Des pas de dinosaure

Le cuir du froid aiguise
ce matin
l’odeur des feuilles mortes.
L’enfant, tu t’en souviens,
jouait à ramasser
des feuilles rouges
et à semer
sur le trottoir du cours
des pas de dinosaure.
Que sont les dinosaures devenus ?
Les pages du livre se défont.
Telles les générations des feuilles
et celles des dinosaures,
les générations humaines.

Οἵη περ φύλλων γενεὴ τοίη δὲ καὶ ἀνδρῶν.
Φύλλα τὰ μέν τ᾽ ἄνεμος χαμάδις χέει, ἄλλα δέ θ᾽ ὕλη
τηλεθόωσα φύει, ἔαρος δ᾽ ἐπιγίγνεται ὥρη·
ὣς ἀνδρῶν γενεὴ ἣ μὲν φύει ἣ δ᾽ ἀπολήγει.
« Telles les générations des feuilles,
les générations des hommes.
Tandis que le vent jette les feuilles à terre,
la forêt travaille à en produire d’autres,
et toujours la saison du printemps revient :
ainsi naissent et passent les générations humaines. » ((Homère. Iliade. Chant VI. 146-149.))

Poussée au pied d’un mur,
au bord de la chaussée,
une minuscule pensée
m’a regardée dans les yeux
ce matin, 1er décembre,
rue du Gouverneur Laprade.