Diogène et ses chiens

Assis la nuit
dans sa ruelle obscure,
Diogène, avec son chien,
cherche du regard
l’étoile Sirius,
et voici
que lui apparaît
l’autre chien,
Canis major,
le Chien céleste.

Si les bêtes parlaient…

Entre chiens,
on s’entend
sans paroles
à jouir du tendre poids de plume
qui pèse sur le sommeil
des villes endormies ;
à jouir du parfum trouble
que laissent dans leur pas
les invisibles qui rôdent ;
à jouir de l’eau des songes
qui s’entretient dans l’ombre complice.

Si les bêtes parlaient…
on aurait le colloque des chiens.

Le grand Cervantès l’a fait
dans ses Novelas ejemplares.
Bergance. Voyons s’il n’y a point quelqu’un qui nous puisse entendre.
Scipion. Il n’y a personne, tout dort
Et Scipion et Bergance,
chiens de l’hôpital de la Résurrection de Valladolid,
de traiter de leurs fortunes diverses,
des hommes, qui se disent
institués en raison,
des animaux, qu’on dit
destitués de raison,
de l’envie de ronger un os,
de l’envie de parler,
et de la philosophie,
dont Bergance ne sait pas ce que c’est,
mais dont il cuide seulement
que c’est quelque chose de bon

Le jour venu, Diogène,
toujours flanqué de son chien,
parcourt les rues de la ville,
et, muni d’une lanterne
qu’il brandit sous le nez des passants,
crie :
— Je cherche un homme !
Ἄνθρωπον ζητῶ. ((Diogène Laërce. Vie des hommes illustres. Livre VI. Chapitre II. Diogène. 41.))

Et Scipion et Bergance,
cachés dans l’image,
de rire entre chiens
issus de la même chienne
que leur ami Diogène.
Et si nous continuons sur ce ton, nous serons de véritables Cyniques, et ce nom nous conviendra en tout sens.

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