger.com%2Fresults.asp%3Ftxtkeys1%3Darmando&psig=AOvVaw21g6t2hyz9ZY25gvxI307B&ust=1618946190862000&source=images&cd=vfe&ved=0CAIQjRxqFwoTCNj5tNeCi_ACFQAAAAAdAAAAABAN

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